Bien des questions après la tentative de putsch en RDC
Sa photo est à la Une de Politico CD : « Christian Malanga, l’homme à la tête de l’assaut raté mené au Palais de la Nation », titre le site d’information congolais.
« Des hommes armés ont envahi hier matin le Palais de la Nation à Kinshasa, relate Politico, après l’attaque de la résidence du vice-Premier ministre, Vital Kamerhe.
Leurs projets se sont vite envolés parce qu’ils ont été très vite neutralisés grâce à une intervention de la Garde républicaine. » À la tête de ces assaillants, Christian Malanga donc, qui a été tué par la Garde.
Politico nous décrit son parcours : exilé politique, installé de longue date aux Etats-Unis, chef d’entreprise, puis retour en RDC, où il effectue son service militaire, il devient officier, puis il revient à la politique avant d’être arrêté et de retourner aux Etats-Unis…
Un parcours plutôt sinueux donc…
Ce qui fait dire au Monde Afrique que « le profil de cet homme et le déroulé de l’attaque interrogent plusieurs observateurs sur d’éventuelles complicités dont aurait pu bénéficier le commando et sur les objectifs réels de ce qui a été qualifié officiellement de “tentative de coup d’Etat“.
»Coup d’État ou coup d’éclat ?
En effet, « coup d’État ou coup d’éclat ? » , se demande Afrikarabia.
Pour le site spécialisé sur la RDC cette « attaque du Palais de la Nation pose de nombreuses questions.
Tout d’abord sur la stratégie des assaillants, qui semblait vouée à l’échec. La petite cinquantaine d’hommes n’a pas vraiment ciblé des sites stratégiques comme la télévision nationale, l’aéroport, ou les camps militaires de la capitale, mais plutôt des symboles du pouvoir comme la résidence de Vital Kamerhe ou le Palais de la Nation.
Sans doute, espéraient-ils rallier d’autres militaires frustrés par leurs conditions de vie ?
Visiblement, pointe Afrikarabia, l’attaque ne semblait pas coordonnée avec d’autres éléments armés qui aurait pu amplifier l’occupation du Palais de la Nation.
Le groupe de putschistes n’a pas vraiment mis toutes les chances de son côté pour atteindre ses objectifs. Ensuite, relève encore le site, l’attaque d’hier révèle d’importantes failles sécuritaires, même si le pouvoir n’a pas vacillé.
Comment sont-ils entrés dans le pays ?
Comment les assaillants ont-ils pu se rendre aussi facilement au Palais de la Nation ? Les services de renseignements civils et militaires, ainsi que la direction générale des migrations ont clairement montré des défaillances. »« Foultitude » d’interrogations…
Le Pays au Burkina Faso s’interroge également : « Vital Kamerhe était-il la seule cible du commando ?
Si oui, cela est-il en lien avec ses ambitions politiques et sa probable future ascension fulgurante ?
Si l’hypothèse de la tentative du coup d’État telle que l’avance l’armée, est avérée, pourquoi le commando n’a-t-il pas visité la résidence du président Félix Tshisekedi et s’est contenté du Palais de la Nation que tous savent inhabité ?
Autant de questions que l’on peut se poser et dont les réponses viendront éclaircir le mystère de cet assaut. »
« Trois morts et une foultitude de questions », renchérit L’Observateur Paalga, toujours à Ouaga.
« Quelle mouche a bien pu piquer ce Congolais de la diaspora (…) ?
Combien de mercenaires américains a-t-il embarqué dans son entreprise suicidaire ?
Quelles autres motivations, en plus de la nostalgie de l’ère Mobutu, ont poussé les conspirateurs à tenter de renverser les institutions républicaines de la RDC ?
Comment les assaillants ont-ils pu introduire des armes jusqu’au cœur de la capitale et s’emparer si facilement du siège de la présidence ?
Cette tentative de putsch n’est-elle pas la preuve d’une fragilité de la sûreté d’État ?
»Vers un durcissement du pouvoir ?
En tout cas, conclut Afrikarabia, « cette attaque ne restera pas sans conséquences. Sécuritaires tout d’abord.
Dans les services de renseignements, mais aussi dans l’armée. Le ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba, candidat à sa propre succession dans le nouveau gouvernement à venir, est sur la sellette.
Mais surtout, l’assaut du Palais de la Nation risque de durcir davantage un pouvoir en proie à une guerre à l’Est dont il n’arrive pas à venir à bout, et une crise politique dans sa propre majorité, qui n’arrive pas à s’accorder pour se partager les postes à l’Assemblée et au gouvernement. »
SOURCE RFI