L’intelligence artificielle ChatGPT conquiert le monde
“Il est inutile de résister”
Un robot qui fera vos devoirs, écrira un poème, embellira votre CV ou écrira du code informatique en quelques secondes. Autrefois considéré comme de la science-fiction, c’est désormais une réalité avec ChatGPT. Cette intelligence artificielle développée par la start-up américaine OpenAI est en train de conquérir le monde entier. De quoi est-elle capable? Va-t-elle détruire des emplois? L’informaticien Jeroen Baert explique ce que ce gadget révolutionnaire peut faire pour vous et quels sont ses inconvénients.
Qu’est-ce que ChatGPT?
ChatGPT est un agent conversationnel utilisant l’intelligence artificielle et spécialisé dans le dialogue. Il est capable d’écrire le scénario d’un film digne de Tarantino ou un essai philosophique. En quelques secondes, le logiciel informatique génère des textes sans faute qui se distinguent à peine des textes écrits par des humains.
On doit ChatGPT à OpenAI, une start-up basée à San Francisco, qui l’a lancé le 30 novembre dernier. La société a été cofondée par Elon Musk et Sam Altman, un investisseur de la Silicon Valley. Déjà investisseur initial d’OpenAI, Microsoft voudrait y investir 10 milliards de dollars supplémentaires.
Comment cela fonctionne-t-il?
“Les développeurs ont en quelque sorte gratté tout l’internet, des sites de médias à la littérature scientifique, pour créer un modèle de langage, un modèle statistique qui modélise la distribution de séquences de mots dans une langue naturelle”, explique le spécialiste Jeroen Baert à HLN. “Ainsi, lorsque vous posez une question à ChatGPT, il peut ‘prédire’ une réponse. Il le fait de la même manière que le clavier de votre smartphone complète vos mots. Sauf que ChatGPT est nettement plus intelligent. Il fait partie de la nouvelle génération d’intelligences artificielles.”
Peut-on l’utiliser pour faire ses devoirs, rédiger une dissertation?
“Si vous lui demandez d’écrire un essai, vous obtiendrez sans doute un bon début”, estime l’informaticien. “Cependant, ChatGPT écrira parfois des choses factuellement incorrectes. Cela s’explique par le fait que le modèle prédit un texte mot par mot et ne tient pas compte de l’ensemble de la situation. ChatGPT a été développé pour imiter la communication humaine aussi fidèlement que possible, et non pour donner des réponses correctes.”
“A titre d’exemple, je lui ai demandé d’écrire une courte biographie du roi Albert Ier. Le texte obtenu était satisfaisant, hormis le fait, crucial, que ChatGPT m’a informé qu’Albert Ier est décédé dans un accident d’avion. Si notre ancien souverain a effectivement été impliqué dans un accident d’avion, il n’en est pas mort. Mais le modèle de ChatGPT suppose qu’il lui a été fatal. Par ailleurs, l’apprentissage de ChatGPT s’étant terminé en 2021, les connaissances de l’IA après cette année sont faussées.”
Cela n’ouvre-t-il pas la porte à encore plus de fake news?
Oui et non. Ce n’est pas la première fois que l’on craint ce genre de choses avec l’intelligence artificielle. Par exemple, avec les ‘deepfakes’, des images générées par l’IA, il est très facile de tromper les gens. Pensez à la chanteuse Billie Eilish, récemment victime de ‘deepfake porn’, ou le maire de Berlin qui s’est fait avoir par une fausse version de son homologue de Kiev. Malgré cela, aucun incident majeur ne s’est jamais produit.”
“Le principal danger de ChatGPT réside dans le fait que ses réponses, qui paraissent totalement convaincantes, peuvent se révéler complètement fausses. C’est pourquoi OpenAI n’a de cesse de rappeler qu’il s’agit d’une phase de test.
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Comment devons-nous faire face à cette situation?
À New York, les écoles interdisent l’utilisation de ChatGPT dans les salles de classe. Le logiciel aurait un effet négatif sur le processus d’apprentissage. Les instances se penchent également sur la question dans notre pays. “Mais vous ne pouvez pas stopper cette évolution”, répond Jeroen Baert. “De plus, je ne vois pas pourquoi les élèves ne pourraient pas se servir de ChatGPT pour leur donner une ligne directrice. Avec l’apparition de Wikipédia, on a également cru à la fin des devoirs à la maison. De plus, ChatGPT ne fournit pas de sources et donne parfois des réponses erronées. À l’ère du numérique, la vérification des faits est une compétence importante, que les élèves doivent maîtriser.”
Cette technologie va-t-elle détruire des emplois?
“On observe effectivement cette évolution avec anxiété dans les secteurs créatifs. Pourtant, il ne faut pas considérer l’IA comme un rival, mais bien comme un outil, qui effectuera les tâches répétitives à notre place, ce qui nous laissera davantage de temps pour d’autres choses plus agréables dans notre travail. D’ailleurs, en plus d’écrire du texte, ChatGPT est également capable d’écrire du code informatique.”
“Les grandes entreprises technologiques intégreront en premier lieu ce type de technologie dans les moteurs de recherche et les logiciels de traitement de texte. L’utilisateur remarquera à peine la présence de l’IA et n’en récupèrera que les avantages. Comme pour toute révolution technologique, nous devons nous adapter. Il est inutile de résister.”
Cela semble très prometteur. Mais n’existe-t-il pas d’autres inconvénients?
“Si, notamment en ce qui concerne la consommation d’énergie. Des scientifiques danois ont calculé que l’’entraînement’ de ChatGPT émettait autant de CO2 qu’une voiture faisant l’aller-retour vers la lune. Compte tenu du réchauffement climatique, on peut se demander s’il est responsable de rédiger son essai en utilisant ChatGPT.”
“On peut aussi se poser la question de la confidentialité. Le projet est en phase de test, mais le modèle devient de plus en plus intelligent grâce aux millions de personnes qui utilisent l’outil. Et on ne sait pas ce qu’il advient exactement de cette masse de données”, conclut Jeroen Baert.
