Portugal: fin du cadeau fiscal pour les retraités étrangers
Le Premier ministre portugais Antonio Costa a annoncé pour 2024 la suppression du statut de résident retraité étranger, l’une des mesures contestées de la politique d’investissement en raison de ses effets sur le logement.
Il y a environ 10 000 statuts de résident retraité non habituel qui ont été attribués depuis 2009, écrit notre correspondante à Lisbonne, Marie-Line Darcy. Les Français en bénéficient majoritairement suivis des Italiens et des Britanniques. Derrière ce petit nombre de retraités étrangers se cache un véritable pouvoir d’attraction qui a aimanté de nombreuses personnes qui ne cherchaient pas spécialement à bénéficier de ce statut.
Les investissements ont fait un bond
La publicité sur un cadre de vie idyllique a attiré aussi de nombreux actifs dont certains bénéficient aussi d’avantages fiscaux. Des régions comme l’Algarve, la côte atlantique au nord et au sud de Lisbonne, ou bien encore Porto ont déclenché l’enthousiasme des populations européennes. L’investissement étranger dans l’immobilier a alors fait un bond considérable.
Celui-ci représente actuellement 13% du PIB du pays contre 4% en 2008. Il s’agit souvent d’investissements touristiques. Et les prix flambent : on observe 78% d’augmentation cumulée entre 2012 et 2021, contre 35% en moyenne en Europe. L’annonce du Premier ministre Antonio Costa d’en finir avec ce dispositif, fortement symbolique, est probablement destiné à désamorcer la crise qui couve.
Manifestations
Dans ce contexte, des milliers de Portugais sont en effet descendus, samedi 30 septembre, dans les rues de Lisbonne et d’une vingtaine d’autres villes du pays, pour réclamer une action plus ferme de la part du gouvernement. « Je ne cache pas une certaine frustration, pour ne pas dire une grosse frustration, de constater que la réalité a été beaucoup plus dynamique que la capacité de réponse politique », a admis le Premier ministre dans une interview, le 1er octobre.
Son exécutif a récemment adopté un train de mesures visant à freiner les prix de l’immobilier qui prévoit notamment la fin des « visas dorés » ou la location obligatoire d’appartements vacants depuis plus de deux ans dans les régions les plus peuplées. Et, pour venir en aide à près d’un million de familles, le gouvernement a décidé la semaine dernière de permettre aux emprunteurs de bénéficier d’un taux réduit pendant deux ans.
(Avec AFP)