Australie: vent d’inquiétude de la presse vis-à-vis de Meta

En Australie, plusieurs éditeurs de presse et certains politiciens craignent que Meta, le groupe qui contrôle Facebook et Instagram, fasse purement et simplement disparaître les contenus d’actualité de ses réseaux sociaux. Cette crainte est-elle fondée, et comment s’explique-t-elle ? 

De notre correspondant à Sydney,

Cette crainte est parfaitement fondée, puisque depuis août 2023 au Canada, les actualités produites par des médias canadiens ont totalement disparu de Facebook et d’Instagram. Et pourquoi ? Eh bien parce que comme en Australie, le Canada a adopté l’an dernier une loi visant à contraindre les GAFA à reverser une partie de leurs revenus publicitaires aux éditeurs de presse… l’idée étant que ces contenus génèrent du trafic sur les réseaux sociaux, et donc des revenus, et ce, alors que ces mêmes Gafa ne contribuent pas du tout à la production de ces contenus.  

En Australie, cette loi a été votée en 2021 et il y a trois ans, Facebook avait accepté, à contrecœur, de signer des accords de rémunération avec la plupart des médias australiens. Mais le mois dernier, Meta a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de les renouveler.  

Dans cette hypothèse, la loi prévoit que le gouvernement australien peut contraindre les plateformes à négocier, et le processus a été enclenché par le Premier ministre Anthony Albanese. 

Sauf que si Meta décide unilatéralement d’empêcher la publication sur ses réseaux de contenus d’actualité, cela lui fournit un argument imparable : pourquoi reverser une partie de ses revenus publicitaires aux éditeurs de presse si leurs contenus sont absents de ses plateformes ?

Lourdes conséquences pour la presse australienne

Cette disparition des contenus d’actualité de Facebook et le non-renouvellement des accords pourrait avoir de lourdes conséquences pour la presse australienne puisque pour certains médias, une part conséquente des internautes consultant leurs sites internet y arrivent parce qu’ils ont cliqué sur un lien qu’ils ont vu sur Facebook ou Instagram, donc si demain leurs articles n’apparaissent plus sur ces plateformes, le trafic sur leur site va chuter drastiquement.

C’est pourquoi certains éditeurs, à commencer par le plus important d’entre eux en Australie, News Corp, voudraient que la loi soit modifiée pour contraindre ces plateformes à publier leurs contenus. 

Pour ce qui est des accords de rémunération signés il y a trois ans, leurs montants sont restés confidentiels, mais on estime qu’ils représentent une manne de plus d’une centaine de millions d’euros, grâce à laquelle certains médias ont pu embaucher des dizaines de journalistes supplémentaires, d’ouvrir des bureaux régionaux, ce qui est crucial dans un pays aussi grand que l’Australie, ou encore d’allouer des moyens supplémentaires à ce qui coûte le plus cher en matière de journalisme : l’investigation.  

C’est donc rien moins que la liberté de la presse qui est menacée par Meta en Australie et avec elle, l’un des piliers de toute société démocratique.  

Par :Grégory Plesse

RFI

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