Réfugiés Europe: quand des entreprises s’engagent à recruter

Ce mardi c’est la Journée mondiale des réfugiés. Une quarantaine d’entreprises, réunies à Paris lundi, se sont engagées à recruter ou à former des réfugiés. Parmi elles le géant américain du commerce en ligne Amazon, les chaînes d’hôtel de luxe Hilton et Marriott. Certaines voix regrettent tout de même que ces annonces se concentrent sur les réfugiés ukrainiens aux dépens des autres.

A l’initiative de ce mini sommet à Paris, l’organisation Tent Partnership for refugees fondée par Hamdi Ulukaya, un homme d’affaires turc lui-même réfugié de longue date aux Etats-Unis et aujourd’hui à la tête d’une multinationale du yaourt, Chobani. Time Magazine l’avait sélectionné en 2017 parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde. 

Au total les promesses des entreprises portent sur un peu plus de 13 000 embauches fermes sur trois ans en Europe. Ces promesses, qui doivent permettre de répondre aux « pénuries de main-d’oeuvre » alors que « l’Europe fait face actuellement à sa plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale » avec l’exode généré par le conflit en Ukraine, constituent « l’ensemble d’engagements le plus important jamais pris par des entreprises pour faire progresser l’intégration économique des réfugiés », d’après Tent.

Tous les réfugiés ne sont pas égaux

Gideon Maltz dirige aujourd’hui l’ONG. Cet ancien de l’administration Obama nous en explique le principe, au micro de Nathanaël Vittrant, du service économie. « Ce que le récent naufrage en Méditerranée a montré, c’est que quand il est difficile pour les gens de se rendre légalement en Europe, ils choisissent des routes dangereuses. En poussant les entreprises à intégrer des réfugiés qui sont déjà sur le sol européen, notre objectif est de montrer qu’ils contribuent de manière extraordinaire à l’économie et à la société, et à pousser l’Europe à laisser entrer plus de réfugiés par la voie légale. »

Mais attention, nuance Marie-Christine Vergiat, vice-présidente de la Ligue des Droits de l’homme. « Toutes les initiatives en ce domaine sont de bonnes initiatives, mais… aujourd’hui, ceux que l’on distingue -et le cas des Ukrainiens le montre très très bien- c’est ceux qui ont la bonne couleur de peau, la bonne religion ; (pour ) ceux qui viennent d’Afghanistan, d’Iran ou du Soudan, on n’a aucun doute sur la situation dans leur pays et pourtant il y a des entorses par rapport à leur droit à être reconnu comme réfugiés ».

Un biais dont l’ONG est consciente. « En nous focalisant d’abord sur les réfugiés ukrainiens, nous espérons qu’à long terme cela bénéficiera aussi aux réfugiés syriens, afghans, iraniens… et à tous les autres », répond Gideon Maltz.

Il reste du travail : d’après un sondage de Bpifrance, publié lui aussi hier lundi 19 juin, malgré la pénurie de main d’œuvre, moins d’un patron de petite ou moyenne entreprise sur trois envisage de recruter des étrangers, qu’ils soient ou non réfugiés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *