En Côte d’Ivoire, la lutte incessante contre les produits blanchisseurs de teint
Une tik-tokeuse ivoirienne a déchaîné les commentaires en faisant la promotion de produits blanchissant la peau des nourrissons et relancé le débat sur la discrimination qui pèse et perdure dans le pays sur les peaux les plus foncées.
François Hume, édité par Ariane Schwab – franceinfo
En Côte d’Ivoire, une tik-tokeuse a déclenché un torrent de protestations sur les réseaux sociaux en faisant la promotion, son bébé dans les bras, de produits pour blanchir la peau des enfants. Malgré l’interdiction de ces produits éclaircissants depuis 2015, ils se vendent partout dans le pays, dans la rue ou sur internet. Mais ce qui a ulcéré les internautes dans cette vidéo Tik-Tok, c’est la promotion de ces produits pour des bébés ou enfants en bas âge. La commerçante montre le teint clair du bébé et assure que ses produits sont de bonne qualité.
Pourtant tous les médecins alertent depuis des années sur la dangerosité de ces produits qui comportent souvent de l’hydroquinone, des acides, du mercure, ou des corticoïdes. Ils peuvent créer des complications comme le diabète, l’hypertension artérielle, des infections, des nécroses ou même des retards de croissance et des insuffisances rénales.
Les twittos se sont donc demandés sur quelle base légale poursuivre cette femme et certains ont retrouvé les textes de lois qu’ils considèrent opportuns : mise en danger d’autrui, administration de substance nuisible à la santé.
Si de nombreuses femmes, mais aussi des hommes, continuent de se blanchir la peau pour obéir à certains canons de beauté, les voix s’élèvent de plus en plus contre cet effet de mode. « Être noir de peau n’est pas un handicap ! », s’insurge une femme sur Twitter. D’autres cherchent des explications en pointant du doigt la responsabilité des publicitaires, des présentatrices télé, ou des mannequins qui sont nombreux à s’éclaircir le teint. « Pour lutter contre la dépigmentation, il faut avant tout déconstruire le paradigme qui consiste à croire que les femmes claires de peau sont plus belles et attractives », avance un internaute, parmi des milliers de commentaires.
Un autre pense que les femmes se blanchissent la peau parce qu’« elles savent les privilèges qui s’y attachent. Le colorisme [discrimination en fonction du teint] est réel en Côte d’Ivoire », soutient-il, évoquant les privilèges invisibles accordés à ceux qui ont le teint plus clair. Les internautes réclament en général plus de volonté politique pour faire disparaître ces produits des magasins et des marchés, et des campagnes de sensibilisation, surtout destinées à décourager les parents qui les appliquent sur leur bébé.