Présidentielle en Guinée-Bissau
: les résultats attendus après un vote dans le calme – Les électeurs bissau-guinéens ont voté dans le calme, ce 23 novembre, pour élire leur prochain président et leur parlement, dans un scrutin qui s’est déroulé en l’absence du principal parti d’opposition et de son candidat.
Quelque 860 000 électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir entre 12 candidats à la présidentielle, avec pour enjeu majeur la stabilité dans un pays secoué par des crises politiques depuis son indépendance, avec quatre coups d’État et une kyrielle de tentatives de putsch.
Le taux de participation provisoire est estimé à plus de 65 %, a indiqué le secrétaire exécutif adjoint de la Commission nationale des élections (CNE), Idriça Djalo, saluant « une participation massive » des jeunes et des femmes. Il était de 73 % lors de la précédente présidentielle en 2019. Il s’est également félicité du déroulement « pacifique » du vote sur l’ensemble du territoire.
Mise en garde
Le président sortant Umaro Sissoco Embalo a voté en milieu de matinée à Gabou (est) à 200 kilomètres de Bissau. Il a mis en garde les 11 autres candidats contre toute tentative de proclamer d’avance les résultats : « La seule entité autorisée à le faire est la CNE », a-t-il prévenu, vêtu d’une chemise blanche et coiffé de son célèbre keffieh rouge et blanc, devenu sa marque de fabrique.
À 53 ans, il est donné favori pour remporter l’élection dès le premier tour. Il deviendrait alors le premier chef de l’État de Guinée-Bissau à effectuer deux mandats successifs depuis l’instauration du multipartisme en 1994. Il aura comme principal adversaire l’opposant Fernando Dias qui a reçu le soutien du puissant PAIGC, ancien parti unique et principal parti d’opposition, dont le chef Domingos Simoes Pereira n’a pu se présenter.
Fernandao Dias a voté à Mansoa, à 50 km de la capitale, coiffé de son bonnet rouge signature, où il a déclaré être « soutenu par le peuple » qui réclame le « changement ». La candidature de Pereira, rival de longue date d’Embalo et revenu récemment d’exil pour se présenter, a été rejetée par la Cour suprême qui a jugé que son dossier avait été déposé trop tardivement.
Pays gouverné par ordonnances
Le PAIGC, parti historique ayant mené le pays à l’indépendance par les armes en 1974, a été exclu – également pour un dossier trop tardif – des législatives qui se tiennent également en même temps que le scrutin présidentiel, durant lesquelles seront élus les 102 députés du Parlement. Celui-ci a été dissous en décembre 2023, alors qu’il était dominé par l’opposition, par le président Embalo qui gouverne depuis par ordonnances.
L’opposition qualifie de « manipulation » l’exclusion du PAIGC des scrutins présidentiel et législatifs et estime que le mandat du président Embalo a expiré depuis le 27 février dernier, cinq ans jour pour jour après son investiture.
Malgré ces critiques, la campagne s’est déroulée dans une ambiance de grandes festivités à travers le pays. Aucun incident n’a été signalé.
La directrice de l’Observatoire des économies illicites en Afrique de l’Ouest, Lucia Bird, souligne toutefois qu’en Guinée-Bissau, « les problèmes surgissent généralement après les élections ». Elle dit redouter, comme en 2019, des « allégations d’irrégularités » après le scrutin. La précédente présidentielle avait débouché sur plusieurs mois de crise postélectorale, Embalo et son adversaire Pereira revendiquant tous deux la victoire.
Plus de 6 700 membres des forces de l’ordre, dont des éléments de la force de stabilisation de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), ont été déployés pour sécuriser le scrutin et l’après-scrutin. L’espace aérien ainsi que les frontières terrestres et maritimes étaient fermés toute la journée du 23 novembre.
(Avec AFP)

