Groupe Mythique et Cinquantenaire : Orchestra Baobab, aux racines d’une légende musicale

Le Dakar du début des années 1970 bruissait de tous les vents culturels. Et les effluves du Festival mondial des Arts nègres de 1966, initié par le président-poète Léopold Sédar Senghor, étaient encore perceptibles dans l’air de la capitale du Sénégal qui venait de boucler sa première décennie d’indépendance. C’est dans cette atmosphère d’euphorie intellectuelle et artistique que naquit l’Orchestra Baobab. 

Dossier réalisé par Modou Mamoune FAYE 

L’aventure du Baobab a commencé grâce à l’heureuse initiative et la belle idée de deux hommes : Adrien Senghor, homme politique et neveu du premier président du Sénégal (Léopold Sédar Senghor) et son ami, l’homme d’affaires Ousmane Diagne. Ensemble, ils ont recruté les meilleurs chanteurs et instrumentistes de l’époque : le guitariste togolais Barthélémy Atisso venu poursuivre ses études de Droit à Dakar, le clarinettiste nigérian Peter Udo, le guitariste d’origine marocaine Mohamed Latfi Benjelloun, ainsi que les Sénégalais Issa Cissokho, Abdoulaye Mboup, Médoune Diallo, Ndiouga Dieng, Charly Ndiaye, Mountaga Koité, Thione Seck, Balla Sidibé, Rudy Gomis… qui, plus tard, vont faire de ce groupe l’un des meilleurs en Afrique.

Au tout début, l’orchestre jouait dans le bar-dancing Le Baobab, situé à la rue Jules Ferry, qui lui a donné son nom. C’est en 1978 que les musiciens décidèrent de « wolofiser » leur nom en adoptant celui de Gouy gui. « À l’époque, nous avions déménagé au Diander Night-club avec Attisso, Issa, Balla…, mais sans Thione et Ndiouga restés à la rue Jules Ferry », nous confie Mountaga Koité, qui s’est prêté à nos questions avec joie et empressement.

Dans une interview accordée à la radio française Nova, il y a quelques années, il racontait qu’avant de rejoindre le groupe, Balla Sidibé et Rudy Gomis étaient au Palladium, puis au Miami de Dakar. Du fait de ses membres expérimentés et provenant d’horizons divers, la musique du Baobab prit d’autres tournures avec l’introduction de sonorités jazz et blues, notamment grâce au virtuose Attisso qui adorait écouter le guitariste français comme Django Reinhardt.

NUITS CHAUDES DAKAROISES 

L’itinéraire du groupe a été jalonné de moments joyeux, mais aussi difficiles, faits de galères et de déconvenues. En 1985, l’orchestre se disloqua et chaque musicien partit évoluer ailleurs, en solo ou dans d’éphémères formations. « C’était la période durant laquelle nous évoluions au Ngalam, la boîte de nuit située dans le quartier du Point E. Le guitariste Barthélémy Atisso décida de continuer ses études de Droit, Rudy Gomis travaillait au Corps de la Paix…Ainsi, Charlie Ndiaye et Balla Sidibé étaient pratiquement les seuls à être restés pour essayer de maintenir la dynamique, mais ça n’avait pas tellement duré », se souvient Mountaga Koité. Avant d’être le toumbiste (sorte de percussionniste) attitré du groupe, il avait évolué au sein des Ballets africains et se produisait à la Maison des Jeunes de Dakar. Il se souvient, comme si c’était hier, d’un disque enregistré au night-club Ngalam vers la fin des années 1970 par un technicien du nom de Moussa Diallo. Ce produit a circulé un peu partout dans le monde, de l’Europe aux Usa et, des décennies plus tard, leur a permis de signer avec le label World Circuit du producteur britannique Nick Gold.

