Les Européens «prêts» à «apporter les garanties de sécurité à l’Ukraine», déclare Emmanuel Macron
L’Élysée accueille jeudi 4 septembre une réunion de la « coalition des volontaires » pour l’Ukraine en présence de Volodymyr Zelensky. Plusieurs dirigeants européens doivent faire le déplacement alors que d’autres participeront par visioconférence. Cette réunion, convoquée par Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer, a été précédée mercredi 3 septembre d’un diner de travail entre les présidents français et ukrainien.
En arrivant dans la soirée du mercredi 3 septembre au palais de l’Élysée, Volodymyr Zelensky a confié qu’il « croyait beaucoup » en cette « coalition des volontaires ». Les Européens sont « prêts » à « apporter les garanties de sécurité à l’Ukraine et aux Ukrainiens, le jour où une paix [sera] signée », après un long travail préparatoire qui est « achevé », a de son côté annoncé Emmanuel Macron en recevant le président ukrainien.
« L’Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d’engagement et d’intensité », a déclaré le président français devant la presse au palais de l’Élysée. « La question maintenant, c’est de savoir la sincérité de la Russie et de ses engagements successifs lorsqu’elle a proposé la paix aux États-Unis d’Amérique », a-t-il ajouté.
Concrètement, en Ukraine personne ne croit à une quelconque volonté russe de s’acheminer vers la paix, rapporte notre correspondante à Kiev, Emmanuelle Chaze. On l’a vu cet été, ce sont surtout les attentes occidentales d’arriver à convaincre Vladimir Poutine par les voies diplomatiques qui n’ont pas été comblées. Les attentes ukrainiennes envers les alliés de Kiev concernent en priorité les garanties de sécurité imaginées pour l’Ukraine. Après beaucoup d’annonces plutôt vagues, comme celui d’un possible déploiement de troupes alliées en maintien de la paix ou la sécurisation du ciel ukrainien par les pays voisins, voire par les États-Unis, les Ukrainiens espèrent des réponses concrètes des alliés sur ce qui empêcherait la Russie de relancer toute agression en cas de paix.
C’est également le souhait de Mark Rutte, le secrétaire général de l’Otan, qui attend des réponses claires sur la nature de ces garanties. Ce dernier a dit s’attendre à ce que cette réunion apporte des éclaircissements. Si l’objectif de ces garanties de sécurité est clair – dissuader Moscou d’attaquer à nouveau l’Ukraine après la conclusion d’un cessez-le-feu ou d’un accord de paix – leurs modalités restent encore floues.
Le maintien d’un soutien fort à l’armée ukrainienne est acté. L’autre volet essentiel est la création d’une force multinationale qui nécessite un soutien américain crédible. À ce propos, si Donald Trump a exclu l’envoi de troupes américaines au sol, la coalition des volontaires compte en revanche sur un filet de sécurité américain qui pourrait prendre diverses formes, du renseignement au soutien logistique.
Un entretien téléphonique entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky
À l’issue de la réunion de ce jeudi 4 septembre, plusieurs dirigeants, dont Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, s’entretiendront par téléphone avec le président américain. À cette occasion, le président ukrainien entend notamment évoquer avec lui la question des sanctions supplémentaires contre la Russie pour l’inciter à revenir à la table des négociations.
Donald Trump a fait savoir mercredi qu’il « se passerait quelque chose » si le président russe Vladimir Poutine ne répondait pas à ses attentes sur l’Ukraine. « Il sait quelle est ma position […]. Selon la décision qu’il prendra, je serai soit content soit mécontent et si nous ne sommes pas contents, il se passera quelque chose », a déclaré le président américain qui s’est aussi défendu de ne pas exercer suffisamment de pression sur Moscou, rappelant qu’il avait sanctionné l’Inde pour ses achats de pétrole russe. Sur le terrain, les raids aériens russes continuent quotidiennement et Volodymyr Zelensky a averti : il ne cèdera pas le Donbas.
Le jeu d’équilibriste de Georgia Meloni dans le dossier ukrainien
Alors que la « coalition des volontaires » pour l’Ukraine se retrouve jeudi 4 septembre à Paris et que les principaux pays européens seront présents à la réunion, l’Italie n’y participera qu’à distance. La présence par seule visioconférence de Giorgia Meloni montre à quel point l’Italie n’est pas alignée avec ses alliés européens sur la question cruciale des garanties de sécurité apportées à Kiev, rapporte notre correspondant à Rome, Éric Sénanque.
« La clé de voute de tout parcours vers la paix est de donner des garanties robustes de sécurité à l’Ukraine », soulignait pourtant la semaine passée la cheffe du gouvernement italien pour qui il n’est cependant pas question d’envoyer des troupes italiennes sur le sol ukrainien, à la différence de Paris ou de Londres. Dans les discussions, Rome a mis sur la table un mécanisme de défense inspiré de l’article 5 de la charte de l’Otan prévoyant que, même si l’Ukraine n’entrait pas dans l’alliance, les alliés, membres ou non de l’Otan, puissent la soutenir en cas d’attaque russe. Mais la formule reste floue et ne convainc guère les autres chancelleries européennes.
Dans un pays où l’opinion publique est largement hostile à la poursuite de la guerre, Giorgia Meloni doit par ailleurs canaliser son bras droit, Matteo Salvini, très hostile à la France et à sa proposition d’envoyer des troupes en appui à Kiev. Fin août, le patron de la Ligue avait accusé Emmanuel Macron d’utiliser la guerre en Ukraine pour faire oublier son impopularité dans les sondages. Des attaques qui avaient poussé le Quai d’Orsay à convoquer l’ambassadrice d’Italie à Paris.
La Russie plus intransigeante que jamais
De son côté, la Russie a dénoncé ce 4 septembre au matin comme des « garanties de danger pour le continent européen » les assurances demandées par Kiev dans le cadre d’un règlement du conflit en Ukraine. La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a répété que la Russie jugeait « absolument inacceptables » les garanties de sécurité demandées par le président Volodymyr Zelensky et qui doivent être discutées lors d’une réunion de la « Coalition des volontaires » ce jeudi 4 septembre.
La Russie a également averti qu’elle refusait de discuter d’une quelconque « intervention étrangère » en Ukraine, « quelle qu’en soit la forme », alors que certains Européens se sont dits prêts à déployer des troupes dans le cadre d’un règlement du conflit. « La Russie n’a pas l’intention de discuter d’une intervention étrangère en Ukraine, qui serait fondamentalement inacceptable et saperait toute forme de sécurité, sous quelque forme ou format que ce soit », a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova devant des journalistes à Vladivostok, dans l’Extrême-Orient russe.
SOURCE RFI

