Restituer les morts pour réconcilier les vivants

Dans le cadre de la réconciliation nationale menée par les autorités ivoiriennes pour tourner la page de la crise post-électorale de 2010-2011, 47 corps de victimes de violences ont été restitués hier à leurs familles. Une cérémonie a eu lieu dans trois villes, Guiglo, Blolequin et Toulépleu, dans l’ouest du pays. Ces corps avaient été exhumés, pour certains en 2015, puis transférés à Abidjan, pour le besoin des enquêtes sur les différents affrontements qui s’étaient produits au moment de la crise post-électorale.

Pour le quotidien Notre Voie à Abidjan, il ne s’agit que d’un premier pas : « cette restitution des corps ne doit pas faire oublier qu’aucune des victimes de Guiglo, Blolequin ou Toulépleu, n’a obtenu justice pour les crimes subis pendant la crise, à la suite de l’amnistie présidentielle accordée en 2018, et qui a eu pour effet d’annuler tous les efforts de justice entrepris jusque-là. Un recours pour l’annulation de cette amnistie contraire aux engagements internationaux de la Côte d’Ivoire demeure toutefois pendant devant le Conseil d’État. Au-delà de la justice, les victimes ont également droit à des réparations, estime encore Notre Voie. Le gouvernement doit reprendre et intensifier le processus de réparations à destination des victimes des crimes les plus graves et à rendre compte de manière transparente du travail d’indemnisation engagé depuis 2015. »

Un premier pas…

Pour le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou, « c’est un début pour l’apaisement des cœurs, prélude au deuil, au pardon et à la réconciliation véritable. Les autorités ivoiriennes ont bien perçu cette corrélation, et on ne peut que saluer ce commencement même s’il convient de mentionner que sur ce plan, la montagne ne fait que commencer à accoucher. En effet, précise le quotidien burkinabé, non seulement, sur le nombre de victimes, il y a toujours problème, mais certaines communautés disent ne pas encore être concernées par ces gestes d’apaisement, ce qui est source de crispations. Les tueries de cette période sombre de la Côte d’Ivoire n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Toutefois, relève encore Aujourd’hui, s’intéresser à ce qui demeure source de rancœur, de désirs revanchards, est déjà un premier pas vers la solidité du vivre-ensemble. »

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