Assainissement de l’administration: « il y aura forcément de la résistance et du sabotage ! ».
Le communiqué du premier Conseil des ministres du gouvernement Ousmane Sonko nous annonce que l’ère est aux changements de paradigmes pour une meilleure administration publique et une complémentarité conséquente entre les secteurs public et privé. Sans doute que le gouvernement saura dresser des garde-fous avant d’entamer le nécessaire assainissement de l’administration. Un chantier tellement rocailleux qu’il pourrait user à lui seul éreinter ce gouvernement.
A coup sûr, il y aura de la résistance et du sabotage car, dans de nombreuses directions et d’innombrables services centraux les privilèges sont jalousement gérés et les pratiques véreuses largement ramifiées.
En effet, le président de la République et son Premier ministre ont beau être aguerris dans l’adversité, c’est-à-dire dans l’opposition, il leur faudra déployer davantage d’efforts encore, de combativité et de détermination, d’endurance aussi pour réussir l’aggiornamento de l’administration.
La sensibilité de certaines questions est de nature à faire réfléchir et prendre inéluctablement du recul pour mieux affronter les acteurs concernés..
Comment faire admettre aux agents de l’administration fiscale et domaniale, de même qu’à leurs collègues des autres régies financières, que leurs super privilèges, intitulés fonds communs, induisent un déséquilibre de la masse salariale de la fonction publique ?
On nous objectera que les dits fonds ne sont qu’une motivation pour des agents qui sont en tête de pont dans la bataille pour la collecte des recettes budgétaires. Si nous leur concédons ce mérite, il n’en demeure pas moins nécessaire de repenser les critères d’attribution de ces fameux fonds communs pour mettre fin à la frustration de certaines catégories professionnelles notamment au sein de la Direction générale des impôts et domaines d’où proviennent justement le président de la République et son Premier ministre.
La frustration qui découle de la non-perception de ces fonds communs a dangereusement démotivé nombre d’agents dans l’administration publique.
Comment ramener à de justes proportions, c’est-à-dire réduire la masse salariale de la Fonction publique, qui reste et de très loin le premier poste de dépenses de l’Etat et qui obère l’essentiel des recettes de celui-ci ?
Qui osera dire, sans peur, à certains agents domaniaux indélicats qu’ils en ont trop fait au point de provoquer ici et là à travers le territoire national des manifestations de protestation ?La spoliation foncière en milieu rural et l’usurpation des espaces urbains constituent une source d’enrichissement illicite qu’il faut sanctionner autant que les détournements de deniers publics et l’usage abusif des biens sociaux.
Par quel bout saisir le sabre à double tranchant du système judiciaire affecté par un manque de confiance des justiciables ?
La réforme de ce système doit être envisagée à partir d’un certain nombre de termes de références qui transcendent les aspirations carriéristes et le clivage des institutions. Tout dépendra bien entendu de la volonté et de l’intégrité des acteurs de la justice.
Pour l’ensemble des problématiques ci-dessus mentionnées, le gouvernement doit apporter des solutions fiables et judicieusement élaborées avec le concours du secteur privé.
Pourvu aussi que les opérateurs du privé comprennent parfaitement les enjeux et se départissent d’une certaine propension à exiger la préférence nationale sans avoir les capacités financières et techniques requises pour soumissionner aux marchés publics.
Sans doute que le gouvernement saura créer un cadre approprié, favorable aux joint-ventures qui permettront ainsi aux opérateurs privés nationaux de gagner des parts de marché et contribuer à la résorption du chômage.
Le chantier n’est pas de tout repos et le gouvernement doit se convaincre que l’audace ne suffira pas pour venir à bout des organisations mafieuses conservatrices.La remise en ordre de tous les segments de l’administration publique se fera au prix du sacrifice des intérêts particuliers entretenus au préjudice de la communauté nationale
Le Témoin