L’Orchestra Baobab a été l’un des premiers groupes sénégalais à enregistrer au Golden Baobab, le studio situé en plein cœur de Dakar qu’avait mis sur pied Francis Arfang Senghor, fils du président Senghor et féru de musique. Dans ses compositions très avant-gardistes, on sentait déjà des influences jazzy, soul et afro-cubaines, mâtinées de rythmiques sénégalaises. Ses musiciens étaient considérés comme des seigneurs qui régnaient en maîtres (aux côtés du groupe rival Number One) sur les nuits chaudes dakaroises des années 1970 et 1980. Il a fallu l’irruption fulgurante d’un Youssou Ndour avec son mbalakh trépident et du Super Diamono du crooner Omar Pène pour les « détrôner ». Une génération disparaissait au profit d’une nouvelle dont le succès coïncidait avec l’arrivée du support d’enregistrement des cassettes (qui remplaça les disques vinyles) et cette nouvelle vague que les critiques appelèrent world music. Paradoxalement, c’est Youssou Ndour qui contribua, bien des années plus tard, à remettre le Baobab sur la scène africaine et mondiale en favorisant le contact avec le producteur Nick Gold. Ce dernier leur fit enregistrer un album qui connut un succès fulgurant au début des années 2000 et relança leur carrière grâce à des tournées internationales.

CHARLIE PARKER, COLTRANE, DIZZY GILLESPIE, JAMES BROWN

L’histoire du Baobab épouse parfois les contours d’une saga familiale. Quand Mountaga Koité intégra le groupe, il y trouva son cousin Issa Cissokho (leurs mamans sont des sœurs de même père et même mère, comme on dit chez nous) qui y officiait comme saxophoniste. Leur famille a toujours été bercée par la musique, comme le raconte Thierno Koité (frère de Mountaga) qui a fait les beaux jours du Number One, l’autre grand orchestre dakarois des années 1970 et 1980 que d’aucuns considéraient comme le rival du Baobab. « J’ai été influencé par mon grand frère Diégo Koité qui jouait au Super Star avec Dexter Johnson et qui s’est plus tard établi à Marseille », se souvient-il. Il faut dire que les frères Koité avaient de qui tenir car leur oncle, Mamadou Sakho, était un as de la musique qui jouait presque tous les instruments : piano, clarinette, saxo, flûte… Il a influencé Diégo qui, à son tour, a déteint sur leur cousin Issa Cissokho. « Nous avons commencé la musique avec le Rio Orchestra qui se produisait au club des Trois Cocotiers, dans le quartier dakarois de Fass et j’étais le plus jeune saxophoniste du Sénégal à l’époque », se rappelle Thierno. Dans la maison, toute la fratrie était piquée par le virus de la musique. Dès les premières heures de la matinée, le foyer vibrait au son de Charlie Parker, John Coltrane, Dizzy Gillespie, James Brown…, dont les titres passaient en boucle sur le lecteur de disques vinyles.

Toute cette kyrielle de compositions éclectiques les a beaucoup influencés, eux et leurs copains de la même génération, et forgé leurs connaissances musicales. Même si on les comparait au Number One, l’autre géant de la musique sénégalaise de l’époque, les membres du Baobab estiment qu’il n’y avait pas de compétition entre les deux groupes. « Après les soirées dans nos boîtes respectives, nous nous retrouvions dans un bar-restaurant et échangions des idées et des expériences. Nous nous chambrions beaucoup et rigolions entre amis. À l’époque, nous ne gagnions pas beaucoup d’argent, mais étions heureux de jouer de la musique », se souvient Mountaga Koité avec nostalgie. Aujourd’hui, la nouvelle formation du Baobab est sous la houlette du chef d’orchestre Thierno Koité. Parmi ses musiciens, on y trouve le guitariste Yakhya Fall, un ancien du Number One, qui fait partie du groupe depuis plus de 15 ans, mais aussi de nouveaux venus tels que Malick Sy à la basse, René Bolero à la guitare solo, le percussionniste Moussa Cissokho qui vivait à Paris et qui a joué avec Mory Kanté et les Touré Kunda. « Nous avons comme manager Badou Bèye, un vrai battant, et notre dynamique tour-manager Omar Sow. Le prochain album est fin prêt et il ne reste que l’enregistrement qui se fera bientôt », se réjouit Mountaga Koité.

