Les banques centrales continuent à relever leurs taux, malgré les turbulences bancaires
Le combat contre les “pressions inflationnistes” a pris le dessus sur les chocs du secteur bancaire: la Banque d’Angleterre (BoE) a elle aussi remonté son taux directeur jeudi, imitant la Fed américaine, la BCE et les banques centrales en Suisse et en Norvège.
La BoE a resserré son taux pour la onzième fois consécutive, de 0,25 point, une ampleur similaire à celle de la toute puissante Réserve fédérale américaine (Fed) la veille. La Banque nationale suisse (BNS) a suivi plus tôt dans la journée le chemin de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine dernière en remontant son taux de 0,50 point de pourcentage.
Le taux directeur de la BoE atteint désormais 4,25%, un sommet depuis fin 2008. L’institution prévient que “si les pressions” inflationnistes “persistent, un nouveau resserrement de la politique monétaire serait nécessaire”, même message prudent qu’en février.
Mercredi soir déjà, la Fed avait tenté avec une hausse modeste de ménager la chèvre et le chou après les turbulences des derniers jours mais une valse des prix persistante. Plus tôt jeudi, la Banque nationale suisse (BNS), qui a oeuvré pour sécuriser le rachat de Credit Suisse ce week-end, a opté pour un relèvement de 50 points de base, comme la BCE il y a une semaine et comme l’attendaient les économistes. En Norvège, la banque centrale a choisi 25 points de base.
Dans les trois pays européens à l’oeuvre jeudi, l’objectif numéro un de la politique monétaire reste d’atteindre une inflation à 2%, ce qui est encore loin d’être le cas. Mais la faillite de la californienne Silicon Valley Bank (SVB), puis de deux autres banques régionales américaines, a montré à quel point le secteur bancaire avait été fragilisé par les hausses de taux effrénées des derniers mois.
“Nouveaux risques”
La Fed laisse désormais entendre que la fin de son cycle de resserrement monétaire approche: elle adopte désormais le conditionnel pour évoquer qu’”un futur resserrement de la politique monétaire pourrait être nécessaire” au lieu d’un mode affirmatif.
La Fed a averti à l’issue de sa réunion, que la récente crise des banques était “susceptible (…) de peser sur l’activité économique, les embauches et l’inflation”, soulignant que “l’ampleur de ces effets est incertaine”. Et le risque n’est pas limité aux Etats-Unis, comme l’a prouvé le rachat à prix cassé de Credit Suisse par UBS: la présidente de la BCE Christine Lagarde a reconnu mercredi que les tensions sur le secteur bancaire engendraient de “nouveaux risques” pour l’économie.
Du côté du Royaume-Uni, “il reste des canaux par lesquels les conditions économiques britanniques pourraient être affectées”, notamment en cas “de tensions sur des banques non-britanniques”, a averti la banque centrale mercredi dans une lettre au Parlement.
La BoE avait signalé lors de sa dernière réunion qu’après dix hausses consécutives, elle pourrait maintenir son taux inchangé, à 4%, si l’inflation évoluait en ligne avec les attentes. Mais depuis, l’économie a résisté mieux que prévu Outre-Manche, et le ministre des Finances a estimé lors de sa présentation du budget que le pays allait techniquement éviter la récession, avec une simple contraction de l’économie de 0,2% en 2023. Et, dernière surprise pour le marché britannique, l’inflation au Royaume-Uni, a rebondi en février et dépasse encore 10%, de quoi ne pas lever le pied trop tôt dans les efforts pour l’endiguer.
Hausses suisse et norvégienne
En Suisse, l’inflation reste nettement plus faible que dans le reste de l’Europe, à 3,4% sur un an en février, mais a accéléré sur les derniers mois. La semaine passée, certains économistes s’attendaient encore à un tour de vis beaucoup plus fort de la banque centrale, qui a donc opté pour une hausse moins marquée en raison des tensions sur le secteur bancaire.
Et en Norvège, la banque centrale a monté son taux à 3%, alors que l’inflation, même si elle a ralenti en février, reste à 6,3%. La couronne norvégienne comme le franc suisse n’ont quasiment pas bronché après ces annonces dans un marché focalisé sur un dollar affaibli.
SOURCE 7SUR7