Licences de pêche: un dialogue de sourds
Le Ministre des Pêches et de l’Économie Maritime (MPEM) a convoqué le 19 juillet dernier les membres de la Commission Consultative d’Attribution des Licences de Pêche (CCALP) pour se prononcer par rapport aux demandes de licence de neuf (9) nouveaux bateaux de pêche industrielle ciblant les ressources de petits pélagiques. Certains acteurs de la pêche disent niet à l’attribution de ces licences à des bateaux étrangers alors que la commission n’a même pas fourni les conclusions de ces travaux. L’attribution de ces nouvelles licences ne va-t-elle pas faire perdurer la crise que traverse déjà le secteur ?
La pêche est une des mamelles de l’économie sénégalaise avec une contribution de plus de 200 milliards de francs et plus de 600 mille emplois directs et indirects. Mais le secteur fait l’objet de nombreuses controverses dont l’attribution de licences de pêche à des navires présumés étrangers par le ministère de la Pêche et de l’Economie maritime (MPEM). Selon les acteurs, des navires bénéficiaires de ces licences sont déclarés sous pavillon sénégalais à travers des intermédiaires locaux alors que leurs véritables propriétaires sont des Turcs ou des Chinois. Des opérations de fraude sont souvent dénoncées par le Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes). Elles consistent pour certains navires étrangers «sénégalisés» à procéder à des exportations de produits dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en profitant du label sénégalais. Ce qui leur donne droit à certains avantages dont l’exonération de droits de douane. Pour une plus grande transparence dans le secteur, les acteurs demandent à l’Etat de divulguer l’identité des bateaux qui sont autorisés à pêcher au Sénégal avec une licence en bonne et due forme. Ce qui n’a toujours pas été fait.
Le 19 juillet dernier, le Ministre d es Pêches et de l’Économie Maritime (MPEM) a convoqué les membres de la Commission Consultative d’Attribution des Licences de Pêche (CCALP) pour se prononcer par rapport aux demandes de licence de neuf (9) nouveaux bateaux de pêche industrielle ciblant les ressources de petits pélagiques (Yaboy, Diaye, Cobo, etc.). Une tâche qui risque d’être très difficile pour les membres de la commission. Car, les conclusions de leurs travaux seront probablement controversées. En effet, la délivrance des licences de pêche a toujours fait l’objet de polémique de la part des acteurs du secteur au Sénégal. Selon la Plateforme des Acteurs de la Pêche Artisanale du Sénégal (PAPAS), l’introduction de nouveaux bateaux dans la pêcherie de petits pélagiques serait une catastrophe biologique, économique, sociale et culturelle et va contribuer à «racler» le peu de poissons restants pour faire vivre les Sénégalais. Elle rappelle ainsi aux Autorités et aux membres de la commission, que conformément aux recommandations de la Recherche (CRODT, COPACE /FAO) et au principe de précaution, aucune licence de pêche ne doit être accordée à de nouveaux navires de pêche industrielle ciblant des espèces pleinement exploitées, voire surexploitées. En effet, la gestion durable des ressources halieutiques que tous les textes en vigueur prônent ne rime pas avec l’octroi de licences de pêches ou toutes autres formes d’autorisation sur des espèces surexploitées.
NDEYE AMINATA CISSE
SUDQUOTIDIEN