“J’irai à Marseille, mais pas en France”
Pourquoi le pape « refuse » de dire qu’il est en visite chez nos voisins?
“J’irais à Marseille, mais pas en France”. Glissée dans l’avion à son retour des Journées mondiales de la jeunesse en août dernier, cette petite phrase prononcée par le Pape François n’est pas anodine. À l’aube de son passage dans la cité phocéenne, elle s’érige comme un élément de langage primordial. Pourquoi le souverain pontife veille tant à ne pas évoquer une visite en France et pourquoi a-t-il refusé un crochet par Paris, malgré l’invitation d’Emmanuel Macron? Explications.
“Habemus papam”: Marseille accueille le pape François, pour une visite de deux jours consacrée à la Méditerranée et au défi migratoire, dans un contexte d’hostilité croissante envers les candidats à l’exil. Le jésuite argentin de 86 ans s’est montré très clair: il ne vient pas en visite d’État en France, mais bien à Marseille.
Le choix de la destination ne doit rien au hasard. À Marseille, un large éventail de communautés et religions cohabitent. Lors de sa visite, il compte dénoncer le drame des naufrages de migrants et plaider la cause des exilés. Un thème qui lui est cher. Depuis son élection en 2013, il ne cesse de dénoncer les discours de rejet et les politiques de fermeture.
“En répondant à l’invitation d’une commune ouverte sur la mer, multiculturelle, François vient surtout participer aux Rencontres méditerranéennes et parler des migrants, un sujet qui lui tient particulièrement à cœur”, analysent nos confrères du Monde. Même s’il ne parle pas ouvertement d’une visite “en France”, le Pape assure, évidemment, ne rien avoir contre l’Hexagone.
Le pape a également décliné l’invitation d’Emmanuel Macron qui souhaitait le recevoir à Paris. C’est le président français qui prendra la direction de la Cannebière pour assister à la messe géante tenue au Vélodrome, ce samedi. Dans un pays régi depuis 1905 par le principe de laïcité, l’opposition de gauche a accusé Emmanuel Macron de “piétiner” la neutralité de l’État.
“Visite très politique”
Derrière le “Habemus papam” de La Provence, c’est un “Je vous salue, migrants” que lançait Libération à sa Une, tandis que Le Figaro soulignait lui la “visite très politique” du Pape, à Marseille pour clôturer la troisième édition des Rencontres méditerranéennes , rencontre entre évêques et jeunes autour des inégalités économiques, du dialogue inter-religieux et du réchauffement climatique.