Djihadismes – La Minusma plie bagage le 31 décembre : Le Sénégal monte au front de la lutte

Après 10 ans de présence, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) va faire ses bagages. Après Barkhane et la force européenne, le gouvernement malien a demandé, officiellement, pour la première fois, le départ de la Minusma le 31 décembre prochain. Goïta gagne une bataille, mais va-t-il réussir à remporter la guerre contre les djihadistes ?

Par Justin GOMIS – Le 31 décembre prochain, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minus­ma) va quitter le sol malien. Le Conseil de sécurité de l’Onu a accédé à cette demande des autorités de Bamako en adoptant, à l’unanimité, la résolution 2690 (2023). Elle autorise la Minusma, jusqu’au 30 septembre 2023, à répondre aux menaces imminentes de violence contre des civils et à contribuer à l’acheminement de l’aide humanitaire sous la direction de civils. Après, elle va commencer la cessation de ses opérations et le transfert de ses tâches, ainsi que la réduction et le retrait de son personnel afin que le processus soit achevé le 31 décembre 2023. Si la liquidation de la Minusma ne commencera que le 1er janvier 2024, une unité de garde sera maintenue pendant la durée de ce processus afin de protéger le personnel, les installations et les biens de la Mission.

Si la France qui a présenté la résolution ce 30 juin, après que Mali avait demandé le retrait «sans délai» de la Minusma le 16 juin dernier, n’a pas fait de commentaires, les Etats-Unis ont eu une position tranchée sur la question après avoir regretté une demande précipitée. Washington a qualifié «d’inacceptables» les mesures prises par les autorités de la Transition ces derniers jours visant à bloquer les importations de la Minusma, avertissant qu’elles pourraient saper la sécurité des Casques bleus. La délégation s’est également inquiétée des risques de détournement des matériels et avoirs de la Minusma au profit d’organisations extrémistes ou du Groupe Wagner. Alors que la Russie s’est félicitée de la décision du Conseil de répondre unanimement à la requête du Mali, qui «a pris une décision souveraine pour assurer la sécurité et la protection de sa population civile».

Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers le Mali dont l’effondrement aura un impact sur une bonne dizaine de pays. Pour Bamako, le basculement géostratégique se poursuit, alimenté surtout par la montée des nationalistes qui voient d’un mauvais œil la présence de militaires étrangers sur leur territoire. Ce sentiment est entretenu par la junte, qui s’est éloignée des partenaires dits traditionnels maliens. En 2022, avec un propos revendicateur, les autorités de la Transition malienne annonçaient leur retrait des «organes du G5 Sahel, y compris la Force conjointe». Cette décision, qui frappe la Minusma, montre la volonté clairement affichée de la junte de confier exclusivement les clés de son écosystème sécuritaire aux paramilitaires de Wagner. Son déploiement au Mali a stupéfait la Communauté internationale qui les accuse, ainsi que les Fama, d’avoir commis des exactions sur des civils maliens. Après la rébellion avortée de Prigogine, contraint à l’exil, le démantèlement de Wagner par Moscou a commencé, car une partie des troupes devait être avalée par l’Armée russe. Ce qui n’a pas poussé les colonels au pouvoir à Bamako, qui entretiennent un discours souverainiste, à revenir sur leur décision de mettre les Casques bleus dehors.

Il faut savoir que la Minusma, créée en 2013 pour aider à stabiliser un Etat menacé d’effondrement sous la poussée djihadiste, protéger les civils, contribuer à l’effort de paix, défendre les droits humains, composée de 60 pays contributeurs, est l’opération la plus périlleuse pour les soldats de la paix. Depuis son installation en 2013, près de 400 Casques bleus y ont perdu la vie au service de la paix.


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