Dans ce produit, le public découvrira la touche de la nouvelle génération. Qu’en est-il de l’avenir de l’orchestre ? Selon lui, seul Dieu sait ce qu’il adviendra du Baobab dans les années à venir, mais il estime que les aînés ont bien marqué leur temps. « La nouvelle génération est en train de tenir haut le flambeau afin qu’il ne s’éteigne jamais », explique-t-il. L’Orchestra Baobab est devenu un patrimoine pour le Sénégal et pour l’Afrique, à l’instar d’autres groupes mythiques comme le Bembeya Jazz de Guinée et l’Orchestra Aragon de Cuba. Comme l’arbre duquel il tire son nom, il a ses racines profondément ancrées dans les entrailles du continent et offre ses feuilles et fruits à tous ceux qui veulent… s’abreuver à la bonne source musicale.

MOUNTAGA KOITÉ, BATTEUR, TIMBALISTE ET TOUMBISTE

« En cinq décennies, nous avons fait plus de dix fois le tour du monde » 

En 1974, Mountaga Koité avait rejoint le Baobab en même temps que le chanteur Thione Ballago Seck. On les appelait les benjamins du groupe. Près de 50 ans plus tard, ce batteur, joueur de timbales et de toumbas revient sur son cheminement dans l’orchestre mythique qui a façonné une bonne partie de l’histoire de la musique sénégalaise.

Mountaga Koité conserve toujours cette bonhomie qui fait de lui l’un des musiciens les plus sympathiques de l’Orchestra Baobab. En discutant avec ce monstre sacré, on sent sa joie de vivre communicative et sa soif de transmettre tout ce patrimoine musical, ces souvenirs et cette grande expérience glanée au fil des cinq décennies passées au sein du groupe mythique dakarois qu’il a intégré en 1974, en même temps que son « jumeau », le regretté crooner Thione Ballago Seck, décédé en 2021. « À l’époque où je rejoignais le groupe, mon grand frère Issa Cissokho en était le chef d’orchestre », nous raconte-t-il. Ce fut un coup du destin, un heureux hasard comme la vie nous en réserve parfois. Le joueur de toumba du groupe devait partir en France et il fallait lui trouver un remplaçant. « Issa m’a fait la proposition et je n’ai pas hésité à rejoindre l’orchestre qui évoluait au bar dancing le Baobab situé à la rue Jules Ferry. Thione et moi, on nous appelait les benjamins de l’orchestre », se souvient Mountaga Koité.
Il avait, dès le jeune âge, opté pour la musique et eut la formidable opportunité de tomber sur un grand groupe qui avait en son sein de talentueux musiciens tels que Barthélémy Atisso à la guitare solo, Charlie Ndiaye à la basse, Mohamed Latfi Ben Geloune à la guitare rythmique, les chanteurs Abdoulaye Mboup, Ndiouga Dieng, Médoune Diallo, Balla Sidibé et Thione Seck. « L’orchestre avait été créé par Adrien Senghor, neveu du président Léopold Sédar Senghor, et l’homme d’affaires Ousmane Diagne », rappelle-t-il.
En 1978, le Baobab effectue sa première tournée en France qui a duré sept mois. Au cours de cette pérégrination, il enregistre deux disques 33 tours vinyles : « On verra ça » et « Le Baobab à Paris ». Des productions qui, très rapidement, l’ont fait connaître en France, en Europe et un peu partout dans le monde. « C’est après notre retour de France que nous avons commencé à nous produire au Diander Night-Club. Depuis cette première tournée, en cinq décennies d’existence, nous avons fait plus de dix fois le tour du monde et joué aux États-Unis, au Mexique, au Japon, en Finlande, en Angleterre, en Australie et dans tant d’autres pays. Nous avons marqué de notre empreinte toutes les grandes salles et lieux de spectacles à travers la planète », poursuit Mountaga Koité.

