Emigration irrégulière : ces difficultés qui entravent la lutte

Les membres du gouvernement ont partagé, le 27 juillet dernier, la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière. Ce document de politique dont une copie nous est parvenu, étale les difficultés à lever afin d’arriver à une meilleure gestion de la migration irrégulière. Le manque de dispositifs d’intervention dans les structures étatiques, en dehors des ministères de l’Intérieur et celui des Affaires étrangères et l’absence de maîtrise de la question par les acteurs de la justice sont autres points soulevés par le document.Le 27 juillet 2023, le Sénégal a présenté sa Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière. Dans ce document de politique migratoire sur lequel le gouvernement compte s’appuyer pour lutter contre la migration irrégulière à l’horizon 2032, il est décelé de nombreux manquements qui plombent la lutte.Selon le document, à l’exception des services du ministère de l’Intérieur et de celui des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, rares sont les instituions qui comportent, en leur sein, un organe dédié́ à la prévention ou la lutte contre la migration irrégulière. Aussi, les structures publiques d’appui à la jeunesse, à l’emploi, à l’entreprenariat et à la formation prévoient rarement des projets et rubriques budgétaires de financement exclusivement dédiés aux migrants.Le document laisse aussi apparaitre que plusieurs organisations de la société civile déroulent des programmes d’appui, de sensibilisation et d’accompagnement des migrants de retour et des jeunes potentiels migrants. Mais leurs dirigeants et membres ne sont toujours pas spécialisés en matière de lutte contre la migration irrégulière.NECESSITE D’ADAPTATION DE LA JUSTICE ET DES TECHNIQUES D’ENQUÊTEAu niveau de la justice, la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière note qu’il n’existe aucune formation spécialisée, au Parquet, à l’Instruction et au Jugement, chargée spécifiquement du traitement de ce type de criminalité́. Comme problème, il y a également l’insuffisance de l’accompagnement de l’Etat de ses partenaires et aux associations de migrants. Plusieurs structures en charge des questions migratoires sont confrontées à l’insuffisance de ressources humaines et financières.Dans le document, l’analyse des dossiers judiciaire sur la migration montre la généralisation de la peine d’emprisonnement allant jusqu’à 2 ans contre les trafiquants. Pis, il y a aussi une insuffisance de peines de confiscation dans les décisions judiciaires. On note, par ailleurs, une absence d’enquêtes financières parallèles pour atteindre les avoirs des trafiquants.La Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière signale, en outre, que les plaintes des migrants objets de trafic et la dénonciation des départs et tentatives de départs par mer, sont les modes de saisie de la justice les plus usités. La protection de l’identité́ et la prise en charge du migrant objet de trafic qui font défaut sont des problèmes soulevés par le document. Une autre difficulté est que les nouvelles techniques d’enquêtes spéciales adoptées ne sont pas aussi suffisamment appliquées.LES MIGRANTS MAJORITAIREMENT DES JEUNES DE 25 À 35 ANS, DE SEXE MASCULIN, SANS QUALIFICATION, NI FORMATION, ORIGINAIRES DU MONDE RURALLe trafic illicite de migrant est plus présent dans les zones frontalières et côtières (Mbour, Saint-Louis, Ziguinchor, Kolda et Fatick) et les régions de longue tradition migratoire (Louga, Kédougou et Matam). Sur le profil migratoire, les consultations révèlent que les migrants sont majoritairement des jeunes de 25 à 35 ans, de sexe masculin, sans qualification, ni formation, venant du monde rural. Des élèves, étudiants et femmes s’adonnent aussi à ces aventures périlleuses, de même que des mineurs.L’itinéraire aérien reste dominé par la fraude documentaire, aux moyens d’usurpation d’identité́, de falsification, de contrefaçon ou d’altération de documents de voyage. La migration irrégulière par voie maritime occupe la première place des flux migratoires. On note un faible taux de détection des faux documents de voyage par rapport au nombre de personnes interpellées du fait que les candidats à l’émigration irrégulière ont tendance à dissimuler ou détruire leurs documents d’identité́.

Fatou NDIAYE

SUDQUOTIDIEN

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