Pourquoi la politique et la guerre brouillent les prévisions économiques
À quoi faut-il s’attendre en 2024 sur le front économique ? Les prévisionnistes sont très prudents en ce début d’année. À cause du contexte géopolitique, mais aussi pour éviter de répéter les grosses erreurs de jugement de 2023.
Il y a quasiment un an jour pour jour, la perspective de la récession, était le refrain le plus partagé, aux États-Unis comme en Europe. Or ce scénario a été évité de part et d’autre de l’Atlantique. Wall Street a terminé l’année 2023 en pleine euphorie, portée par une croissance vigoureuse et une inflation en repli sensible. L’économie européenne est moins vaillante, mais elle a échappé à la récession et elle aussi est en passe de surmonter l’inflation. Enfin, les 27 passent un hiver serein, à l’abri d’une nouvelle crise énergétique, grâce à la douceur des températures, et parce qu’ils ont réussi à se passer du gaz russe.
La guerre israélo-palestinienne peut-elle à son tour faire flamber le prix du pétrole ?
Ce risque parait aujourd’hui limité. Malgré les attaques des Houthis en mer Rouge, par où transite 8 % des hydrocarbures, le cours du brut reste pour le moment bien en deçà des niveaux de crise connus au début de la guerre contre l’Ukraine. Néanmoins, faute d’issue rapide en vue dans ces deux guerres, le risque géopolitique brouille totalement l’horizon des prévisionnistes. Les plus grandes économies de la planète restent soumises à cet aléa. L’autre aléa de 2024 est politique : des élections sont prévues dans une cinquantaine de pays, pesant environ 60 % du PIB mondial. On votera en Russie, en Inde, au Royaume-Uni, en Indonésie, en Corée du Sud, en Europe et bien sûr aux États-Unis. Or, en année électorale, les décideurs économiques deviennent attentistes. Difficile d’engager un investissement avec une inconnue sur la future donne politique. Les dirigeants politiques soucieux de préserver leur électorat évitent aussi de mener de grandes réformes ou de signer des accords internationaux. 2024 sera donc une année de transition et d’immobilisme.
Taïwan, États-Unis : des scrutins à haut risque
Certains scrutins seront particulièrement suivis. C’est le cas des élections à Taïwan prévues dans 15 jours, le résultat pourrait réveiller les velléités bellicistes de Pékin. L’élection présidentielle américaine est l’autre rendez-vous phare de l’année. Parce qu’il s’agit de la première puissance mondiale, sa monnaie, sa dette, sa croissance, toutes les données économiques des États-Unis ont une incidence planétaire. Et bien sûr parce que c’est a priori deux visions diamétralement opposées qui vont s’affronter, celles du démocrate Joe Biden à celle du républicain Donald Trump, dont le retour à la maison blanche effraie autant la Chine que l’Europe. Dans cet océan d’incertitudes, les banques centrales, jalouses de leur indépendance, seront surveillées et attendues comme le lait sur le feu. Après avoir fortement relevé les taux pour terrasser l’inflation, elles devraient commencer à relâcher la pression. Et c’est la Réserve fédérale qui doit ouvrir le bal. Un mouvement très attendu par tous ceux qui sont surendettés, les entreprises et les ménages américains bien sûr, mais aussi les pays émergents qui ont emprunté sur les marchés internationaux.
SOURCE RFI