« PIRATE CHOICE » 

Par un heureux concours de circonstances, en 2000, le producteur britannique Nick Gold, patron du label World Circuit, les contacte par l’intermédiaire de Youssou Ndour. Il avait découvert le groupe en écoutant « Pirate choice », un album composé de morceaux enregistrés entre 1978 et 1982 à Dakar et… « piratés » un peu partout en Europe et aux Usa. « C’est à partir de cette date que les membres du groupe se sont réunis à nouveau et ont recommencé à faire des tournées internationales. Ce fut un succès fulgurant et nous avons vécu de beaux moments ensemble, après toutes ces années de séparation. Le Baobab c’est comme une famille », raconte Mountaga Koité. Le génie de l’orchestre, c’est d’avoir réussi à créer sa propre sonorité reconnaissable entre mille. Durant sa longue carrière, le Baobab a joué avec des groupes mythiques tels que l’Orchestra Aragon, des musiciens iconiques comme Manu Dibango, Ibrahim Ferrer de Buena Vista Social Club, le célèbre guitariste Carlos Santana… « Lors d’une tournée, ce dernier n’avait pas hésité à quitter sa loge pour venir nous féliciter et offrir un collier à notre guitariste Atisso. C’était une soirée émouvante pour nous », se rappelle-t-il.

Modou Mamoune FAYE 

CHARLY NDIAYE, BASSISTE

« Les jeunes ont apporté un nouveau souffle »

Le grand bassiste Charly Ndiaye fait partie des premiers membres du Baobab. Cet homme, discret et professionnel jusqu’au bout des ongles, n’accorde presque jamais d’interview. Malgré le poids de l’âge et une retraite bien méritée, il a accepté de nous raconter ses débuts dans ce groupe mythique qui a récemment fêté ses 50 ans.

« J’ai rejoint le Baobab dans les années 1970. Ceux qui ont formé l’orchestre, au nombre de trois, étaient des amis qui jouaient presque tous au Miami, du nom du groupe et de la fameuse boîte de nuit d’Ibra Kassé », se souvient le bassiste Charly Ndiaye. Plus tard, ces musiciens ont quitté pour former le Baobab, en 1970, alors que lui, intégrait le Miami. « J’allais les voir jouer durant mes soirs de repos et, un jour, le joueur de toumba, mon ami Moussa Kane, a dit au bassiste Sidate Ly : tu sais Grand, mon ami Charles est aussi bassiste ». À l’époque, Sidate, qui était d’une famille religieuse, avait atteint un âge où il voulait arrêter la musique. « Il a demandé à mon ami si j’étais vraiment sérieux pour intégrer le Baobab », poursuit Charly Ndiaye. C’est ainsi qu’il a commencé à remplacer Sidate Ly de temps à autre avant d’intégrer finalement l’Orchestra Baobab. « J’étais très motivé car ils étaient tous des amis et je n’avais pas de problème d’intégration. Cela s’est fait le plus simplement du monde », se souvient-il.

En évoquant son parcours au sein du doyen des groupes sénégalais, de beaux souvenirs remontent et défilent dans sa tête, comme ces grands bals de fin d’année qu’ils animaient. Ou ces sorties de promotion de certains corps comme la police ou la gendarmerie. Il se rappelle aussi les grandes tournées à travers le monde durant lesquelles les musiciens étaient toujours ensemble, jouant de la belle musique et mordant la vie à pleines dents. « Il y a, hélas, des souvenirs moins heureux comme la perte successive de tous ces amis partis à jamais », regrette-t-il. Mais, selon lui, avec la persévérance de ceux qui sont encore là, le talent et le sérieux des jeunes qui les ont rejoints (Papino le fils de Mountaga, Alpha l’enfant de Ndiouga, Assane Mboup, le bassiste Malick Sy…), ils ont réussi à maintenir la dynamique du groupe.

TRANSITION

C’est avec tout ce beau monde que les 50 ans du Baobab ont été organisés le 10 mars dernier. Une belle fête et, en même temps, des retrouvailles qui devraient avoir lieu depuis longtemps. « Nos chers disparus auraient bien voulu assister à l’événement, mais Dieu en a décidé autrement », semble-t-il se résigner. En fait, le concert de Sorano marquait plutôt les 53 ans (l’organisation a été différée à cause de la pandémie de Covid-19), et Charly et ses amis ont tenu à marquer la date afin de montrer aux nouveaux venus et à tous les Sénégalais la persévérance et la grandeur de l’Orchestra Baobab.

