Achétou Babou, entrepreneuse et responsable des femmes département de Ranérou : engagement et Abnégation au cœur de la réussite

Sans  expérience, en la matière, Achétou Babou, une femme quinquagénaire, mariée et mère de famille, a toujours été habitée par une profonde passion pour l’élevage et les perspectives d’affaires liées au secteur. Entrepreneuse et responsable des femmes dans le département de Ranérou, situé dans la zone sylvo-pastorale du Ferlo, elle dirige aujourd’hui une unité laitière, résultante d’une grande détermination où  il a fallu s’armer de courage devant de nombreux défis. «Je me suis engagée sans attendre l’aide de qui que soit, sans pression,  pour réaliser mon entreprise. J’ai tout mis en œuvre avant de bénéficier par la suite, de l’accompagnement du service départemental de l’élevage de Ranérou et du projet PDEPS (Projet de Développement Durable des Exploitations Pastorales au Sahel)», fait-elle savoir.

Relevant qu’après avoir mûri son projet, elle a acheté une vache à 75.000 francs CFA, qui a donné naissance à deux taureaux qu’elle vendra pour acheter une autre vache qui sera inséminée. L’opération se révèlera concluante, car, du fruit de l’insémination, sortira une Holstein dont elle tirera plus tard, plus de 15 litres de lait par jour. «Cela a renforcé ma volonté de construire ma propre unité de production de lait et ses dérivés. J’ai acheté d’autres vaches laitières avec mes propres moyens, en prenant un prêt bancaire», affirme-t-elle.

Avec 5 vaches laitières et un taureau, la petite entreprise emploie déjà 2 travailleurs qui sont rémunérés mensuellement à hauteur de 25.000 francs CFA. «Jusque-là, les revenus tirés de la vente des produits me permettent de couvrir mes frais. Même si, en pareille période, on note une baisse de production, chaque vache fournit  5  litres le matin et 5 litres le soir, contrairement à la période des pluies où on peut avoir 15 litres le matin et 15 litres le soir». «Je vends du lait frais, du lait caillé, du beurre, du fromage maison. Le fromage maison est très succulent, j’ai appris à le faire durant un séjour en France. C’est du fromage de lait pur et du citron très prisé, Il est doux, crémeux et légèrement acidulé très bon pour les brochettes, le riz, et la grillade».

Expérimentée dans la transformation des céréales, Achétou excelle aussi dans la cuisine des brisures de maïs ou de sorgho pour en faire de succulents plats de «riz au poisson» ou de «riz à la viande». Une spécialité qu’elle revendique être une propriété de Ranérou. «Chaque localité détient ses propres recettes en cuisine, moi j’ai pu réaliser quelque chose de merveilleux avec la brisure de sorgho pour faire du riz à la viande durant un concours de dégustation culinaire où j’ai remporté le premier prix». Tout un honneur, selon elle, pour les braves femmes de la zone sylvo pastorale qui, malgré les contraintes, luttent pour un avenir harmonieux.

Non sans relever toutefois, les nombreux écueils qui plombent la professionnalisation du secteur agroalimentaire surtout la commercialisation des produits. «Sans accompagnement, sans un numéro d’autorisation de mise à consommation (FRA) et sans code barre pour chaque produit, nous allons beaucoup produire, mais nous n’arriverons jamais à vendre plus loin que chez nous», clame-t-elle.

Pape Moctar NDIAYE
SUDQUOTIDIEN

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *