Recensement général du Sénégal : LA PEULEMIQUE

Dans les trois départements du Fouta comme au niveau de ses ressortissants dans les autres régions du Sénégal, des voix commencent à s’élever contre l’ethnonyme qui leur est attribué pour le prochain Recensement général de la population et de l’habitat. En plus d’une correspondance envoyée au Directeur général de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) par l’organisation Tabital Pulaar, des rassemblements sont programmés, des publications sur les réseaux sociaux fleurissent pour montrer leur désaccord sur certaines appellations dans les fiches d’enquête du 5ème Recensement général de la population et de l’habitat.

Par Demba NIANG – L’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) aurait voulu se passer de la polémique. A la veille du 5ème Recensement général qui débute le 15 mai, elle est engluée dans un débat sur l’ethnonyme pulaar. Le 26 avril passé marque le début de la formation d’une dizaine de jours pour les agents recenseurs, mais aussi le début des contestations des populations du Fouta, des ressortissants et de sa diaspora contre certaines appellations liées à l’ethnonyme dans les fiches d’enquête du 5ème Recensement général de la population et de l’habitat. Ainsi, la polémique, qui risque de plomber le 5ème Recensement général de la population et de l’habitat, se trouve à la page 31 du manuel de l’agent recenseur. Il a été mentionné : «En outre, il est à noter que l’expression Foulbé renvoie au grand groupe des Halpulaar, raison pour laquelle chaque modalité concernée est précédée de l’intitulé principalement des Fulas, Laobés, Peuls et Toucouleurs. Cette phrase vulgarisée dès le premier jour de la formation des agents recenseurs ne laisse pas indifférentes les populations du Fouta, qui se voient «divisées en 4 ethnies différentes», car pour elles, le recensement «a choisi les castes au lieu de l’ethnie principale». Les premières dénonciations de ce que les populations du Fouta ont appelé «la fragmentation de l’ethnie peule» ont été faites sur les réseaux sociaux. De fil en aiguille, le mouvement «Komi Pullo, demngalam ko Pulaar» (Je suis Peul et ma langue c’est le pulaar) a pris forme au-delà de la dimension virtuelle. De simples challenges sur les réseaux sociaux, les populations se sont approprié ce qui est presque un mot d’ordre de contestation et risque de créer des troubles au démarrage du recensement, car peu à peu, cela devient une affaire de tous. Depuis quelques heures, une pétition pour invalider le questionnaire de l’Ansd circule sur les réseaux sociaux…

D’ailleurs, le président de l’association Tabital pulaagu Sénégal, Fary Silate Ka, a adressé une correspondance au Directeur général de l’Ansd, dans laquelle il indique : «Au nom de tous nos membres, je viens par la présente soumettre à votre haute bienveillance, une préoccupation majeure par rapport à l’identification de l’ethnie ou communauté peule au Sénégal dans le cadre du Recensement général de la population et de l’habitat.» En déplorant que l’ethnonyme indiqué dans le recensement relève de «caste ou de clan dans la communauté peule au Sénégal», le professeur Ka écrit : «Nous proposons donc que l’unique ethnonyme Fulbe, sans appendice ni spécification de caste, soit listé avec les autres ethnonymes du Sénégal, à commencer par le prochain 5ème Rgph.»

Au niveau de la diaspora, les réseaux et les voix autorisées s’activent pour «une rectification d’erreur sur leur ethnonyme» qui soulève beaucoup de critiques dans la communauté pulaar. Pour l’instant, il est prévu des discussions dès ce matin pour essayer de trouver un meilleur questionnaire.

Les précisions de l’Ansd

Joint par téléphone dans la soirée d’hier, Abdou Diouf, Directeur général adjoint de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, explique que l’agence a organisé des ateliers autour de la question en y invitant des anciens de la communauté, d’où est venue la proposition de la modalité «Foulbé». «Nous nous sommes aussi référés, dit-il, au recensement de 2013 et nous avons retenu les occurrences les plus fréquentes.» II informe qu’au recensement de 2013, pour la même ethnie, des informations variaient d’un ménage à un autre. «C’est dans le souci de bien compter et ne pas diminuer une ethnie. En tant que statisticiens, on ne veut sous-estimer», précise M. Diouf. Il rappelle que des concertations sont menées avec des responsables de la communauté. Après avoir reçu le président de Tabital pulaagu Sénégal, ajoute-t-il, un rendez-vous est pris avec les étudiants fulbés de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il faut savoir que le 5ème Recensement général de la population et de l’habitat débute le 15 mai.


Correspondant LEQUOTIDIEN

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