Donald Trump veut réajuster la «stratégie de défense» des États-Unis à l’échelle mondiale
L’administration Trump a émis ce vendredi un document sur sa « Stratégie de défense nationale », dans lequel elle anticipe « l’effacement civilisationnel » de l’Europe, veut restaurer sa puissance en Amérique latine et juge « l’ère des migrations de masse » terminée.
Par :RFI avec AFP
Il y a un risque « d’effacement civilisationnel » de l’Europe, estime le texte publié dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 décembre par l’administration de Donald Trump. « Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable dans 20 ans ou moins ».
Le document de 33 pages appelle à « restaurer la suprématie américaine » en Amérique latine, et annonce un « réajustement » de la présence militaire américaine dans le monde, « pour répondre aux menaces urgentes sur notre continent, et un éloignement des théâtres dont l’importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué ces dernières années ou décennies ».
« L’ère des migrations de masse doit prendre fin »
Washington affirme par ailleurs que « l’ère des migrations de masse doit prendre fin. La sécurité des frontières est l’élément principal de la sécurité nationale », affirme le document alors que Donald Trump a considérablement durci sa politique contre l’immigration. « Nous devons protéger notre pays contre les invasions, non seulement contre les migrations incontrôlées, mais aussi les menaces transfrontalières telles que le terrorisme, les drogues, l’espionnage et la traite des êtres humains », poursuit-il.
Le Japon et la Corée du Sud sont par ailleurs appelés à faire davantage pour soutenir la défense de Taïwan face à la Chine. « Nous devons inciter ces pays à augmenter leurs dépenses de défense, en mettant l’accent sur les capacités nécessaires pour dissuader les adversaires » de s’en prendre à l’île, affirme le document.
Le texte, qui était attendu d’ici la fin de l’année, confirme certaines grandes lignes de la politique étrangère américaine depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier. Les présidents américains publient généralement une présentation stratégique de ce type à chaque mandat. La dernière, publiée par Joe Biden en 2022, avait mis l’accent sur l’acquisition d’un avantage compétitif sur la Chine tout en limitant une Russie jugée « dangereuse ».
La question de l’Otan abordée
Le nouveau texte, disponible sur le site de la Maison Blanche, décrit de son côté de forts changements au sein de l’Alliance atlantique. « Il est plus que plausible que, d’ici quelques décennies au plus tard, les membres de l’Otan deviennent majoritairement non européens », assure-t-il. « Il est légitime de se demander s’ils percevront leur place dans le monde, ou leur alliance avec les États-Unis, de la même manière que ceux qui ont signé la charte » de l’organisation.
La Maison Blanche dénonce pêle-mêle les décisions européennes qui « sapent la liberté politique et la souveraineté, les politiques migratoires qui transforment le continent et créent des tensions, la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, la chute des taux de natalité, ainsi que la perte des identités nationales (…) ». Washington émet le vœu que « l’Europe reste européenne, retrouve sa confiance en elle-même sur le plan civilisationnel et abandonne son obsession infructueuse pour l’asphyxie réglementaire ».
Berlin a réagi promptement via son ministre des affaires étrangères Johann Wadephul, estimant que l’Allemagne n’avait pas besoin de « conseils venant de l’extérieur », notamment sur « la liberté d’expression » ou « l’organisation des sociétés libres ».
Le document américain, qui survole la stratégie sur l’Afrique et le Proche-Orient en quelques paragraphes, vise à réorienter l’ensemble de la politique diplomatique et militaire américaine, au regard des évolutions géopolitiques des dernières années.

