France: après l’agression de samedi soir, l’exécutif dans l’embarras
L’enquête se poursuit après l’attaque au couteau près de la Tour Eiffel, samedi soir à Paris. L’auteur présumé de l’agression qui a fait un mort et deux blessés a été interpellé. Il s’agit d’un Franco-Iranien de 26 ans, fiché pour radicalisation islamiste et soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré. Y a-t-il eu des manquements et à quel niveau ? La question divise visiblement l’exécutif.
Chez nos confrères de RTL ce lundi matin, le porte-parole du gouvernement, prudent, affirme que toutes les procédures de suivi ont été respectées.
Olivier Véran, médecin de profession, ne remet pas en cause le suivi médical de l’auteur présumé de l’attaque. « Les éléments préliminaires, encore une fois, montrent que les parcours médical, administratif et pénal pour cet individu ont été conformes à ce qui était possible avec l’état du droit. Et toutes les décisions, que ce soient de justice ou médicales, c’est-à-dire les quatre ans de prison, l’obligation de suivi pendant trois ans, la surveillance au long cours, ces obligations-là ont été remplies. »
Le porte-parole du gouvernement évoque la question d’une prolongation de l’injonction de soin en cas de radicalisation. Quelques minutes plus tard, sur BFMTV, le ministre de l’Intérieur est plus offensif.
Un « ratage » pour Darmanin
Gérald Darmanin salue le travail des policiers, mais pointe clairement du doigt les médecins chargé de son suivi. « Il y a manifestement eu un ratage, non pas dans le suivi des services de renseignements mais il y a manifestement eu un ratage psychiatrique puisque les médecins, à plusieurs reprises, ont considéré qu’il allait mieux, qu’il était plus normal et qu’il pouvait vivre, si j’ose dire, librement. » Et le ministre de l’Intérieur a rappelé sa volonté de créer une injonction administrative, qui permettrait à un préfet d’ordonner un suivi médical.
Le Rassemblement national préfère voir dans cette affaire une défaillance politique. Son patron Jordan Bardella dénonce « l’inefficacité » du ministre l’Intérieur et sa responsabilité morale, estimant que l’agression n’est pas la conséquence d’un problème lié au suivi psychiatrique de l’assaillant. « Je pense qu’il n’y a pas une défaillance psychiatrique, il y a une défaillance politique de Gérald Darmanin et de l’intégralité du gouvernement qui accuse le pire bilan sécuritaire en la matière… il y a eu – me semble-t-il, une cinquantaine de projets qui ont été déjoués depuis le début de l’année, des failles se multiplient avec, à chaque fois, des individus qui sont suivis pour leur proximité avec la mouvance islamiste, assure Jordan Bardella au micro de Charlotte Urien-Tomaka du service politique de RFI. Donc le ministre de l’Intérieur a une responsabilité morale et politique dans l’insécurité aujourd’hui qui touche nos concitoyens, qu’elle soit de nature délinquante, criminelle ou terroriste. Je pense que ces débats sont des débats de diversion, voilà. Le sujet, ce n’est pas la psychiatrie, le sujet, c’est l’islam radical. »
Hier dimanche, en fin de journée, à la demande du président de la République, Elisabeth Borne a tenu une réunion sécuritaire à laquelle étaient convoqués le garde des sceaux, le ministre de la santé Aurélien Rousseau, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran et le ministre de l’Intérieur. À quelques mois des Jeux olympiques, cette agression met le gouvernement sous pression.