Selon lui, les jeunes qui ont récemment intégré le groupe ont apporté un nouveau souffle. Certains d’entre eux côtoyaient déjà l’orchestre au sein duquel évoluaient leurs papas. « Les anciens les ont bien pris en main et la transition est en train de se faire sans soucis », se réjouit Charly Ndiaye. Actuellement, après de longues années de bons et loyaux services, il profite de sa famille dans le calme de sa maison, ne joue presque plus de la basse à cause du poids de l’âge et d’une vision déficiente, mais observe toujours de très près l’évolution du Baobab où il a passé les plus beaux moments de sa vie. Le futur, il l’appréhende avec espoir et optimisme. « Les jeunes musiciens travaillent avec beaucoup d’engagement et de sérieux afin de perpétuer le legs des anciens », nous confie-t-il.

Modou M. FAYE 

THIERNO KOITÉ, SAXOPHONISTE ET CHEF D’ORCHESTRE

« Le Baobab est comme une grande famille » 

Après des pérégrinations musicales durant lesquelles il a accumulé du talent et de l’expérience, le saxophoniste Thierno Koité a rejoint le Baobab en 2000. Depuis cette date, il n’a pas quitté la formation où évoluaient déjà, depuis des décennies, son frère Mountaga et son cousin Issa Cissokho. « Mon premier groupe fut Las Ondas de Rufisque où chantait Ouza Diallo, puis le Rio Band avec Blain Mbaye, l’oncle de Mbaye Dièye Faye (percussionniste de Youssou Ndour) », se rappelle-t-il. Quelques années plus tard, il rejoint le Miami d’Ibra Kassé en compagnie des chanteurs Pape Seck et Maguette Ndiaye et d’autres grands musiciens de l’époque. Il a également joué au Khalam 2 aux côtés de Henry Guillabert, Prosper Niang, Brams Koundoul, etc., ainsi qu’au Sahel en 1974 avec Cheikh Tidiane Tall, Idrissa Diop, Seydina Insa Wade, Mbaye Fall, nous raconte-t-il.

L’un de ses passages les plus remarqués fut celui au mythique orchestre Number One où il a côtoyé le guitariste Yakhya Fall, les chanteurs Pape Seck, Doudou Sow, le trompettiste Ali Penda Ndoye et tant d’autres musiciens tels que Malick Hanne, Badou Diallo, Moustapha Ndiaye, Mamané Fall, Papa Demba Diop, Mar Seck, Maguette Ndiaye, Pape Djiby Ba… « Après cette période, je suis parti à Berlin le 17 mai 1978, puis à Marseille entre 1979 et 1981, avant de revenir à Dakar pour former le Teranga Express avec Idy Diop, Vieux Mac Faye, Sellé Thiam, Cheikh Faye, Makhou Lébougui et Pape Dieng dit Diengos », explique Thierno Koité. Il intégra le Super Etoile de Youssou Ndour de 1985 à 2000, après des prestations dans un groupe de variétés à l’hôtel Méridien de Dakar.
Aujourd’hui, il se dit heureux d’évoluer au sein du Baobab qu’il considère comme une grande famille. Le groupe a récemment fêté son cinquantenaire qui, selon lui, symbolise la longévité, mais également la constance d’un orchestre qui fait désormais partie du patrimoine musical du Sénégal. « Je souhaite que la nouvelle génération constituée de Papino Koité, Alpha Dieng et les autres, qui sont tous des fils du Baobab, continue de contribuer à faire rayonner le flambeau allumé par les anciens », confie-t-il. Dans quelques mois, l’orchestre sortira un nouvel album. Une maquette est déjà prête à être réalisée, mais pour éviter que cela coïncide avec la tournée de juin 2023, le projet sera laissé en stand-by jusqu’à la fin de l’année. Le saxophoniste de l’Orchestra Baobab est tout heureux de rappeler que la dernière tournée européenne a fait partout sold-out (guichets fermés). Pour lui, cela est suffisamment convaincant quant à l’avenir prometteur du groupe dont la notoriété légendaire est en train d’être perpétuée par la nouvelle génération.

