Comment un Américain est parvenu à vivre gratuitement dans un hôtel emblématique de New York pendant cinq ans
La grande vie à la Grosse Pomme. Se loger à New York coûte (normalement) très cher, demandez aux habitants ou même aux touristes ce qu’ils en pensent. Un problème que Mickey Barreto a subtilement contourné pendant cinq ans, s’offrant le luxe de vivre gratuitement dans un hôtel bien connu.
À deux pas du Madison Square Garden, trône fièrement le New Yorker Hotel. Non, ce n’est pas l’un des hôtels les plus prestigieux de New York. Mais c’est l’un des plus grands et des plus reconnaissables avec son enseigne rouge tape-à-l’œil “New Yorker”. Il s’érige comme un point de repère emblématique et souvent photographié de la ville. Plusieurs boxeurs célèbres, dont Muhammad Ali, y ont passé la nuit en marge de leurs combats. L’inventeur Nikola Tesla y a même vécu pendant dix ans. En payant, lui.
Ce n’est pas le cas d’un certain Mickey Barreto qui a séjourné durant cinq ans dans l’établissement sans ouvrir son portefeuille. La supercherie commence en juin 2018. L’Américain, accompagné de sa moitié, paie environ 200 dollars (+-186 euros) pour une nuit dans l’une du millier de chambres que comporte l’imposant bâtiment Art déco des années 1930.
La quadragénaire vient tout juste de débarquer à New York en provenance Los Angeles lorsqu’un ami lui parle d’une faille dans une loi locale sur le logement qui permet aux occupants de chambres individuelles dans des immeubles construits avant 1969 d’exiger un bail de six mois.
Bataille judiciaire
En payant une nuit d’hôtel, Mickey Barreto estime qu’il est locataire des lieux et réclame un bail auprès de l’hôtel. Sa demande est, évidemment, déclinée. Il n’en reste pas là et se rend au tribunal, dès le lendemain. Dans un premier temps, le juge prononce un non-lieu. Mais le plaignant insiste et obtient gain de cause en appel. Il profite de l’absence des avocats des propriétaires de l’hôtel à une audience.
Le juge ordonne à l’hôtel de remettre une clé à Mickey Baretto. Les propriétaires de l’immeuble refusent de négocier un bail avec lui, mais ne peuvent pas non plus le mettre à la porte en raison de la décision du juge. Conséquence? L’Américain vit à l’hôtel sans rien payer.
Visiblement pas totalement satisfait de la situation, il télécharge en mai 2019 un faux acte sur un site web de la ville, prétendant transférer la propriété de l’ensemble du bâtiment à lui-même depuis l’organisation qui l’avait acheté en 1976, la Holy Spirit Association for the Unification of World Christianity.
L’organisation ne tarde pas à l’attaquer en justice. Dans l’attente du jugement, les instances judiciaires assurent dans un premier temps que Mickey Barreto n’a pas le droit de se faire passer pour le propriétaire. Un avis pas vraiment respecté par le principal intéressé.
En 2023, il dépose d’autres faux documents pour tenter d’obtenir la propriété du bâtiment. Il plaide que le juge qui lui avait donné la “possession” de sa chambre en 2018 lui avait indirectement attribué l’ensemble du bâtiment parce qu’il n’avait “jamais été subdivisé”.
En tant que propriétaire présumé de l’immeuble, il essaie de faire payer diverses entités, notamment en réclamant des loyers. Il contacte également le franchiseur de l’hôtel, Wyndham, et entame des pourparlers pour que la franchise lui soit cédée.