Critiquée par le G7, la Chine dénonce un «battage médiatique»
Lors de son sommet à Hiroshima, au Japon, le G7 a appelé la Chine à « ne pas mener d’activités d’ingérence » dans ses pays membres et a exprimé ses « préoccupations » en matière de droits de l’homme « notamment au Tibet et au Xinjiang », dans un communiqué. Et le message a été mal reçu en Chine où l’ambassadeur du Japon a été convoqué pour expliquer ce que Pékin qualifie de « battage médiatique autour des questions liées à la Chine ».
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
« Non à l’impérialisme du G7, non à la guerre », disent les slogans entendus à cette manifestation de la gauche japonaise multi-diffusée par la télévision et radio centrale de Chine. « Sous un soleil brulant comme le feu, ils sont venus dire non à la guerre », rapportent encore les envoyés spéciaux de l’agence Chine Nouvelle à Hiroshima, décrivant un cortège hétéroclite rassemblé « dans le parc de Fukurocho non loin du site de la bombe atomique. Parmi la foule se trouvent des étrangers de différentes couleurs de peau, des vieillards aux cheveux gris et des jeunes de bonne humeur portant des casques. »
Pour tous les médias d’État chinois, même combat : « le G7 a été trop loin », affirme un spécialiste japonais des relations internationales. Autrement dit, la réunion des sept pays les plus riches serait sortie de ses prérogatives.
« Vif mécontentement »
Une récrimination contenue dans la protestation solennelle et le « vif mécontentement » adressés à Tokyo dimanche soir par le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Sun Weidong. Le message a été transmis directement à l’ambassadeur du Japon à Pékin, Hiedo Chui, dont les oreilles ont dû siffler hier soir : « Le Japon devrait corriger sa compréhension de la Chine », a menacé le haut diplomate chinois, alors qu’au moins six ressortissants japonais en Chine ont été arrêtés et accusés d’espionnage depuis 2015.
Le diplomate a également remis une couche au passage sur le « Groupe des 7 », déjà accusé le mois dernier de « calomnier et de vouloir salir » la Chine. Pour le régime chinois, que ce soit à propos de Taïwan, Tibet, Xinjiang et Hong Kong, le G7 se mêle de ce qui ne le regarde pas et serait obsédé par une logique de guerre froide.
Avec le G7, le Japon réaffirme sa volonté de devenir un acteur international clé et veut faire le pont entre pays développés et pays du Sud
Le sommet du G7 d’Hiroshima, rehaussé de la présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky, constitue un succès diplomatique considérable pour son pays hôte. Le Japon confirme sa volonté de jouer un rôle international plus actif. Aux yeux de Tokyo, l’invasion russe de l’Ukraine est devenue une confrontation entre les autocraties russes et chinoises et les démocraties et concerne un Sud global non aligne invité à Hiroshima par un Japon soucieux de rapprocher les pays émergents des États-Unis et de l’Union européenne.
Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
En invitant le G7 à Hiroshima, sa ville natale, victime du premier bombardement atomique de l’histoire, le premier ministre Fumio Kishida a averti que le pire pourrait se répéter, car la Russie menace d’utiliser la bombe atomique contre l’Ukraine.
En insistant pour que Volodymyr Zelensky vienne à Hiroshima, le chef du gouvernement japonais a rappelé que ce qui se passe en Ukraine peut se reproduire en Asie si la Chine décide d’envahir Taiwan. L’invasion russe de l’Ukraine a un caractère global. Elle ne se limite pas à l’Europe.
En incluant au sommet du G7 les principaux dirigeants du Sud global – notamment ceux de l’Inde, du Brésil et de l’Indonésie -, Fumio Kishida a cherché à réduire le fossé qui s’est creuse entre eux et l’Occident depuis la guerre en Ukraine, à cesser de tergiverser entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.
Tous les regards du Japon se sont tournés vers le président ukrainien. Les Japonais se sentent solidaires de l’Ukraine, car dans leur region, ils sont confrontés à une triple menace : celles de la Chine, de la Russie et de la Corée du Nord, Toutes dotées de l’arme atomique.