Les ministres de la Défense de l’Otan préoccupés par le sort des armes occidentales en Ukraine

Les 31 ministres de la Défense de l’Otan sont réunis depuis hier, jeudi 15 juin, au siège de l’Alliance atlantique pour préparer leur sommet de Vilnius en juillet. Ils débattent de l’avancement de la candidature suédoise, toujours bloquée par la Turquie, et de l’Ukraine. Pour les alliés, le sort des armes dans la contre-offensive ukrainienne est un sujet de préoccupation majeure. 

Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet

Les 31 ministres de la Défense de l’Otan ont accueilli, jeudi 16 juin, leur homologue ukrainien, Oleksiy Reznikov, pour évoquer avec lui l’aide pratique à son pays en soutien à la contre-offensive actuelle, mais aussi à plus long terme les perspectives d’adhésion de Kiev à l’Alliance qui doivent être débattues à Vilnius. Pour les alliés, l’important, c’est aussi le sort des armes ukrainiennes dans leur contre-offensive enfin lancée.

Le ministre ukrainien de la Défense a demandé à ses homologues de l’Otan des blindés, des armes antichars et des munitions. Les requêtes d’Oleksiy Reznikov tranchent avec l’époque où l’Ukraine demandait des batteries de missiles antiaériens, puis des chars et enfin des avions. Désormais, il faut réussir la contre-offensive et ce qui compte, c’est de pouvoir utiliser le matériel déjà disponible.

 « Ceci est une guerre. Donc, nous savons qu’il y aura toujours des pertes en équipement et en véhicules sur le champ de bataille. Je crois que les Russes nous ont montré les cinq mêmes véhicules environ un millier de fois, vus de dix angles différents. Mais franchement, les Ukrainiens ont encore beaucoup de moyens de combat, estime Lloyd Austin, secrétaire à la Défense des États-Unis. Je crois que l’élément qui s’en sort le mieux en termes de durabilité aura probablement l’avantage au bout du compte. L’important est que les Ukrainiens aient la capacité de récupérer les équipements endommagés, les réparer si possible, et remettre ces équipements au combat. »

La plupart des matériels qui ont été transférés à l’Ukraine ne sont pas les plus pointus technologiquement.

Ulrich Bounat, spécialiste de Défense

Achim Lippold

Pour les ministres de la Défense, il faut garantir aux Ukrainiens la « continuité », pour qu’ils puissent poursuivre le combat et recevoir les munitions pour les armements déjà présents. La maintenance opérationnelle des véhicules et des systèmes d’armes fournis à l’Ukraine est devenue primordiale pour l’Otan.

« La guerre en Ukraine met en relief la perte de capacité industrielle des Occidentaux » 

Pour Ulrich Bounat, spécialiste des questions de défense, la guerre en Ukraine est aussi une lutte industrielle pour la production d’armes. « Les Occidentaux ont fournit plusieurs centaines de chars. Ils ont fourni plusieurs milliers de blindés. Donc, il est peu probable que les Occidentaux soient capables à très court terme de fournir autant d’armes lourdes et de blindés à l’Ukraine. C’est probablement quelque chose qui demanderait plusieurs mois s’il fallait fournir à peu près les mêmes quantités. C’est la raison pour laquelle finalement, cette contre-offensive est un petit peu présentée comme “un fusil à un coup”. Les Ukrainiens et les occidentaux savent très bien que, si jamais cette contre-offensive ne menait à rien, il faudrait plusieurs mois, pour arriver à rééquiper neuf brigades blindées comme elles l’ont été grâce à l’aide l’occidentale. Finalement, la guerre en Ukraine met en relief la relative perte de capacité industrielle des Occidentaux et notamment des Européens à pouvoir produire du matériel militaire en grande quantité. Sur la dernière dizaine d’années au moins, les Européens ont été ont cherché à réduire les coûts par tous les moyens au niveau militaire. Donc, il y a eu une perte très forte de la capacité de production, et c’est ce qu’on voit aujourd’hui. » 

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