Décret de perte de nationalité de Wade-fils : LE KRIM (IM) PARFAIT
Karim Wade a été déchu de sa nationalité française le 16 janvier alors qu’il avait signé une déclaration sur l’honneur indiquant qu’il était exclusivement de nationalité sénégalaise, conformément aux lois du Sénégal.
Par Malick GAYE – Depuis avant-hier 16 janvier 2024, Karim Meïssa Wade n’a plus la nationalité française. C’est le tout nouveau Premier ministre de Macron, Gabriel Attal, et son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui ont signé le décret attestant sa perte de nationalité. Seulement, ce décret qui «libère» M. Wade de son «allégeance à l’égard de la France», a été signé, comme dit plus haut, le 16 janvier, c’est-à-dire 4 jours après la publication de la liste des candidats à la Présidentielle du Sénégal, par le Conseil constitutionnel. Ce qui pose des interrogations sur la sincérité de Karim Wade.
En effet, dans les neuf pièces devant constituer le dossier de candidature à la Présidentielle, il y a une déclaration sur l’honneur. Cette dernière doit être signée par le candidat, qui déclare ainsi respecter scrupuleusement les lois du Sénégal. Et l’une de ces lois est d’être exclusivement de nationalité sénégalaise. Karim Wade, en signant cette déclaration, savait bel et bien qu’il avait la double nationalité et que sa renonciation à la nationalité française, si elle datait bien de cette époque, n’était pas effective. Par conséquent, Wade-fils a délibérément pris l’option de fouler aux pieds les lois du Sénégal.
On peut dès lors se poser la question de savoir si un candidat qui aspire à diriger les Sénégalais, alors qu’il ne respecte pas la Constitution du pays, mérite la confiance des électeurs. S’il a menti sur sa nationalité, n’y aurait-il pas d’autres mensonges qu’il cacherait au Peuple ? On se rappelle qu’à la veille de la Présidentielle de 2019, ses services de communication avaient affirmé mordicus que la procédure de renonciation à sa nationalité française avait été initiée. Quelque temps après, Karim Wade a renouvelé son passeport français.
Hier, Karim Wade a attaqué Thierno Alassane Sall qui a introduit un recours pour faire constater par le Conseil constitutionnel «cette contradiction» : «Le décret du ministre de l’Intérieur français actant ma renonciation à la nationalité française est une preuve supplémentaire de ma constance. Cette polémique stérile et dangereuse alimentée par Thierno Alassane Sall pour gagner en visibilité et agissant pour le compte du très peu courageux Premier ministre Amadou Ba, spécialiste des coups bas, se termine enfin. Amadou Ba dont le manque de témérité face à la confrontation est désormais évident, doit cesser ces manœuvres déloyales», a écrit Karim Wade sur X, nouvelle appellation de Twitter. Et il a ajouté ceci : «Malgré les informations que j’ai reçues sur l’acquisition d’autres nationalités par certains candidats, j’ai décidé de ne déposer aucun recours devant le Conseil constitutionnel. Ma conviction est claire : seul le Peuple sénégalais doit décider dans une élection présidentielle ouverte et inclusive.» Ce qui peut s’interpréter comme une licence donnée à tout candidat de violer les dispositions pertinentes de la Constitution sénégalaise relativement à la nationalité.
Pour sa part, le leader de la République des valeurs n’est pas resté aphone face aux attaques. «C’est déjà un aveu de reconnaître que je suis mieux informé que vous sur votre situation administrative en France. J’ai transmis tous les éléments nécessaires au Conseil constitutionnel, en espérant qu’il aille jusqu’au bout», a répondu Thierno Alassane Sall sur le réseau X. Il a aussi dénoncé «l’immixtion flagrante de la France dans notre processus électoral». Thierno Alassane Sall estime que le décret publié hier enfonce plus qu’il ne conforte Karim Wade : «Lorsqu’il a officiellement présenté sa candidature en 2019, en accompagnant celle-ci d’une déclaration sur l’honneur affirmant qu’il était exclusivement de nationalité sénégalaise, il était pleinement conscient de perpétrer un acte de parjure. Ce seul fait constitue un motif suffisant pour le Conseil constitutionnel de l’écarter définitivement. Il récidive dans sa compromission, en déposant, pour l’élection présidentielle de 2024, un dossier comprenant une nouvelle déclaration sur l’honneur contraire à la vérité. Karim Wade administre lui-même la preuve qu’à la date du 26 décembre 2023, à l’expiration des délais de dépôt de candidatures, son dossier était irrecevable, car il avait au moins deux nationalités», a-t-il indiqué dans un communiqué.