La Russie fait plonger la liberté sur internet dans le monde
La Russie a fait reculer la liberté d’expression sur internet au niveau mondial, a estimé mardi une ONG américaine, qui note cependant une amélioration pour de nombreux autres pays.
Pour la 12e année consécutive, la liberté sur internet est globalement en baisse dans le monde, relève le rapport de Freedom House, qui impute cela à des conditions qui se dégradent avant tout en Russie, mais également en Birmanie, au Soudan et en Libye.
« L’invasion russe de l’Ukraine a affaibli la liberté en ligne non seulement en Russie et en Ukraine, mais également dans le monde entier », a déclaré Allie Funk, co-autrice du rapport.
La notation de la Russie a dégringolé de sept points cette année, un plus bas historique pour le pays, notamment en raison du blocage de sites internet et de réseaux sociaux par le Kremlin, qui cherche à censurer toute publication dissidente à propos de son « opération militaire spéciale » en Ukraine.
En dehors de cela et avec du recul, ajoute Allie Funk, la situation mondiale « est en fait bien plus positive qu’auparavant ».
Sur les 70 pays examinés, 26 pays ont fait des progrès, note le rapport annuel, et notamment la Gambie, récemment sortie de vingt ans de dictature, et le Zimbabwe, avec une loi récente sur la protection des données.
« Sur les trois ou cinq dernières années, la question des droits humains en ligne a fait l’objet d’une très forte attention, de gouvernements démocratiques investissant dans la liberté en ligne aux entreprises de technologies – certaines – commençant à s’intéresser à ces questions », a salué Allie Funk, directrice de recherche à Freedom House.
Mais le ciel n’est pas tout rose dans le reste du monde, avertit l’ONG, la Chine restant détentrice de la pire note du classement.
Le rapport pointe la censure sévère de Pékin sur ses politiques anti-Covid, autour des Jeux olympiques d’hiver et sur la controverse à propos de la star de tennis Peng Shuai, disparue un temps après des accusations de violences sexuelles contre un ancien dirigeant chinois.
Pour Freedom House, l’avenir d’internet et des droits numériques sera déterminé par une poignée d’Etats qui pourraient faire tourner le vent vers plus ou moins de liberté en ligne, comme le Brésil ou le Nigeria, au bilan pour l’instant contrasté.
« Des progrès dans ces pays pourraient assurer l’avenir d’un internet libre et ouvert, mais ces Etats pourraient tout autant rejoindre les régimes autoritaires en favorisant une souveraineté numérique plus fermée », prévient le rapport.