Astou Rose Gaye, DG BHS: « La banque ne construit pas de logements, elle finance leur production »
Astou Rose Gaye, directrice générale de la Banque de l’habitat du Sénégal (Bhs), revient, dans cet entretien, sur le rôle que joue son institution dans l’accession à la propriété foncière depuis 45 ans. Elle aborde également les mécanismes de la banque pour rendre le logement social accessible aux Sénégalais aux revenus modestes, sans oublier des offres adaptées à la diaspora.
Entretien
Quel est le rôle de la Banque de l’habitat du Sénégal dans la promotion du logement ?
Depuis 45 ans, la Bhs joue un rôle important dans la production de logements et dans l’aide à l’accession à la propriété, en particulier pour les Sénégalais aux revenus modestes. Son action repose sur le financement de la production de logements par les promoteurs publics et privés ainsi que les coopératives, lesquels produisent aussi bien des logements sociaux que des logements de standing pour la gamme supérieure. Nous avons des mécanismes qui nous permettent de financer le promoteur et l’acquéreur afin d’assurer une autoliquidation du programme. Les coopératives d’habitat sont accompagnées de la même manière dans la production de logements ou de terrains viabilisés. Cela facilite aux acquéreurs de disposer d’un logement clé en main, si leurs revenus le supportent, ou d’un terrain leur permettant d’opter pour l’autoconstruction en fonction de l’évolution de leurs moyens financiers. Cependant, il est essentiel de préciser que la Bhs ne construit pas et n’attribue pas directement des logements. Elle finance des promoteurs publics et privés ainsi que des coopératives qui réalisent ces logements sociaux. L’acquéreur bénéficie d’un prêt lui permettant d’acheter son logement et de rembourser la banque sur une durée de 5,10 ou 15 ans, selon ses capacités.
Quels sont les mécanismes mis en place pour rendre le logement social accessible ?
Nous avons plusieurs mécanismes pour faciliter l’accès au logement social. Le principal, éprouvé depuis 45 ans, consiste à réduire au maximum les coûts du financement en jouant sur les conditions d’apport et d’accompagnement des promoteurs immobiliers et des acquéreurs. Nous avons allongé les durées de crédit jusqu’à 25 ans, allégé les exigences en matière d’apport personnel pour nos clients et mis en place des conventions afin de simplifier les conditions d’accès au logement. Notre stratégie vise à rechercher des ressources financières à moindre coût afin de proposer des crédits abordables aux acquéreurs.
Comment la Bhs accompagne-t-elle le secteur informel et la diaspora ?
Le secteur informel est incontournable, mais son principal obstacle à l’accès au crédit réside dans la difficulté à retracer ses revenus. Consciente de cette problématique, la Bhs a développé des produits spécifiques permettant aux travailleurs informels de démontrer leur capacité d’épargne et d’accéder progressivement au financement immobilier. Nous invitons les acteurs du secteur informel à se rapprocher de nos conseillers commerciaux pour découvrir ces offres. Pour la diaspora, la Bhs a toujours joué un rôle d’accompagnement. Les Sénégalais de l’étranger ont notamment participé au financement de logements à travers les Diaspora Bonds, un outil de financement qui a rencontré un franc succès. Nous avons achevé cette opération en juillet dernier, mais nous envisageons de redynamiser ce dispositif. Nous avons pour ambition d’étendre davantage notre offre pour la diaspora afin de mieux répondre à leurs besoins en matière de logement et de leur faciliter l’accès. La Bhs collabore également avec le ministère de l’Urbanisme dans le cadre du Programme national d’accès au logement et de rénovation urbaine (Pnalru) afin de proposer des solutions adaptées aux Sénégalais de l’étranger.
Quel message pour les jeunes actifs souhaitant devenir propriétaires ?
Je leur dirai qu’avoir un toit au Sénégal est un critère de réussite sociale. Aujourd’hui, les jeunes pensent souvent à l’acquisition d’un logement de façon tardive. Je les invite à y réfléchir très tôt. Nous avons mis en place des plans d’épargne spécifiquement destinés aux jeunes, que les parents peuvent ouvrir pour leurs enfants et que ces derniers peuvent alimenter jusqu’à l’acquisition de leur logement. Lorsqu’on commence à travailler, il est essentiel de mettre en place une épargne en vue d’un projet immobilier. Cela permet d’avoir un apport personnel et d’être prêt au moment de l’achat. Devenir propriétaire ne se fait pas en un simple clic. Il faut planifier son projet, sécuriser son foncier et construire progressivement en fonction de l’évolution de ses revenus et de sa carrière.
Propos recueillis par Cheikh Gora DIOP et Fatima BA – LESOLEIL