Des logiciels espions utilisés pour “contrôler et opprimer les citoyens critiques” dans des pays de l’UE
Des logiciels espions ont été utilisés “de manière illégitime” dans au moins quatre pays de l’UE (Pologne, Hongrie, Grèce et Espagne), selon un rapport intérimaire du Parlement européen rendu public mardi qui prône un “moratoire” sur ces technologies.
“L’utilisation abusive de logiciels espions dans des États membres de l’UE est une menace grave à la démocratie pour l’ensemble du continent”, a déclaré la rapporteuse, l’eurodéputée néerlandaise Sophie in’t Veld (Renew Europe), lors d’une conférence de presse. “Dans une démocratie, placer les gens sous surveillance devrait être l’exception (…) il ne devrait pas être possible d’en abuser à des fins politiques, partisanes”, a-t-elle dit.
“Contrôler et opprimer les citoyens critiques”
Elle a déploré que dans de nombreux cas, les gouvernements des États membres aient refusé de partager des informations officielles avec la commission d’enquête du Parlement européen (PEGA), qui a dû baser ses travaux sur d’autres sources, notamment les enquêtes journalistiques.
“En Pologne et Hongrie, nous voyons que le logiciel espion (Pegasus) est une partie intégrante d’un système conçu pour contrôler et même opprimer les citoyens critiques à l’égard du gouvernement, membres de l’opposition, journalistes, lanceurs d’alerte”, a-t-elle affirmé.
“Stratégie politique”, “Espionnage”
En Grèce, où la commission parlementaire a appelé vendredi le gouvernement à “une enquête urgente et approfondie” sur ce scandale d’écoutes via le logiciel Predator, “nous voyons des signes (…) d’une utilisation systématique et à grande échelle dans le cadre clairement d’une stratégie politique”, poursuit-elle.
En Espagne, il y a des “indices forts que des personnalités politiques et d’autres aient été espionnés sans lien avec une menace évidente et imminente à la sécurité nationale”, a-t-elle encore indiqué.
Le rapport intérimaire doit être discuté et amendé au sein de la commission PEGA par les différents groupes politiques, et sa version finale devrait être soumise à un vote du Parlement européen en mars 2023, ou en juin si la mission est prolongée.