Espagne : ce que l’on sait sur les émeutes anti-immigrés après l’agression d’un retraité
Les autorités espagnoles ont appelé au calme dimanche à Torre Pacheco, une commune proche de Murcie, dans le sud-est du pays, secouée par une deuxième nuit consécutive d’émeutes visant des populations immigrées. Ces tensions font suite à l’agression d’un retraité par trois jeunes hommes, toujours en fuite.
Par – TV5MONDE – La colère n’est toujours pas retombée. Torre Pacheco, ville de 36 000 habitants située sur la côté méditerranéenne, a connu dans la nuit de samedi à dimanche une deuxième nuit consécutive d’émeutes, avec des affrontements qui ont fait au moins cinq blessés selon la préfecture. Le localité est devenue “une véritable cocotte-minute”, rapport le quotidien La Opinión de Murcia.
- Une manifestation pacifique qui dégénère
Tout a commencé après la violente agression en pleine rue, mercredi à l’aube, d’un habitant de 68 ans. Ce retraité, prénommé Domingo, a raconté à des médias espagnols, le visage tuméfié, avoir été attaqué par trois jeunes d’origine nord-africaine sans motif apparent.
Cette agression, filmée et dont la vidéo a été mise en ligne sur les réseaux sociaux, a poussé la mairie de la commune, dont plus de 30% de la population est d’origine étrangère, à organiser un rassemblement vendredi après-midi. Cette manifestation, qui se voulait pacifique, a dégénéré en raison de la présence de groupes d’extrême-droite qui ont diffusé des slogans anti-immigrés, selon les autorités.
- Des groupes d’extrême-droite appellent à une « chasse » aux immigrés
D’après le quotidien La Opinión de Murcia, plusieurs groupes de personnes ont parcouru les rues de la commune avec des bâtons à la recherche de personnes d’origine étrangère, malgré le déploiement d’un important dispositif policier. Au moins une personne a été interpellée, selon la préfecture.
Un autre groupe d’extrême-droite, baptisé « Deport them now » (« Déportez-les maintenant ») a appelé sur Telegram à une « chasse » aux personnes d’origine nord-africaine les 15, 16, 17 juillet avec pour objectif de retrouver les agresseurs.
Si les autres Maghrébins de la commune ne collaborent pas à l’identification des coupables, ils deviendront automatiquement coupables et devront payer.
Groupe « Deport them now » sur Telegram
Ce même groupe incite à incendier des commerces tenus par des Maghrébins.
- La gauche accuse l’extrême-droit de jeter de l’huile sur le feu
Les autorités, de leur côté, ont tenté d’apaiser les esprits :
Torre Pacheco doit retrouver la normalité (…) Je comprends la frustration, mais rien ne justifie la violence.
Fernando Lopez Miras, le président conservateur de la région de Murcie membre du Parti populaire (PP, conservateur)
J’appelle les habitants au calme, à la tranquillité (…). Mais il ne faut pas que cela reste impuni.
Pedro Angel Roca Ternel, maire de Torre Pacheco, membre du Parti populaire (PP, conservateur)
Le maire a aussi appelé à ne pas confondre les « délinquants » avec l’ensemble de la population immigrée, venue « pour travailler ».
Dans un message sur le réseau social Bluesky, la ministre de la Jeunesse Sira Rego, membre du parti d’extrême gauche Sumar, a condamné « fermement les persécutions racistes contre les personnes migrantes à Torre Pacheco », mettant en cause le rôle de « l‘ultradroite » dans ces émeutes.
Maria Marin, députée et porte-parole de Podemos, a déclaré que le parti « condamnait l’agression sauvage » de l’homme âgé à Torre Pacheco, mais en appelait aussi à la vigilance du gouvernement sur l’instrumentalisation de cet évènement par l’extrême-droite.
Face à l’appel de VOX (parti d’extrême-droite) et de plusieurs organisations néonazies, nous demandons à la délégation du gouvernement d’agir préventivement et d’interdire ces rassemblements violents pour maintenir la sécurité et la coexistance de tous les habitants de Torre Pachoco.

