UCAD : Le combat quotidien des étudiants non-voyants et handicapés moteurs dans un campus inadapté

Au cœur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), lieu d’effervescence intellectuelle et de brassage culturel, une catégorie d’étudiants mène un combat silencieux et courageux. Eux, ce sont les étudiants en situation de vulnérabilité, notamment les non et malvoyants ainsi que les handicapés moteurs. Ils vivent dans le même campus, fréquentent les mêmes amphithéâtres, mais avec des contraintes supplémentaires, souvent ignorées.

Avec un effectif de plus de 75 000 étudiants en 2022 et 218 salles fonctionnelles, l’UCAD demeure l’une des plus grandes universités francophones d’Afrique. Cependant, l’accessibilité et l’inclusion n’y sont pas encore à la hauteur des besoins des étudiants en situation de handicap.

Étudiante en 3e année à l’Institut des Métiers du Droit, Khady Ndiaye, malvoyante, partage son quotidien avec sa fille Arame, sur le campus. « Je laisse ma petite Arame avec mes camarades quand j’ai cours », raconte-t-elle, le sourire dans la voix. Avec d’autres camarades, elle forme le noyau d’une association d’étudiants aveugles, organisée autour des deux types de déficience visuelle : non-voyants (écriture en braille) et malvoyants (documents en gros caractères).

Selon Khady, l’accès aux ressources pédagogiques, notamment à la bibliothèque, reste un frein majeur. « Les œuvres ne sont pas transcrites en braille. Pendant les TD, nos idées sont souvent ignorées à cause de notre déficience ». Toutefois, précise t-elle, « il y a des étudiants sociables qui nous considèrent et nous traitent bien. Des fois, ce sont des inconnus ou des amis qui nous viennent en aide. »

Chargé de communication de l’association, Sémou Sarr, étudiant en licence 3 à la Faculté de Droit, loue les efforts de l’administration, mais note de sérieuses lacunes : « Les amphithéâtres sont souvent inaccessibles à cause des escaliers. Il manque aussi une salle pour l’imprimante en braille, ce qui oblige notre encadreur à aller jusqu’à Thiès ( l’école pour mal voyants, Inefja)  pour imprimer nos documents. »

Il insiste sur la nécessité de former les enseignants à la prise en charge inclusive, et lance un appel à l’État : « Nous avons une forte appétence pour les études, mais nous manquons de moyens. »

Assane Dieng, président du collectif et étudiants en master à la Faculté des Lettres, interpelle les médias et l’opinion publique pour plus de visibilité. « Nos réalités méritent d’être entendues, pour que des solutions durables soient enfin apportées », renchérit-il.

SOURCE DAKARACTU

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *