Karim Wade et Khalifa Sall désormais éligibles: Une nouvelle vie, de nouveaux défis !

L’Assemblée nationale a adopté samedi dernier le projet de loi modifiant le Code électoral et visant à rendre éligibles à nouveau Karim Wade et Khalifa Sall. Au-delà de ces deux hommes politiques, on ne peut plus refuser l’inscription sur les listes électorales aux personnes bénéficiant d’une mesure de grâce si évidemment la peine d’emprisonnement prononcée par la juridiction de jugement est expirée. Aujourd’hui que les leaders du PDS et de Taxawu Sénégal ont retrouvé intégralement leurs droits civils et politiques, on se demande quels sont les défis qui les attendent

Ils viennent de loin.
Personne n’aurait imaginé qu’ils seraient aussi vite réintégrés dans la vie politique. Karim Wade et Khalifa Sall partagent le même destin : celui d’avoir été au cœur de l’arène politique avec de solides ambitions avant d’être, du jour au lendemain, écartés de cette sphère suite à une condamnation pénale, puis remis au-devant de la scène par un concours de circonstances.

N’eût été le dialogue national lancé par le Président Macky Sall, les leaders du PDS et de Taxawu Sénégal seraient encore là à se battre pour participer au scrutin présidentiel du 25 février 2024. Tout porte à croire que si le chef de l’Etat a fait appel aux acteurs politiques, c’était plus pour neutraliser Ousmane Sonko ou tempérer son ardeur et moins pour régler les questions d’éligibilité des «2K».

En effet, Macky Sall aurait pu les réinjecter dans le jeu politique depuis 2019 s’il était vraiment mû par cette volonté de les réhabiliter. Tout compte fait, les «2K» sont les grands gagnants de ces concertations nationales. Il faudrait juste se demander quelles doivent être leur posture et leur priorité pour prétendre à la magistrature suprême.

Il est évident qu’avec les 24 députés de Wallu, Karim Wade n’aurait pas de soucis pour l’étape du parrainage d’autant qu’il y a désormais l’option de se faire parrainer par 13 députés. Toutefois, «Wade-fils» est très attendu au pays. Depuis 2018, le PDS annonce à chaque fois son retour en vain. Cette fois-ci, il n’y a plus de prétexte pour faire faux bond aux Sénégalais.

Désormais éligible,Karim est obligé de venir affronter ses adversaires et de se frotter à eux sur le terrain très épineux de la politique sénégalaise. Dans cette dynamique, il devra mobiliser l’appareil du PDS autour de sa personne. Mieux, même si la réunification de la famille libérale n’est pas trop d’actualité ou paraît assez utopique, il peut essayer de ressouder certains «morceaux écarlates» de la famille libérale en direction de la Présidentielle.

Il a également le défi de présenter un programme solide et séduisant pour donner de l’espoir aux Sénégalais. Karim Wade devrait également bien se préparer à faire face aux critiques et à redorer son image après avoir été «diabolisé» sous le régime d’Abdoulaye Wade, puis condamné pour enrichissement illicite sous le régime de Macky Sall.

Les cartes a jouer de Khalifa

Quant à Khalifa Sall, il ne devrait pas avoir de problèmes de parrainage. Son appareil dispose de treize députés, net, au sein du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (YAW). D’aucuns soutiennent d’ailleurs que la modification de la loi sur le parrainage était en quelque sorte taillé pour lui.

Quoi qu’il en soit, l’ancien maire de Dakar est épargné des tracasseries liées à la collecte de signatures pour le parrainage. Il pourrait ainsi consacrer ce temps à une tentative de porter la candidature socialiste pour la Présidentielle de 2024. Même si ce ne sera pas chose aisée, il garde toujours de bonnes relations dans l’appareil socialiste.

De ce fait, à défaut d’avoir un soutien officiel ou une alliance officielle, il pourrait officieusement se baser sur les structures de base socialistes pour les besoins de la conquête du pouvoir. Khalifa Sall devrait également essayer de se réconcilier avec Ousmane Sonko, tout au moins avec les autres membres de Yewwi Askan Wi qui semblent lui tourner le dos au profit du leader des Patriotes. Le fait d’apaiser les relations au sein de YAW pourrait lui être bénéfique à un moment ou un autre du processus électoral.

Il devrait également travailler pour bénéficier de l’appareil du PUR au cas où ce dernier ne présenterait pas un candidat pour la Présidentielle du 25 février prochain. De la même manière qu’il devrait travailler à pêcher le maximum de soutiens de partis et mouvements au sein de la plus grande coalition de l’opposition.

En tant que membre fondateur de YAW, Khalifa devrait faire jouer son leadership pour restaurer la confiance de ses alliés de l’opposition. Et en fait, l’appareil de YAW n’est pas à négliger d’autant qu’il lui a permis de récupérer ou de consolider certains de ses bastions lors des élections législatives de 2022 en positionnant ses hommes à Dieuppeul Derklé, à Mermoz Sacré-Cœur, à Yoff, à la mairie de Dakar, à Thiaroye sur mer et dans de nombreuses régions du pays. En tant que maire de la capitale, Khalifa Sall a toujours montré ses facultés d’innover en termes de gouvernance et de réalisation de grands projets infrastructurels pour la ville. On se demande aussi maintenant si son programme pour le Sénégal sera à la hauteur. Waint and see !


L’As

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