Eiffage Rail Dakar: espionnage
Après la SETER, c’est au tour d’Eiffage Rail Dakar (ERD) d’être accusée d’espionnage illégal sur un employé. La filiale sénégalaise du géant français du BTP est au cœur d’un scandale de surveillance abusive, ayant conduit au licenciement de Ahmadou Bamba Thiam, directeur de la sécurité ferroviaire. Un abus dénoncé par la Commission de protection des données personnelles (CDP) et qui pose une question troublante : les multinationales se croient-elles en terrain conquis au Sénégal ?
Un cadre licencié après une surveillance illégale
Tout commence en mai 2017, lorsque Ahmadou Bamba Thiam est recruté en CDI par Eiffage Sénégal. Brillant cadre, il occupe le poste de directeur de la sécurité ferroviaire. Tout semble aller pour le mieux jusqu’à un différend professionnel avec Thomas Raoult, directeur d’Eiffage Rail Dakar. Peu après, contre toute attente, il est licencié.
Le motif invoqué ? L’exploitation des données GPS de son véhicule de fonction. Or, il n’a jamais été informé que sa voiture était équipée d’un système de géolocalisation et que ses déplacements étaient surveillés.
Selon les révélations de Libération, cette surveillance s’est faite sans aucune autorisation légale. Suite à la plainte déposée par Ahmadou Bamba Thiam, la Division spéciale de la cybersécurité (DSC) a saisi la CDP. Et le verdict de l’autorité chargée de protéger les données personnelles est sans appel : ERD n’a jamais obtenu l’autorisation d’installer et d’exploiter ces balises GPS.
Une pratique illégale déjà dénoncée avec la SETER
Cette affaire rappelle un précédent troublant. Avant ERD, la SETER, exploitant du TER, s’était livrée aux mêmes pratiques sur Lamine Camara, son ancien responsable comptable. Avant son licenciement, il avait reçu une demande d’explications fondée sur l’analyse du GPS de son véhicule de fonction.
Comme dans le cas d’Ahmadou Bamba Thiam, la CDP avait rappelé la SETER à l’ordre, dénonçant une atteinte aux droits fondamentaux des travailleurs. Pourtant, aucune sanction n’a suivi.
Les autorités doivent réagir
Ces pratiques posent un sérieux problème : comment des multinationales peuvent-elles violer aussi ouvertement les lois sénégalaises sans conséquences ? Libération soulève la nécessité d’une intervention des plus hautes autorités pour mettre fin à ces abus.
En attendant que la justice tranche dans l’affaire Ahmadou Bamba Thiam, une chose est sûre : la surveillance illégale des travailleurs est une menace qui doit être stoppée avant qu’elle ne devienne une norme.