Crash du 787 «Dreamliner» d’Air India: les nouveaux déboires de Boeing
(RFI ) – Un avion de la compagnie Air India à destination de Londres, avec 242 personnes à bord, s’est écrasé sur une zone résidentielle, jeudi 12 juin, peu après son décollage de l’aéroport d’Ahmedabad, dans le nord-ouest de l’Inde. Si les causes du crash ne sont pas encore connues, le drame implique encore une fois un avion Boeing, un 787 Dreamliner, un coup dur de plus pour le constructeur américain, déjà fragilisé par les déboires de son 737 MAX.
Dès son lancement en 2011, le Boeing 787 Dreamliner a révolutionné le marché du long courrier. Plus grand, plus économe en carburant que les précédents avions, l’appareil bat très vite des records. Avec plus de 2 500 commandes, il est adopté par 80 compagnies dans le monde. Ces dernières années pourtant, le 787 enchaîne les déconvenues. En 2021, des problèmes de fuselage sont détectés sur certains appareils. Sa production est suspendue pendant deux ans. L’année dernière, un 787 qui relie Sydney à Auckland est pris dans un trou d’air. Douze passagers sont hospitalisés. La compagnie chilienne qui opère le vol (Latam) parle d’un « incident technique ».
Une première
Si le crash d’hier en Inde est une première pour un modèle 787, il s’ajoute à une série d’accidents mortels sur d’autres appareils Boeing. En 2018 et en 2019, deux avions, des 737 MAX, s’écrasent en Indonésie et en Éthiopie causant la mort de 346 personnes. Le mois dernier, l’entreprise a trouvé un accord avec la justice américaine dans ces deux crashs. Pour s’éviter un procès au pénal, Boeing a réglé une amende de plus d’un milliard de dollars. La réaction des marchés était claire jeudi : l’action Boeing a perdu plus de 4% à la Bourse de New York. Celle de GE Aerospace, qui a fabriqué les deux moteurs du gros porteur accidenté, a, elle, reculé de plus de 2%.
« C’est l’avion vedette »
Pour Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne, consultant en aéronautique et président d’Aviation sans frontières, « on a intérêt à savoir rapidement ce qui s’est passé, grâce aux boîtes noires qui vont retracer le vol et puis l’enregistreur de conversations entre les pilotes et la tour de contrôle. Il faut savoir vite pourquoi, parce que si c’est un défaut qu’on découvre quinze ans après la mise en ligne de cet avion, eh bien, il faut prévenir toutes les compagnies qui exploitent cet avion. Donc, alors, il n’y aura peut-être rien, mais entre un carburant de mauvaise qualité qui éteint les deux moteurs, une ingestion d’oiseaux ou une panne sur les commandes de vol, on peut tout envisager aujourd’hui, jusqu’à même trouver des faiblesses qu’on n’imaginait pas. »
« C’est l’avion vedette, le Dreamliner. Donc, si vraiment il s’avère qu’il y a un défaut ou de conception ou de fabrication, alors là, évidemment, il (Boeing, NDLR) va le payer très cher », conclut M. Fedzer.

