Concession de Dakarnave : Ousmane Wane plaide pour la poursuite du partenariat

Le contrat de concession des chantiers navals de Dakar arrive à terme cette année, et son renouvellement pose problème, comme Le Quotidien en avait parlé dans son édition du 3 février dernier. En réponse à la sortie de certains membres de la direction de la Sirn, la société de patrimoine, qui étalaient leurs griefs face à la concession, la direction de Dakarnave, en la personne de M. Ousmane Wane, Directeur conseiller, a décidé de réaffirmer, à travers Le Quotidien, sa volonté de poursuivre le partenariat, tout en réfutant certaines allégations.

Le contrat de concession qui lie Dakarnave à la Sirn arrive bientôt à terme, et les pouvoirs publics semblent être dans une logique de lancer un appel d’offres international ouvert. Selon vous, pourquoi la Sirn n’a pas négocié auparavant avec vous d’une éventuelle reconduction ?
Le contrat de concession signé en 1999, pour une durée de 25 ans, arrive effectivement à expiration en juin 2024. Nous pouvons affirmer qu’aujourd’hui, les chantiers navals de Dakar sont une référence dans l’Afrique de l’Ouest grâce au travail mené par Dakarnave, qui a su gagner la confiance de grandes compagnies maritimes et qui a su développer la réparation navale à Dakar.
Pour le futur, le Groupe Lisnave, auquel est rattaché Dakarnave, a déjà manifesté par courrier à l’Etat du Sénégal son intérêt dans la continuation d’un partenariat pour le développement des chantiers navals de Dakar. Auparavant Lisnave avait déjà exprimé aux autorités sénégalaises dont la Sirn (Société des infrastructures de réparation navale), sa volonté de renouveler la concession en redéfinissant, en accord avec les différentes parties, de nouvelles conditions.

Vous semblez contester le rapport d’audit commandité par le concédant.
L’auditeur vous avait-il contacté au cours de son enquête ? Avez-vous eu l’occasion de lire le rapport avant sa publication ?
Concernant l’audit diligenté par la Sirn, il est très loin d’être impartial car les résultats publiés n’ont fait l’objet d’aucune communication auprès de nos services pour amendements, et les chiffres fournis sont très loin de la réalité, comme cela a été démontré dans notre document de contestation du rapport provisoire d’audit. Il faut préciser que durant cet audit, Dakar­nave a montré toute sa disponibilité en fournissant une grande quantité de documents et d’informations internes plus que nécessaires pour les besoins d’une évaluation.

Vous dites avoir fait gagner plus de 12 milliards à l’Etat alors que le rapport de la Sirn déclare que l’Etat a débloqué plus de 16 milliards pour assurer la maintenance de l’outil de production là où Dakar­nave n’aurait apporté qu’un peu plus d’1 milliard. Comment expliquez-vous la contradiction ?
Il faut d’abord préciser que le montant de 16.5 milliards évoqué par la Sirn a été mis à disposition sous forme de prêt investi par l’Etat du Sénégal et a été entièrement remboursé par Dakarnave sous forme de redevances. En revanche, cet audit n’a pas pris en compte les investissements de plus de 11 milliards de francs Cfa réalisés par Dakarnave sur ses fonds propres pour la réhabilitation continue du patrimoine concédé de la Sirn sur la période 1999-2023, sans compter les autres investissements liés à l’exploitation des chantiers navals pour plus de 5 milliards de francs Cfa.

Concernant les immeubles occupés par le personnel de Dakarnave, seriez-vous disposés à revoir leur prix de location ?
Il faut comprendre que les chantiers navals de Dakar travaillent 24h/24, 7 jours par semaine. Les 2 immeubles partiellement occupés par des cadres sénégalais de Dakarnave, et qui font partie intégrante des conditions initiales de mise en œuvre de la concession, existent pour permettre un accès rapide au chantier à ce personnel pouvant intervenir sur site à n’importe quelle heure de la journée et de la nuit. La proximité avec le chantier est essentielle.

La question de la valeur et du prix d’utilisation pourrait effectivement être étudiée dans le contexte de nouvelles conditions du renouvellement du contrat de concession.

Vous dites avoir créé des emplois pérennes. A combien s’élève le personnel de Dakar­nave ? Et quel est le nombre de Sénégalais ? Combien de cadres dans ce taux ?
Le nombre total du personnel de Dakarnave, en tenant compte du personnel permanent, des temporaires, des prestataires et des sous-traitants, a dépassé les 1300 travailleurs en 2023.

Le personnel permanent de Dakarnave s’élève à 304 personnes en 2023 dont 301 nationaux et seulement 3 expatriés. Au sein des services de direction, Direction générale comprise, sur 30 cadres au total, 27 sont Sénégalais.

Au point où en sont les choses, Dakarnave et la Sirn peuvent-ils se retrouver pour une bonne collaboration ? Que faudrait-il pour cela, selon vous ? Seriez-vous disposés à revoir les termes du contrat de concession au mieux des intérêts de l’Etat ?
Dakarnave entretient actuellement de bonnes relations institutionnelles avec la Sirn. En effet, Dakarnave montre toujours sa disponibilité à répondre aux sollicitations du gouvernement du Sénégal. Pour le futur, nous sommes tout à fait conscients que le contexte qui prévalait en 1999, au moment de la signature du contrat de concession, est complètement différent aujourd’hui. Les réalités ne sont plus les mêmes car les chantiers navals de Dakar ont atteint une dimension internationale. Il est donc normal que les nouvelles conditions et clauses du contrat soient reconsidérées au mieux des intérêts de l’Etat du Sénégal et du Groupe Lisnave.

Cette situation d’incertitude actuelle a-t-elle eu des conséquences auprès de vos clients ? Avez-vous eu à perdre des marchés à cause d’elle ?
Si cette situation d’incertitude devait perdurer, le plus grand risque pour les chantiers navals de Dakar serait en effet de perdre la confiance durement acquise au fil des ans, des clients et armateurs internationaux, sans compter la précarité des emplois qui en découlerait.

Qu’aurait-il fallu faire pour éviter la situation dans laquelle on est actuellement ?
Nous sommes conscients que la situation actuelle n’est simple pour personne. Seules la communication et la collaboration entre les différentes parties permettraient d’avancer. Nous pensons avoir largement atteint aujourd’hui les objectifs initialement fixés dans le contrat de concession qui arrive à expiration.
Compte tenu du délai assez court d’ici à l’expiration de l’actuel contrat de concession, nous souhaiterions donc mener des discussions qui stabiliseraient les emplois et les ressources. De ce fait, le Groupe Lisnave réitère sa volonté d’accompagner l’Etat du Sénégal pour trouver les meilleures solutions pour le futur.

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