Tunisie : «Hannibal» de Netflix au cœur d’une polémique
En Tunisie, l’annonce d’un film produit par la plateforme de streaming Netflix sur Hannibal Barca, Général et homme politique emblématique de l’Antiquité, fait polémique. Afrocentrisme ou africanisme, autant de questions qui soulèvent le débat.
Des internautes tunisiens ont du mal à accepter que le rôle soit joué par l’acteur américain Denzel Washington, trop âgé par rapport au personnage historique qui avait la trentaine au moment de ses conquêtes.
Pour certains, ce casting serait de l’ordre de l’afrocentrisme, un mouvement né dans les années 80 qui cherche à faire la lumière sur l’identité et les contributions africaines à l’histoire du monde et qui théorise aussi que la civilisation égyptienne aurait des origines uniquement africaines.
Une version contestée par les historiens.De l’appropriation culturelle…La polémique sur Hannibal soulève aussi d’autres questions comme l’appropriation culturelle de l’histoire nord-africaine par les Américains.
Pour Meryem Belkaïd, professeure associée en Etudes francophones et postcoloniales à l’université Bowdoin aux Etats-Unis, «l’Occident se préoccupe assez peu de récits dans lesquels il ne joue pas le rôle central ou dans lesquels il n’est pas le sauveur providentiel.
Lorsqu’il se pique de raconter des récits différents, situés en dehors de ses frontières actuelles, cela crée systématiquement une polémique, notamment en ce qui concerne le choix des acteurs et actrices…
Ce sont des polémiques parfois utiles en ce qui concerne la représentation des minorités, notamment aux Etats-Unis qui font depuis longtemps un effort de ce côté. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt de récits eurocentrés qui ne représentent «les autres» sous un angle positif que trop rarement, Denzel en fait les frais et c’est au fond bien dommage car le problème est ailleurs…».
Pour les fans de Hannibal qui sont organisés en clubs et associations, selon l’écrivain Abdelaziz Belkhodja, passionné par le héros antique, Général carthaginois et considéré comme l’un des plus grands chefs de guerre de l’Antiquité, plusieurs recours sont possibles.
En 2002, lorsque l’acteur Vin Diesel avait tenté de dépeindre Hannibal en héros sanguinaire, ces mêmes fans avaient envoyé une lettre à la production pour dénoncer le biais historique.
Rfi