La menace d’un attentat plane au-dessus des JO de Paris
Qu’est-ce que le groupe terroriste EI-K? – Sept personnes ont été interpellées jeudi lors de 14 perquisitions menées dans plusieurs villes du pays et liées à une enquête pour terrorisme. Elles sont soupçonnées d’avoir préparé un attentat. Les suspects semblent venir d’Asie centrale et pourraient appartenir au groupe terroriste État islamique au Khorassan, une branche de l’EI qui opère principalement en Afghanistan. Mais qu’est-ce que l’EI-K exactement? L’analyse de Guy Van Vlierden journaliste spécialiste du terrorisme à Het Laatste Nieuws.
L’État islamique au Khorassan est une branche régionale du groupe terroriste État islamique, fondée en 2015. Khorassan est le nom historique d’une région qui comprend des parties de l’Iran actuel (dont une province porte encore ce nom aujourd’hui), du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, du Kirghizistan, du Tadjikistan et de l’Afghanistan. Le centre de gravité de cette branche de l’EI se trouve d’ailleurs en Afghanistan, où elle est en concurrence avec les talibans affiliés à son grand rival Al-Qaida.
Depuis que les talibans ont repris le pouvoir en 2021, l’EI-K a sérieusement régressé au pays. Cette année-là, l’EI-K commet un attentat particulièrement sanglant à l’aéroport de Kaboul, qui coûté la vie à 169 Afghans ainsi qu’à 13 soldats américains.
Les regards tournés vers l’étranger
Si entre août 2018 et août 2019, 400 actes terroristes lui sont imputés, ce chiffre chute à 69 entre août 2022 et août de l’année dernière. Une baisse couplée à une autre stratégie tournée vers l’étranger notamment pour le recrutement. Le groupe commence à diffuser sa propagande dans une dizaine de langues et lance un magazine en anglais, “Voice of Khurasan”, il y a deux ans.
L’EI-K étend d’abord son champ d’action aux pays voisins, avec des attaques au Pakistan, en Ouzbékistan et au Tadjikistan. Il se tourne ensuite vers l’Iran, où il tue 94 personnes lors d’un double attentat-suicide à Kerman, le 3 janvier dernier. Si l’attentat de Krasnogorsk, près de Moscou, n’a pas été explicitement revendiqué par une organisation affiliée spécifique, l’origine des auteurs ne laisse planer que peu de doutes. Tous les quatre seraient originaires du Tadjikistan, principal terrain de recrutement de l’EI-K.
Lorsque la police allemande arrête quatre Tadjiks en avril 2020 pour des complots terroristes contre des bases militaires, il s’avère que les ordres sont transmis depuis la Syrie. Les suspects sont également en contact avec un haut responsable de l’EI en Afghanistan. Lorsque des attentats contre la cathédrale de Cologne et une cathédrale de Vienne sont déjoués à la fin de l’année dernière, les autorités ciblent l’EI-K à l’heure d’établir les origines des complots.
“La seule branche capable de lancer une attaque majeure”
“L’EI-K est peut-être la seule branche de l’État islamique qui soit actuellement capable de lancer une attaque majeure et coordonnée en Occident”, déclarait à l’époque Peter Neumann, spécialiste du terrorisme au King’s College de Londres.
Un rapport consacré à l’EI-K et élaboré par l’United States Institute of Peace (l’Institut américain pour la paix) en juin dernier pointe la double motivation d’une telle attaque en Occident: remettre l’EI sur la carte en tant que leader du djihad mondial et, en raison de ses origines afghanes, blâmer les talibans.
“L’État islamique tente depuis cinq ans de rétablir une structure pour des attaques étrangères majeures”, assure l’un des auteurs de ce rapport, l’expert danois du djihad Tore Refslund Hamming. “Et cela semble avoir réussi”. L’expert est convaincu que l’Europe occidentale demeure dans le collimateur. “Un événement sur lequel ils vont concentrer tous leurs efforts, c’est les JO de Paris”, affirme-t-il.
La presse française a également fait référence aux JO lorsque le gouvernement a relevé le niveau de menace, en mars dernier. Depuis janvier, le niveau de menace se situait au deuxième des trois niveaux, mais il est désormais au maximum. En Belgique, il y a quatre niveaux, le deuxième étant d’application depuis l’attaque contre deux supporters suédois en octobre dernier.