Antony Blinken au Brésil
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé au Brésil pour le G20 diplomatique. Mais sur place, c’est la crise entre le Brésil et Israël qui fait la Une de l’actualité, autour de propos polémiques tenus par le président Lula en marge de la guerre à Gaza.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé au Brésil pour le G20 diplomatique. Mais sur place, c’est la crise entre le Brésil et Israël qui fait la Une de l’actualité, autour de propos polémiques tenus par le président Lula en marge de la guerre à Gaza.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit rencontrer Lula, mercredi 21 février, à Brasilia pour sa première visite au Brésil, quelques jours après les propos polémiques du président brésilien comparant la guerre à Gaza à la Shoah. Le secrétaire d’État, qui se rendra également en Argentine lors de cette tournée sud-américaine, est arrivé en début de soirée mardi dans la capitale brésilienne, où il aura dans la matinée un entretien qui s’annonce animé avec le président Luiz Inacio Lula da Silva.
Depuis que Lula a comparé la mort de civils à Gaza aux victimes du nazisme, la querelle diplomatique entre Tel Aviv et Brasilia n’a cessé de s’amplifier, pointe notre correspondant à São Paulo, Martin Bernard. Les deux pays ont engagé un bras de fer. Israël a convoqué l’ambassadeur brésilien et le Brésil a pris la même mesure à l’égard de l’ambassadeur israélien, tout en rappelant son propre représentant pour consultations. Lula a été déclaré lundi persona non grata par le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, qui a vu dans les propos de Lula « une attaque antisémite grave contre le peuple juif et l’État d’Israël ».
Mardi, les présidents de la Colombie et de la Bolivie, deux pays voisins du Brésil, ont exprimé leur soutien à Lula, accusant à leur tour Israël de « génocide ». « À Gaza, il y a un génocide […]. Lula n’a fait que dire la vérité. Soit la vérité est défendue, soit la barbarie nous anéantira », a déclaré le président colombien Gustavo Petro sur X. Son homologue bolivien Luis Arce a de son côté félicité le dirigeant brésilien « pour avoir dit la vérité sur le génocide commis contre le vaillant peuple palestinien ».
Depuis, le ton est encore monté d’un cran et le ministre israélien des Affaires étrangères Daniel Katz a affirmé que cette comparaison était « délirante, comme si l’on crachait au visage des juifs brésiliens ». Son homologue lui a vertement répliqué. Mauro Vieira assure que Tel Aviv veut établir un écran de fumée pour dissimuler, dit-il, « le réel problème que constitue le massacre en cours à Gaza ».
Un réchauffement des relations américano-brésiliennes, mais des points de tension
Des responsables américains avaient dit, vendredi, s’attendre à une « conversation dynamique » entre Antony Blinken et le chef d’État brésilien. La relation entre les États-Unis et la première économie d’Amérique latine s’est nettement réchauffée depuis le retour au pouvoir de Lula en 2023, qui a succédé au président d’extrême droite Jair Bolsonaro, proche de Donald Trump. Le président de gauche, 78 ans, s’est, lui, déjà rendu à Washington pour rencontrer le président démocrate Joe Biden.
Les deux dirigeants partagent de mêmes ambitions de lutte contre le réchauffement climatique, de défense des droits du travail et des valeurs démocratiques, mais de nombreux autres points les séparent. À commencer par l’Ukraine. Lula s’oppose à la politique d’isolement de la Russie adoptée par Washington depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, estimant que le président ukrainien Volodymyr Zelensky et les puissances occidentales ont une part de responsabilité dans la guerre. L’autre grand sujet de contentieux est le Venezuela : le président Lula est resté silencieux, contrairement aux Américains, face au refus du président vénézuélien Nicolas Maduro d’autoriser les candidats de l’opposition à se présenter aux élections.
Les propos ont provoqué des réactions au Brésil même. Le sénateur brésilien Jacques Wagner, un vieux compagnon de route de Lula, lui a reproché d’avoir fait allusion à l’Holocauste. Quant au président du Congrès brésilien, Rodrigo Pacheco, il lui suggère tout bonnement de retirer ses propos, mais cela paraît de moins en moins probable.
(Et avec AFP)