Gowon, l’ancien putschiste, tend la main aux juntes du Mali, du Burkina et du Niger

Si le Nigeria est considéré comme le Père Fouettard de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), notamment depuis l’accession au pouvoir de Bola Tinubu et son intransigeance musclée envers le Niger, des voix discordantes s’expriment à Abuja. Celle d’un ancien chef d’État vient ainsi de se faire entendre, quelques jours avant l’ouverture d’un sommet extraordinaire prévu le 24 février dans la capitale nigériane, une réunion qui sera marquée par les conséquences de l’annonce du retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO.

C’est lors d’une réunion publique, ce 21 février, que le général Yakubu Gowon a exhorté les dirigeants ouest-africains à envisager la « levée de toutes les sanctions imposées au Burkina Faso, à la Guinée, au Mali et au Niger ». Lesdites sanctions, notamment économiques et financières, sont toujours en vigueur au Niger.

Père fondateur de la Cedeao

Les mauvaises langues rétorqueront que l’homme de Kanke est âgé de 89 ans, qu’il n’est plus président depuis près de 50 ans et que sa position ressemble à un sursaut de solidarité corporatiste entre putschistes. Les quatre pays ouest-africains dont Gowon se fait l’avocat sont dirigés par des juntes quand lui-même accéda au pouvoir par un coup d’État, en 1966, avant d’être renversé en 1975 par Murtala Muhammed. Mais le général pourrait être écouté grâce à son statut de père fondateur de l’organisation régionale, en mai 1975, notamment aux côtés du Togolais Gnassingbé Eyadéma avec qui il ébaucha, dès 1972, une zone d’intégration économique régionale.

«Plus jamais»

Pour témoigner d’une position médiane, l’ancien président nigérian adresse également une requête aux régimes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, tous les trois membres fondateurs de la Cedeao, mais suspendus depuis leurs entorses constitutionnelles. « S’il vous plaît, s’il vous plaît, rejoignez, revenez », a-t-il lancé en direction des trois pays sahéliens, se désolant de la menace de « désunion » après leur annonce de retrait de la Communauté.

Pas sûr que le général octogénaire soit entendu du côté de Bamako, Ouagadougou ou Niamey. Les trois pays fondateurs de l’Alliance des États du Sahel (AES) revendiquent le retrait de la CEDEAO comme « sans délai », « très bien réfléchi » et « sans retour ». Fin janvier, le capitaine Ibrahim Traoré l’affirmait en souriant : « Plus jamais de CEDEAO, non c’est fini. »

SOURCE MSN.COM

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