Modou M. FAYE 

IN MEMORIAM

Ces illustres disparus qui ont marqué le groupe

Depuis 1975, date de la mort accidentelle du chanteur Abdoulaye Mboup qui avait ému tout le Sénégal, le Baobab a perdu sept autres de ses musiciens : Ndiouga Dieng en 2016, Médoune Diallo en 2018, Issa Cissokho en 2019, Balla Sidibé en 2020, Thione Seck et Barthélémy Atisso en 2021, Rudy Gomis en 2022. Les défunts étaient de grands musiciens qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire du groupe. Ces morts successives ont failli entraîner la disparition de l’orchestre, mais les membres fondateurs encore vivants (Mountaga Koité, Charly Ndiaye, Mohamed Latfi Benjelloun), en véritables gardiens du temple, tiennent à conserver intact l’héritage musical.

Quand on lui demande d’évoquer la mémoire de ses compagnons disparus, Mountaga Koité est tout ému. « Nous leur rendons hommage et prions pour le repos de leur âme. Ils constituent une grosse perte, pas seulement pour le groupe, mais pour le Sénégal qu’ils ont représenté sur des scènes prestigieuses un peu partout à travers la planète », répond-il. Le bassiste Charly Ndiaye est tout aussi marqué par les nombreux décès qui ont ébranlé l’orchestre ces dernières années, mais il demeure convaincu qu’avec l’apport des jeunes musiciens, l’âme du Baobab va demeurer éternelle. Dans une interview, le guitariste Yakhya Fall, ancien membre du Number One qui a intégré le groupe, disait ceci : « Le Baobab est éternel car quand vous coupez une racine, elle repousse. Quand vous coupez une branche, elle repousse ». Belle métaphore !

Modou M. FAYE 

MUTATION

50 ans et une nouvelle génération de musiciens

L’Orchestra Baobab se porte à merveille, selon le percussionniste Mountaga Koité, qui évolue au sein du groupe depuis 1974. De jeunes musiciens, parmi lesquels des enfants des membres fondateurs, sont en train de prendre la relève. « Alpha, le fils de Ndiouga Dieng, mon fils Papino, Assane Mboup et tous ces nouveaux venus ont apporté beaucoup de fraîcheur aux compostions, avec une touche originale. Ils ont du talent et de la volonté à revendre », explique-t-il. Le 10 mars dernier sur la scène du Théâtre national Daniel Sorano de Dakar, lors de la célébration des 50 ans du groupe, ces jeunes ont démontré que le flambeau allumé par les anciens est entre de bonnes mains. Ce soir-là, le Baobab avait joué des morceaux composés par les nouveaux musiciens. « Le groupe a également dans ses tiroirs des inédits qui n’ont pas encore été exécutés et qui figureront dans l’album à paraître prochainement », révèle-t-il.

En juin, juillet et août 2022, le Baobab avait effectué une grande tournée internationale en Grande-Bretagne, Hollande, Suisse… durant laquelle la prestation de cette nouvelle génération de musiciens a séduit le public qui a dansé et applaudi à tout rompre. « Comme on dit, 50 ans ça se fête et il est dommage que nos aînés disparus n’aient pas vécu assez longtemps pour y assister, car ils étaient tous d’accord pour le projet. Mais l’homme propose et Dieu dispose », lâche Mountaga Koité. Selon lui, au tout début de leur carrière, il n’était pas évident d’exister pendant un demi-siècle, surtout avec tout ce que les musiciens ont enduré. « Dieu merci, nous avons abattu un travail considérable et parcouru un long chemin », se réjouit-il. La fête du cinquantenaire fut belle, surtout avec la prestation d’autres musiciens qui ont répondu à l’appel : Ismaël Lô, Idy Diop, Omar Pène, Baaba Maal, Vieux Mac Faye et tant d’autres. « Sans oublier tous ceux qui, comme El Hadj Ndiaye patron de la chaîne 2STv, nous ont prêté main forte afin que l’événement soit une réussite », tient-il à dire. Lors du lancement de l’événement, Thierno Koité, saxophoniste et chef d’orchestre, disait ceci : « Nous avons tenu à organiser cet anniversaire en souvenir des disparus. Ils voulaient le faire de leur vivant, mais malheureusement ils ne sont plus là », regrette-t-il.

Modou M. FAYE

LESOLEIL

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