Pourquoi la guerre au Soudan n’arrange pas les affaires de la Russie

Si les affrontements entre Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Hamdan Dogolo (dit « Hemetti ») et les forces armées d’Abdel Fattah al-Burhane font rage au Soudan depuis le 15 avril dernier, ce conflit interne pourrait être le théâtre d’influences extérieures. La Russie, qui a noué des relations privilégiées avec le pays, pourrait voir ses projets de coopération politique, économique et militaire menacés.

Si les affrontements entre Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Hamdan Dogolo (dit « Hemetti ») et les forces armées d’Abdel Fattah al-Burhane font rage au Soudan depuis le 15 avril dernier, ce conflit interne pourrait être le théâtre d’influences extérieures. La Russie, qui a noué des relations privilégiées avec le pays, pourrait voir ses projets de coopération politique, économique et militaire menacés.La Russie a fait du Soudan une de ses portes d’entrée vers le continent africain. Chercheur et spécialiste des conflits armés en Afrique, Roland Marchal rappelle que les relations entre Moscou et Khartoum « remontent à l’Union soviétique ». Après la chute de l’URSS en 1991, la Russie va prêter moins d’attention à ses relations avec le continent africain et par conséquent avec le Soudan.En 2000, Vladimir Poutine prend la tête de la Russie et relance les relations entre les deux pays.En 2003, le conflit au Darfour (à l’ouest du Soudan), oppose les tribus noires non arabophones et les tribus arabes dont sont issus les milices Janjawids. L’armée soudanaise s’appuie sur ces milices pour mater la rébellion dans une guerre particulièrement meurtrière, qui a fait 300 000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés.On soupçonne Moscou d’avoir violé l’embargo de l’ONU et d’avoir fourni des armes au régime en place, tout en sachant qu’une bonne partie sera sûrement utilisée pour commettre des violations des droits de l’homme au Darfour. De son côté, la Cour pénale internationale ouvre une enquête sur le Darfour.La Russie, alliée d’el-BéchirOmar el-Béchir, est à la tête du pays depuis 1996 le dirige d’une main de fer. Suspecté de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour, il est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI en 2009.Le dirigeant s’en remet au Kremlin, dont il devient un allié. Mais on peut réellement dater le « retour en force des Russes au Soudan à 2015 » selon Roland Marchal. Un an après l’annexion de la Crimée par la Russie, au détriment de l’Ukraine, le Soudan reconnaît le territoire comme étant russe.

« Omar el-Béchir, excédé par ses contacts avec l’Occident, essaye de trouver d’autres interlocuteurs et la Russie en est un, notamment sur le plan de l’armement », précise le sociologue.En 2017, la Russie et le Soudan signent un accord pour la création d’une base navale russe sur les côtes soudanaises. Elle doit permettre d’accueillir 300 hommes et jusqu’à quatre navires de guerre.Pour Roland Marchal, ce compromis est particulièrement stratégique pour la Russie : « la mer Rouge est un lieu de passage important du commerce international ». Port-Soudan, où doit être installée la base, concentre d’ailleurs 90% des exportations du pays.Pourtant, Khartoum laisse traîner le projet : « à chaque fois, côté soudanais, dans la communication officielle, on met en exergue l’opportunité que cela pourrait représenter, la réalité est que les Soudanais trouvent des arguments pour procrastiner et éviter de sauter le pas », précise Roland Marchal.

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