Sophie Diallo: «Ce n’est pas parce qu’on a échoué quelque part qu’on opte pour la formation»

Arriver à susciter une vocation chez les jeunes les aiderait à mieux s’orienter vers la formation professionnelle pour décrocher plus facilement un emploi. C’est le conseil de Mme Sophie Diallo, Directrice générale du Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3Fpt).

Par Amadou MBODJI – Le pari du Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3Fpt) est de susciter des vocations dans les filières techniques chez les jeunes dès le bas âge. «Chaque personne a des compétences spécifiques et il nous faut détecter ces talents, ces compétences-là, ces innovations et accompagner les jeunes dans cela. Il ne s’agit pas de dire qu’ils n’ont plus d’espoir. Au contraire, l’univers des possibles, il leur est ouvert, mais il faut davantage recentrer ça pour gagner du temps, mais également rationaliser nos ressources», admet Mme Sophie Diallo, Directrice générale du 3Fpt.

Mme Diallo intervenait en marge d’un atelier de partage sur le renforcement du dispositif de déploiement territorial avec une centaine de participants venus des différents départements du Sénégal. «C’est d’abord le recentrage du financement pour qu’il soit plus pertinent», dit-elle. Il y a aussi un objectif de changements de paradigmes. «On a vu des jeunes faire des parcours et aller jusqu’au niveau du Master pour dire qu’ils reviennent pour faire la formation. Pendant longtemps, ils sont partis dans la formation professionnelle lorsqu’ils échou­aient à l’école. Alors que la vocation de la formation des jeunes, ce n’est pas l’école de la seconde chance. Ce n’est pas parce qu’on a échoué quelque part qu’on opte pour la formation», ajoute-t-elle. Il s’agit d’un choix éclairé. Une option d’avenir. «Ce n’est pas juste de venir pour dire «je veux faire une formation parce que j’ai vu d’autres personnes faire cette même formation-là», mais il s’agit de faire un choix de vie, de carrière. Et ça coûte moins cher d’avoir une bonne orientation dès le départ pour éviter de revenir par la suite sur son parcours», renchérit la patronne du 3Fpt.

Créé en 2014, avant de commencer ses interventions en 2016, le 3Fpt vise à se «donner une nouvelle impulsion au déploiement territorial par un partage du nouveau dispositif et le recueil des contributions des collaborateurs issus des Pee-Jf». Elle poursuit ses explications : «Le 3Fpt, en 2024, ce sont ses dix ans d’existence, et nous avons embarqué cette nouvelle année-là avec de nouveaux projets, des projets de grande envergure. Nous avons tenu, pour démarrer notre année, à partager avec nos collaborateurs, échanger avec eux pour leur présenter déjà notre plan de travail annuel. Présenter également les projets majeurs pour lesquels nous avons travaillé, pour qu’ils sachent qu’est-ce qui nous attend vers cette nouvelle et belle année.» Derrière ces stratégies, il y a aussi un objectif. «La formation d’un million de talents à l’horizon 2028», note Sophie Diallo, qui décline ainsi l’ambition que se fixe le 3Fpt.

En écho, Cheikh Ibrahima Kébé, coordonnateur intérimaire des Pôles emploi et entreprenariat des jeunes et des femmes, souligne : «D’après les statistiques de l’Ansd, 200 mille jeunes arrivent dans le marché de l’emploi tous les ans. Raison pour laquelle le président de la République nous a instruits de mettre sur pied les 46 pôles.» C’est une manière de corriger le manque de qualification chez cette frange de la population. «Ces 200 mille jeunes arrivent dans le marché de l’emploi, mais n’ont pas de compétences spécifiques. On peut avoir le profil de Master 2 et revenir au 3Fpt pour avoir une formation ne serait-ce qu’une certification de spécialité», indique Cheikh Ibrahima Kébé dont la structure est rattachée à la Direction de l’emploi.


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