Gabon : le « silence » de la France dénoncé par les avocats des Bongos

Les avocats de la famille Bongo dénoncent le « silence » de la France et sa « complaisance » vis à vis des tortures subies, selon eux, par l’ex-première dame du Gabon, Sylvia et son fils Nourredin, en « détention cruelle et illégale » depuis le coup d’État d’août 2023.Par TV5MONDE – avec AFP

« Les autorités françaises ont été informées et pourtant gardent un silence dramatique (….). Ce sont des ressortissants français, les autorités ont le devoir et l’obligation d’assurer leurs droits« , déclare Me Catalina de la Sota, au cours d’un point de presse. « Le silence de la France apparait comme une forme de quitus et le Gabon l’utilise pour manipuler l’opinion« , renchérit Me François Zimeray. 

Démenti de la part des autorités militaires

Le général Brice Oligui Nguema, le chef des autorités militaires qui ont renversé la dynastie Bongo et revendique désormais un mandat de sept ans, a récemment démenti toute forme de torture contre les deux prisonniers et promis un « procès équitable« , dans un entretien accordé à la presse française dans le cadre de sa campagne électorale pour la présidentielle du 12 avril prochain. « Si on a réussi à faire un coup d’État sans effusion de sang, ce n’est pas deux individus qui seront torturés dans ce pays. (…) La preuve, c’est que vous avez vos responsables à l’ambassade qui leur rendent visite en prison. Posez-leur la question. Il n’y a aucune marque de torture sur leurs corps« , a-t-il dit à France 24 et RFI

Les avocats, eux assurent que leurs clients portent les traces des mauvais traitements visant selon eux à leur faire signer de force des transferts de propriété ou des ordres de virements bancaires « au profit du général Oligui et de ses proches« . Ils sont « détenus en deuxième sous-sol sous le palais » présidentiel et « une fois par mois sont ramenés à la prison pour rencontrer la consule générale pour un faux semblant (…) il n’est pas possible que la consule générale se taise« , déclare Me Zimeray. 

« La question des relations internationales est complexe mais il en va des droits de l’Homme« , ajoute-t-il en expliquant avoir demandé à la justice française qui enquête pour « séquestration arbitraire » d’élargir ses investigations « au délit de non dénonciation de crime » visant les autorités consulaires. Parmi les biens saisis « par extorsion« , « hors de tout cadre légal », les avocats ont listé « toutes les villas et sociétés au Gabon, tous les comptes bancaires, au Gabon et à Dubai« , ainsi qu’une villa et un terrain à Marrakech offerts par le roi du Maroc Mohamed VI à Ali Bongo.

« Rien à voir avec la justice mais avec la vengeance »

« Ceci n’a rien à voir avec la justice mais avec la vengeance, (…) une vengeance collective dirigée par un homme qui ment lorsqu’il nie l’existence de ces tortures, un professionnel de la torture (…) qui est capable dans son ignorance crasse de dire que les Bongo auront un procès équitable tout en affirmant qu’ils sont coupables et qu’il a vu les preuves dans le dossier« , s’indigne-t-il.

Accusés d’avoir profité de la faiblesse d’Ali Bongo après son AVC en 2018, son épouse de 62 ans, a été inculpée pour « blanchiment de capitaux, recel, faux et usage de faux » et son fils de 33 ans, notamment pour « corruption » et « détournements de fonds publics« . Aucune date de procès n’a été fixée, mais le général Oligui a assuré que le délai légal de deux ans d’instruction serait respecté.

Il n’a même pas accès à un téléphone et jusqu’à aujourd’hui il n’a même pas le droit de parler avec nous, ses fils.

Jalil Bongo, fils de l’ex-président gabonais Ali Bongo

La famille Bongo – le père, Omar, pilier de « la Françafrique » de 1967 à 2009, puis le fils, Ali – a dirigé pendant 55 ans le Gabon, petit État d’Afrique centrale riche en pétrole, avec une élite accusée de « pillage » par le nouveau pouvoir.  Le président déchu, 66 ans, vit désormais dans sa résidence privée de Libreville, « libre de quitter le pays » selon les autorités, « en résidence surveillée » avec « interdiction de quitter sa maison« , selon son fils Jalil Bongo. « Il n’a même pas accès à un téléphone et jusqu’à aujourd’hui il n’a même pas le droit de parler avec nous, ses fils« , écrit-il sur son compte X.

Ali Bongo a lui-même reconnu les « insuffisances » de sa gestion dans une lettre ouverte publiée en septembre dernier tout en affirmant que cela « ne saurait justifier que tant d’abus soient perpétrés » contre sa femme et son fils.  

SOURCE TV5.ORG

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