Au Brésil, Emmanuel Macron et Lula da Silva affichent leur complicité, malgré quelques divergences sur l’Ukraine
En visite au Brésil pendant deux jours et demi avant de repartir pour la France jeudi 28 mars, Emmanuel Macron n’a pratiquement pas quitté son homologue brésilien Lula. Il a affirmé leur amitié ainsi que leur volonté de travailler ensemble sur la scène internationale, malgré certains écarts d’opinion sur la guerre en l’Ukraine.
Par : RFI avec AFP
Sur chaque image, les deux chefs d’État sont bras dessus, bras dessous, main dans la main, ou un grand sourire aux lèvres. Jeudi 28 mars, les deux présidents français et brésiliens ont affiché leur entente sur les grands enjeux internationaux, sujet du dernier jour de visite d’Emmanuel Macron, après avoir abordé les questions de partenariat de défense, puis de problématiques économiques mercredi.
L’accueil a été à la fois solennel et chaleureux au palais présidentiel de Brasilia jeudi. La visite d’État de trois jours d’Emmanuel Macron chez le géant latino-américain, première visite en Amérique latine depuis 2017, s’est conclue en actant le partenariat tous azimuts et « l’intimité diplomatique » entre les deux pays, selon l’expression employée mercredi à Sao Paulo par le président français.
Lors d’une conférence de presse, le président français a célébré « l’esprit de résistance » et félicité son hôte pour avoir « restauré la démocratie », notamment après l’assaut mené sur le lieu présidentiel par une foule de partisans d’extrême-droite furieux après la défaite de Jair Bolsonaro face à Lula, en janvier 2023.
Présidence brésilienne au G20
Le chef d’État brésilien a vu dans la relation Brésil-France un « pont entre le Sud global et le monde développé », tandis que son homologue français a salué son action. Il a également apporté son soutien à la présidence brésilienne du G20, notamment sur une réforme de la gouvernance globale et une taxation des plus riches, deux thèmes chers à l’icône de la gauche.
Aussi, les deux dirigeants n’ont pas hésité à minimiser leurs divergences de points de vue sur la guerre en Ukraine. Mais l’heure de vérité viendra lors du sommet des chefs d’État du G20 en novembre à Rio de Janeiro, au moment où les guerres en Ukraine et à Gaza mettent au défi le multilatéralisme.
Le sujet de l’Ukraine rapidement abordé
Les Occidentaux soutiennent Kiev à bout de bras, alors que Lula s’est démarqué par le passé en jugeant les responsabilités partagées en Ukraine, et a refusé d’isoler la Russie. Irait-il cependant jusqu’à inviter le président russe Vladimir Poutine au prochain sommet des pays les plus industrialisés ?
« Le sens de ce club, c’est qu’il faut que ce soit consensuel avec les 19 autres, ce sera le travail de la diplomatie brésilienne », a glissé Emmanuel Macron lors de la conférence de presse. « S’il y a un rendez-vous qui peut être utile, il faut le faire. Si c’est un rendez-vous qui n’est pas utile et qui crée de la division, il ne faut pas le faire », a-t-il précisé. Il faut être « au service de la paix et de l’intérêt commun », a-t-il insisté.
De son côté, Lula a seulement relevé qu’il faut accepter la « diversité » au sein d’organisations comme le G20, sans s’avancer davantage. Il a aussi estimé que « les deux têtus vont devoir s’entendre », en référence à Vladimir Poutine et au président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Si ce dernier a redit sans détours que le sort de l’Ukraine n’est pas la priorité du Brésil, la situation au Venezuela voisin le touche bien davantage. Sur ce sujet, les dirigeants français et brésilien ont été à l’unisson, condamnant l’exclusion de l’opposante Corina Yoris de la présidentielle de juillet prochain. « Nous condamnons très fermement l’exclusion d’une candidate sérieuse et crédible de ce processus », a déclaré Emmanuel Macron. Lula a jugé « grave » sa mise hors-jeu face au président Nicolas Maduro, au pouvoir depuis onze ans.
« Bromance » sur les réseaux sociaux
Protection de l’Amazonie, coopération dans la fabrication de sous-marins, économie : Emmanuel Macron et Lula se sont employés durant trois jours à mettre en avant un partenariat très large. À grand renfort de sourires, de gestes chaleureux et de poignées de mains, les deux présidents ont ajouté à cette visite une dimension personnelle, pour le plus grand bonheur des internautes brésiliens.
Plusieurs images, la plupart publiées sur les comptes officiels de Lula sur les réseaux sociaux, ont été largement diffusées sur internet avec des montages ou des commentaires humoristiques mettant en avant la « bromance » entre les deux dirigeants.
« Certains ont comparé les images de ma visite au Brésil à celles d’un mariage, je leur dis : c’en était un ! La France aime le Brésil et le Brésil aime la France ! », a assumé Emmanuel Macron sur X à l’heure de son départ, accompagnant sa publication d’une capture d’écran d’un photomontage qui remplace les acteurs Emma Stone et Ryan Gosling sur l’affiche du film romantique « Lalaland », par les deux chefs d’État marchant main dans la main dans la forêt amazonienne.