Suppression du ministère de la Femme : Plus de 600 personnalités réclament réparation
Corriger la représentation des femmes dans le nouveau gouvernement et rétablir la dénomination du ministère de la Femme sont, entre autres, les revendications de plus de 600 personnalités indépendantes et 44 organisations, qui ont rendu publique dans ce sens une déclaration.
Par Mamadou T. DIATTA – L’absence de réaction des nouvelles autorités face à la faible représentation des femmes dans le nouveau gouvernement du Président Bassirou Diomaye Faye est loin de décourager les féministes et leurs alliés dans leur combat. Aussi, plus de 600 personnalités indépendantes et 44 organisations, regroupée autour du Collectif des citoyens (es) pour le respect et la préservation des droits des femmes, ne se sont pas fait prier pour publier, hier, une déclaration.
En plus de la faible représentativité des femmes, les signataires du texte contestant cet état de fait restent «circonspects sur le remplacement du ministère de la Femme, de la famille et de la protection des enfants par le ministère de la Famille et des solidarités». Ce qui les amène à estimer que «cette appellation est une véritable régression».
«L’emphase portée sur les femmes et les enfants soulignait précisément l’urgence d’élaborer des politiques publiques destinées à mettre fin aux inégalités de genre (économiques, éducatives, sanitaires, politiques, foncières, etc.) et à améliorer les conditions de vie de celles qui demeurent encore les plus vulnérables à la pauvreté et à la violence, et sur qui repose toujours la charge du soin des plus petits et des plus âgés.»
Les auteurs de la déclaration réclament la rectification de «cette erreur de départ par la nomination de femmes dans les directions nationales et les instances administratives.
De surcroît, nous demandons le renforcement des cellules genre déjà présentes au niveau des différents ministères pour une mise en œuvre transversale de la Stratégie nationale d’équité et d’égalité de genre (Sneeg) en collaboration avec la Direction de l’équité et l’égalité de genre (Deeg) et le Programme d’appui à la stratégie d’équité et d’égalité de genre (pasneeg)».
Dans ce document, les auteurs alertent les nouveaux dirigeants «sur la nécessité d’une gouvernance démocratique inclusive avec une représentativité substantielle des femmes aux sphères de décisions publiques». «La liste des membres du premier gouvernement, parue ce 5 avril 2024, laisse très peu de place aux femmes.
Sur 25 ministres, 5 secrétaires d’Etat et 4 membres du cabinet du chef de l’Etat, soit 34 postes, seules quatre femmes sont présentes. Cette inqualifiable sous-représentation induit une perte intolérable d’intelligences et de visions que seuls le pluralisme et l’inclusion permettent de garantir. Il n’y a aucun secteur dans lequel on ne trouve des femmes qui allient compétence, expérience et dévouement de premier ordre», font comprendre les auteurs de la déclaration.
Ces derniers jugent «plus regrettable cette disposition» en ce sens que «c’est le Sénégal qui, dès 2004, a proposé à la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, l’adoption d’une Déclaration solennelle pour l’égalité de genre en Afrique, posant ainsi les jalons vers une Commission de l’Union africaine (Cua) paritaire pour ne citer que cet exemple». De plus, l’article 7 de notre Constitution dispose : «Les hommes et les femmes sont égaux en droit.
La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonctions.» «Poursuivre, intensifier et accélérer les efforts pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes à tous les niveaux», c’est ce à quoi l’Etat du Sénégal s’était engagé dans le cadre de la Déclaration solennelle pour l’égalité de genre en Afrique (Dsega) et c’est ce à quoi nous invitons le nouveau gouvernement qui définit son projet de société comme panafricain», plaident les signataires de la déclaration.
Avant de conclure : «Dans notre volonté de veiller à ce que ce nouveau gouvernement, celui de tous les Sénégalais et Sénégalaises, remplisse ses missions de rupture pour plus de gouvernance démocratique, de justice sociale, d’équité, nous continuerons d’alerter et de faire des propositions constructives sur le besoin d’inclusion des femmes et de représentation égalitaire.»