Paralysie du transport: Les grévistes ne sortent pas des gares
Devant rencontrer hier Mansour Faye, ministre des Transports, le Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (Custrs) a demandé que cette rencontre soit décalée pour leur permettre d’avoir de larges concertations avec la base afin d’adopter une position commune, après la grève illimitée décrétée dans le secteur du transport depuis mercredi.
Par Amadou MBODJI – Une rencontre entre le Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (Custrs) et Mansour Faye, ministre des Transports terrestres, devait se tenir hier matin. Après deux jours de grève décrétée par le Syndicat des transporteurs pour protester contre les 22 mesures prises par l’Etat pour sécuriser la route à la suite de l’accident de Sikilo, qui a tué 42 personnes, c’était l’instant pour ouvrir les négociations. Mais, la rencontre n’a pu se tenir du fait que les syndicalistes ont demandé qu’elle soit reportée à une autre date. Pourquoi ? «C’est hier (mercredi) qu’on avait décidé de convoquer la presse pour faire le point. Entre temps, le ministre (des Transports), à travers moi, a convoqué une réunion aujourd’hui (hier). Comme la presse, elle est présente, il faut qu’on vous informe que nous sommes convoqués à une réunion à 11 heures, mais après concertation entre responsables, nous avons dit oui, nous sommes d’accord pour répondre. Mais comme il y a des responsables absents, que l’autorité puisse décaler un peu pour qu’on puisse se concerter pour ne pas créer des erreurs et répondre à l’autorité à la table de négociations. Je suis mandaté pour lui demander un report, afin que les responsables soient présents», martèle Gora Khouma, membre de l’intersyndicale. Il a tenu hier une conférence de presse en compagnie de Alassane Ndoye dans les locaux de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts). «On n’attendait pas la convocation du ministre. C’est après concertation avec les autorités, à une date à fixer, que le Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal (Custrs) saura l’attitude à adopter par rapport à la grève décrétée depuis mercredi dernier. On ne peut s’avancer», a fait savoir Gora Khouma. Pour lui, c’est au sortir de cette rencontre «qu’on pourrait dire la suite» de cette grève. Renseignant qu’elle «reste toujours maintenue», M. Khouma souligne que «la fin de cette grève» interviendra pourvu que les violons soient accordés des deux côtés. «Si nous ne sommes pas d’accord, elle sera toujours maintenue. On attend la suite de la négociation. On ne peut pas avancer tant qu’il n’y a pas négociation. C’est de là-bas qu’on va tirer les conclusions», affirme le syndicaliste.
Gora Khouma et Alassane Ndoye ne lâchent pas du lest
Sur le bilan à tirer sur ces deux jours de grève, le syndicaliste refuse d’emprunter cette voie. «Je ne peux évaluer maintenant, nous ne sommes pas en phase de négociation. On ne sait pas si la grève va se terminer aujourd’hui ou bien demain. Si on termine la grève, c’est à partir de ce moment qu’on pourra faire une évaluation. Nous sommes en mouvement, on ne peut pas évaluer. C’est après le mouvement qu’on pourra évaluer», souligne-t-il.
Alassane Ndoye est plus radical dans son discours. «Si on met fin à cette grève et qu’on n’a pas de résultat, mieux vaut cesser nos activités de transporteur», alerte-t-il. «En tout cas, ce sont les 23 mesures prises par l’Etat qui sont à l’origine de notre grève. Une fois que nous serons autour d’une table, nous examinerons les concessions que nous allons faire et celles que nous ne sommes pas prêts à faire par rapport aux 23 mesures. La hausse du prix du carburant fait qu’aucun transporteur ne pourra s’en sortir. On n’acceptera plus qu’on nous torde le bras», avertit l’ancien député. Il a profité de cette conférence de presse pour solder ses comptes avec ses collègues qui ont soutenu qu’ils ne faisaient pas «le poids» pour bloquer le secteur. Selon lui, ils ont induit «l’Etat en erreur».