Environnement-Santé: La population de Sabodala debout contre projet de déversement de résidus chimiques dans une ancienne fosse minière

La tension risque de monter d’un cran à Sabodala où les jeunes du village ont organisé un point de presse pour dénoncer vigoureusement le projet de déversement de résidus issus de l’usine bio dans une ancienne fosse de plus de 200 mètres de pro‐ fondeur, située à moins d’un kilomètre du village. Une initiative de l’entreprise minière Endeavour Mining qui suscite indignation, peur et rejet unanime au sein de la communauté locale.

Mamadou Ndiaye Keita, président des jeunes de Sabodala, a pris la parole pour ex‐ primer la position ferme de la jeunesse : « Nous exprimons notre ferme opposition au projet de déversement de résidus chimiques dans une fosse située à proximité immédiate du village. Ce projet présente des risques majeurs pour notre santé, notre sécurité, notre environnement et notre avenir. »

Parmi les principales inquiétudes évoquées : la pollution de l’environnement, les risques sanitaires graves pour la population, les impacts écologiques potentielle‐ ment irréversibles, mais aussi l’atteinte au droit fondamental à un environnement sain. Les jeunes demandent l’arrêt immédiat du projet, la mise en place d’une commission d’évaluation des risques, ainsi que le respect du droit des communautés locales à être consultées sur les décisions qui les concernent directement.

« Nous ne sommes ni contre le développement ni contre l’exploitation minière encadrée, mais elle ne doit pas se faire au détriment de notre vie. Nous refusons d’être des victimes silencieuses », a martelé Mamadou Ndiaye Keita. Sounkoun Cissokho, un autre jeune du village, a rappelé qu’une audience publique a été organisée autour du projet, au cours de laquelle la population a claire‐ ment exprimé son refus.

« L’autorité a fait son rapport, mais l’entreprise semble déterminée à aller de l’avant. C’est un projet inédit en Afrique de l’Ouest. Ils veulent expérimenter sur notre dos. Nous alertons l’opinion nationale et internationale : ils nous trouveront sur leur chemin. » Le chef du village, Sara Cissokho, a égale‐ ment apporté un témoignage lourd de sens.

« Lors de la signature de la convention à Dakar sous le président Wade, on nous avait promis une réhabilitation des lieux après exploitation et des plantations d’arbres. Aujourd’hui, on nous parle de déversement de résidus chimiques. Nous ne l’accepterons jamais. Qui peut garantir que notre nappe phréatique ne sera pas contaminée ? »

D’autres habitants ont exprimé leur colère face aux nombreuses conséquences de l’exploitation minière : déménagements sans indemnisation, perte de terres agricoles, et désormais un projet aux conséquences environnementales incalculables.

« L’ouest du village était notre dernier espace pour l’agriculture et le pâturage. Une autre entreprise s’y est installée avec plus de 400 hectares. Trop c’est trop », a déclaré un habitant.

L’imam du village, les femmes, les anciens : tous les segments de la population ont rejeté le projet et se disent prêts à faire face à cette nouvelle menace. Depuis le début de l’exploitation minière à Sabodala en 2008, les relations entre la population et les entre‐ prises minières ont souvent été marquées par des tensions.

Aujourd’hui, les habitants appellent les autorités étatiques à intervenir sans délai pour mettre fin à ce qu’ils considèrent comme une injustice et sociale.

« Nous voulons vivre et travailler dans la tranquillité. Que les plus hautes autorités ne nous laissent pas à la merci de cette entreprise », ont‐ils lancé en chœur.

Sabodala veut se faire entendre, non pour bloquer le progrès, mais pour le rendre hu‐ main, durable, et respectueux de la dignité des communautés locales.

Quotidien Le Témoin

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