À la Une: «l’enfant prodige» de la politique française

« L’enfant prodige de la politique française » : c’est ainsi qu’El Pais à Madrid qualifie Gabriel Attal, nommé Premier ministre hier, mardi, par le président Emmanuel Macron. « À 22 ans, souligne le quotidien espagnol, il était déjà conseiller dans un ministère. À 29 ans, secrétaire d’État. Il a ensuite été porte-parole du gouvernement, ministre des Comptes publics et, jusqu’à hier, ministre de l’Éducation » et désormais, chef du gouvernement… Tous les commentateurs insistent ce matin sur la jeunesse de Gabriel Attal, 34 ans. « Macron nomme le plus jeune Premier ministre de l’histoire moderne de la France », titre ainsi The Wall Street Journal à New-York.

Du pain sur la planche

Mais beaucoup s’interrogent… « Gabriel Attal, mais pour quoi faire ? », s’exclame ainsi Le Soir à Bruxelles. « L’âge du nouveau chef de gouvernement est sans cesse mis en avant. Mais au-delà du dynamisme et de l’énergie qu’il est censé incarner, il hérite d’une situation politique toujours aussi compliquée. La tâche sera même peut-être plus dure que sous Élisabeth Borne. »

En effet, complète The Guardian à Londres, « l’optimisme de la jeunesse pourrait ne pas suffire. Gabriel Attal, le plus jeune occupant de Matignon, a du pain sur la planche pour redresser la situation du gouvernement avant les élections européennes de juin. » Et au-delà, poursuit le quotidien britannique, « s’il parvient à éviter les erreurs tout en insufflant un nouveau sentiment d’optimisme, le nouveau Premier ministre français pourrait être l’un des favoris pour affronter Marine Le Pen à la présidentielle de 2027. (…) C’est un énorme pari, tant pour lui que pour Emmanuel Macron. »

Un Macron 2.0 ?

« Le pari est risqué, renchérit Die Welt à Berlin. Les trois années qui nous séparent de l’élection présidentielle seront une éternité dans l’ingrat bureau du Premier ministre français. Attal doit donc, comme Macron l’a fait autrefois, bouleverser les lois de la politique française. (…) La nouvelle jeune star ne pourra pas simplement être un Macron 2.0 : en 2017, le président français s’était positionné au centre et avait utilisé le pathos européen contre le nationalisme de Marine Le Pen. Mais l’air du temps a également changé en France, constate le quotidien allemand. Seuls ceux qui ne nient pas ou n’opposent pas leurs problèmes, mais les assument et promettent de meilleures solutions auront une chance contre Le Pen. Islamisme, immigrations, valeurs traditionnelles, aucun candidat ne peut ignorer ces questions. »

Un profil très beaux quartiers parisiens…

D’autant que Gabriel Attal est très nettement marqué socialement, relève Le Temps à Genève… Le nouveau Premier ministre a en effet passé la plupart de sa courte existence dans les beaux quartiers de Paris, que ce soit à l’école Alsacienne, à Sciences Po et dans les ministères. « Son CV ne sort (pratiquement) pas des VIe et VIIe arrondissements, les plus chics (et les plus chers) de la capitale », pointe le quotidien suisse. « L’opposition l’a d’ailleurs déjà remarqué : Emmanuel Macron a demandé à son nouveau chef de gouvernement « dépassement et audace ». François Ruffin, la star montante de la gauche radicale, lui a répondu ainsi: « École Alsacienne, Sciences Po Paris, Assemblée nationale, Ministère de l’Éducation nationale, Matignon : la carrière de Gabriel Attal tient dans un rayon de 6 kilomètres ». « Dépassement et audace », certes, commente Le Temps, mais quand même pas trop loin de sa classe. »

Virage à droite ?

Pour Libération à Paris, « la nomination de Gabriel Attal a le mérite d’être claire : elle acte le fait que rien ne change en macronie. Son projet continue d’essayer de nous faire prendre des vessies de gauche pour des lanternes de droite ou vice versa, on ne sait plus. Avec Gabriel Attal à Matignon, le virage à droite du macronisme se confirme. »

En tout cas, prévient Le Figaro, « pour restaurer l’autorité de l’État, à l’école, dans les banlieues, ou partout ailleurs ; pour relancer sérieusement l’activité économique… Il y a encore du pain sur la planche. (…) Gabriel Attal le sait : il n’aura pas plus qu’Élisabeth Borne de majorité absolue, pas plus qu’il n’aura l’assurance de redresser la barre d’ici aux européennes de juin. Il faudra donc toute la fougue de la nouveauté pour conjurer un sentiment de simple intérim. »

Par :Frédéric Couteau – RFI

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