Vers une autorisation de NTG dans l’UE, afin d’assurer la sécurité alimentaire?

On les appelle « NTG » pour nouvelles technologies génomiques. Pour l’instant, ils sont classifiés comme OGM et donc soumis aux mêmes restrictions dans l’Union européenne (UE), concernant leur culture. Mais ces nouvelles techniques génomiques pourraient, selon la Commission européenne, aider à assurer la sécurité d’approvisionnement alimentaire de l’Europe. L’UE a donc proposé d’en autoriser certains. Cette proposition n’est qu’une première étape, mais elle provoque déjà des remous politiques.   

Avec notre correspondant à Bruxelles, 

Selon leurs partisans, les nouvelles techniques génomiques ressemblent à ce que font depuis toujours les agriculteurs en croisant des espèces parentes. L’espoir est de créer des plantes plus adaptées aux besoins ou aux milieux, comme du blé à faible teneur en gluten ou du maïs avec des tiges plus courtes qui consommerait de ce fait moins d’eau et d’engrais et aurait moins de prise au vent.

Dans les projets, voire quelquefois dans le commerce, on a déjà au Japon des tomates ultra-vitaminées ou bien des feuilles de moutarde moins amères déjà disponibles aux États-Unis et bientôt au Canada ou encore des bananes qui ne noircissent pas aux Philippines. Cela provoque l’enthousiasme de la Commission européenne qui y voit l’avenir de la sécurité alimentaire de l’Union européenne avec en particulier l’augmentation des rendements ou la réduction des besoins en eau.

« À de nombreux égards, les nouvelles techniques génomiques peuvent donner les mêmes résultats que la sélection naturelle et conventionnelle ou les croisements ciblés, mais avec beaucoup plus de rapidité, de précision et d’efficacité, explique Frans Timmermans, commissaire européen chargé du Pacte vert. Si, dès le départ, une plante est plus résistante aux sécheresses ou aux parasites, elle peut supporter des conditions climatiques de plus en plus extrêmes et avoir besoin de moins de pesticides pour pousser et produire des aliments. »

Des NTG naturelles ? 

L’argument principal des partisans des nouvelles techniques génomiques, c’est qu’elles seraient en quelque sorte naturelles. Les deux mots-clefs sont mutagenèse et cisgenèse. Ces termes techniques signifient qu’avec les NTG, on apporte des modifications au sein de la même famille végétale ou des plantes génétiquement compatibles.

On ne va pas chercher ailleurs des caractéristiques désirables ; on se contente de favoriser celles qui existent. L’argument est donc que les nouvelles techniques génomiques s’apparentent aux croisements faits par les agriculteurs depuis toujours, ou encore à de la sélection naturelle que l’on se contenterait d’accélérer. C’est le contraire, dit-on à Bruxelles, de la transgenèse qui est la base des OGM et qui consiste à aller chercher du matériel génétique dans des plantes qui ne sont pas compatibles dans la nature.

Mais la proposition est à peine sur la table qu’elle provoque déjà un vif débat politique. Cette proposition atterrit directement dans une ligne de fracture politique entre, d’une part, à droite ceux qui y voient de nouvelles opportunités pour l’agriculture, et d’autre part, à gauche, ceux qui accusent la Commission européenne, de renoncer au principe de précaution.

Les débats politiques risquent d’être houleux au Parlement européen où ils vont se greffer sur la bataille rangée déjà en cours au sein du Parlement, à savoir la loi sur la restauration de la nature. Ce texte sur la remise en état des écosystèmes oppose droite et gauche, et met face-à-face l’agriculture et l’environnement depuis que le président français Emmanuel Macron a préconisé une pause règlementaire sur les normes environnementales.

SOURCE RFI

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