L’ONU prépare une réforme radicale de son fonctionnement face aux contraintes budgétaires
L’ONU se prépare à une réorganisation majeure, selon un mémo qui a récemment fuité. Cette révélation inquiète tout le personnel des Nations unies, de New York à Genève, où 500 fonctionnaires ont même manifesté, jeudi 1er mai.
Avec Carrie Nooten , correspondante RFI à New York,
Si toutes les suggestions détaillées dans la note qui a fuité révélant la volonté de l’ONU de réorganiser l’entité sont adoptées, ce pourrait être la réforme la plus radicale présentée depuis des décennies. Il y aura un vrai mouvement de rationalisation pour éviter les doublons – et les dizaines d’agences de l’ONU seront dispatchées sous quatre départements principaux : paix et sécurité, affaires humanitaires, développement durable et droits de l’homme.
Une des options prévoit notamment que les opérations du Programme alimentaire mondial, de l’Unicef, de l’Organisation mondiale de la santé et du Haut-Commissariat pour les réfugiés soient fusionnés au sein d’une seule et même agence.
Ce document pointe aussi les défis systémiques qui mettent en péril le bon équilibre de l’organisation, comme les problèmes de financements car il y a de moins en moins d’argent versé par les pays membres à l’ONU. L’administration Trump, par exemple, prévoit de supprimer toute sa contribution, selon la fuite d’un autre mémo du département d’État américain. Cela représente 25% du budget total de l’organisation. D’autre part, les Nations unies ont de plus en plus de travail puisque le Conseil de sécurité multiplie les mandats.
« Nous sommes très inquiets »
Une situation contre laquelle l’ONU se débat depuis plusieurs années. Le porte-parole Stéphane Dujarric n’a pas pu cacher vendredi l’inquiétude de son patron, Antonio Guterres. « Nous sommes très inquiets. Je pense que vous pouvez observer ce qu’il a fait pour gérer la crise de liquidités qui n’est pas due à des coupes budgétaires mais au fait que les États membres paient de plus en plus tard, voire pas du tout », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : « Il s’est beaucoup concentré sur cela, s’assurant que nous puissions poursuivre notre travail et que nos employés puissent conserver leurs emplois. Il a un devoir envers le personnel et se soucie des fonds que cette organisation doit gérer. »
Baisse des effectifs
Et les effets de ces difficultés se font déjà sentir car les agences de l’ONU ont été obligées de prendre les devants. Le bureau des affaires humanitaires (Ocha) a déjà annoncé couper 20% de ses effectifs. L’Unicef prévoit de réduire son budget de 20%, tandis que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) s’attend à une baisse de 30% de son budget, ce qui affectera 6 000 emplois. Et puis une partie du siège de l’ONU va être déménagée à Nairobi, au Kenya, pour faire des économies.
Toutefois, rien ne se fera sans l’accord des 193 pays membres. Antonio Guterres n’est pas le dirigeant de l’ONU comme il se plaît à le rappeler, il est le chef de l’administration chargée de mettre en œuvre les décisions des pays membres, et en particulier les décisions du Conseil de sécurité.
Le groupe de travail planche encore en ce moment sur d’autres solutions à présenter aux pays membres d’ici quelques semaines.

