«Certaines entreprises ont été submergées»: la production chinoise plombée par le Covid-19
Après trois ans sous cloche, le redémarrage de l’économie chinoise a été entravé par le « tsunami » Omicron. La propagation de l’épidémie, après le relâchement de la politique « zéro Covid-19 » le mois dernier, freine la production dans l’ex-atelier du monde.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde V RFI
La déferlante Covid-19 a privé les usines de travailleurs et de clients dans le sud-est de la Chine. La levée des restrictions avait pour objectif de relancer la machine productive, notamment à Canton et Shenzhen. « Les entreprises ont dû travailler avec moins de personnel. Ça a été très dur, certaines ont été submergées par le nombre des malades. Elles avaient 80% d’employés en moins, rapporteKlaus Zenkel, chef d’entreprise à Shenzhen et représentant de la Chambre européenne de commerce pour le sud du pays. D’autres ont dû carrément arrêter la production, mais heureusement, ça n’a pas duré longtemps car elles ont suivi les consignes officielles qui disent que si on a peu de symptômes et pas de fièvre, on peut travailler. »
Le pic dépassé
Les ouvriers covidés non-fiévreux sur les chaînes de montage ont permis à de nombreuses usines de fonctionner avec 50% de leurs personnels. Ce qui aurait limité la casse, selon la Chambre européenne de commerce, qui comme l’ensemble du monde des affaires avait appelé à plusieurs reprises à la levée des restrictions zéro-Covid.
Les bouchons sont désormais revenus dans les mégalopoles du Sud, signe que le pic de l’épidémie est passé. Reste que l’activité des usines chinoises s’est encore contractée en décembre et pour les services, restaurants et commerces, les affaires ont été aussi mauvaises cet hiver qu’au début de la pandémie en 2020, selon une enquête officielle.
En France, les espoirs contrariés des professionnels du tourisme
En France, première destination européenne des Chinois, le secteur touristique attend avec impatience la réouverture de la Chine, prévue pour le 8 janvier après trois ans de politique « zéro Covid ». Comme Wu Qin, propriétaire franco-chinois de seize hôtels à Paris. Avant la pandémie, les Chinois représentaient 10% de son chiffre d’affaires. Alors l’annonce de la réouverture de son pays natal l’avait enchanté pour ses affaires parisiennes : « Les Chinois, quand ils pensent à voyager en Europe, le premier pays auquel ils pensent, c’est la France, explique-t-il. Et la première ville à laquelle ils pensent, c’est Paris. C’est arrivé, la fin de la politique zéro Covid. On était ravis ! Mais malheureusement, en ce moment, on est déçus. »
À compter de jeudi, toutes les personnes arrivant en France depuis la Chine doivent présenter la preuve d’un test (PCR ou antigénique) négatif de moins de 48 heures. L’hôtelier franco-chinois est absolument contre : « Ils ont su qu’ils allaient être testés dès leur arrivée à l’aéroport. Je pense qu’ils vont être découragés, parce que justement, ils attendaient ce moment-là pour sortir et si on pratique à nouveau la politique qui ressemble un peu à celle du zéro Covid, ça leur fait un mauvais souvenir, je pense. C’est un peu dommage, quand même. » Il attend les touristes chinois pour le printemps.
C’est également l’avis de Jean-Pierre Mas, président du syndicat des entreprises du voyage : « Ce n’est pas parce que les Chinois peuvent voyager le 8 janvier qu’ils vont voyager le 9 janvier. On n’atteindra pas le niveau de fréquentation de 2019 en 2023 », estime-t-il.
En 2019, les touristes chinois injectaient chaque année plus de 3 milliards d’euros dans l’économie française.