Lutte contre la traite des personnes : quand le Saint Père appelle à l’espérance pour vaincre le fléau

Au lendemain de la 11e Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains, célébrée le 8 février dernier, en la fête de Sainte Joséphine Bakita, le Pape François, dans son message intitulé «Ambassadeurs de l’espérance : ensemble contre la traite des personnes», y donne les clés pour combattre le fléau sous toutes ses formes. Il s’agit, selon le Saint Père, de lever notre regard vers le Christ, pour y puiser tout notre courage. Abbé Roger Gomis, de l’archidiocèse de Dakar, qui est revenu sur ledit message du Pape, a soutenu que «l’espérance dont témoigne Sainte Joséphine Bakita, n’est pas un rêve lointain, mais une force qui transforme le monde, un pas après l’autre, un cœur après l’autre».  

La Journée mondiale de prière et de réflexion sur la traite des êtres humains a été instituée en 2015 par le Pape François. La date du 8 février correspond à la fête de Sainte Joséphine Bakhita, une Soudanaise qui a été vendue comme esclave, maltraitée puis rendue libre.  Selon abbé Roger Gomis, de l’archidiocèse de Dakar, qui est revenu sur l’importance de cette journée pour l’Eglise, la Sainte Joséphine Bakhita est devenue un symbole de liberté et une source d’inspiration pour l’ensemble de la communauté internationale engagée dans la lutte contre la traite et l’exploitation des personnes.

Abbé Roger, souligne que l’histoire de Sainte Joséphine Bakhita est celle d’une femme qui a vécu dans sa chair l’horreur de l’esclavage. Enlevée à sept (07) ans au Soudan, vendue cinq (05) fois, elle a été torturée jusqu’à porter 144 cicatrices sur son corps. Comment garder espoir dans de telles circonstances ?  Cette interrogation trouve sa réponse dans le message du Pape François : «Ce n’est qu’en levant le regard vers le Christ, notre espérance, que nous pouvons trouver la force d’un engagement qui, dans l’obscurité, œuvre pour allumer des flammes de lumière

«NOTRE FOI NOUS ENGAGE A ETRE DES SENTINELLES DE LA DIGNITE HUMAINE»

Pour abbé Roger Gomis, qui donne l’éclairage de ce message du Pape François, «C’est exactement ce qu’a vécu Bakhita. Lorsqu’elle découvre le Christ en Italie, elle qui n’avait connu que des maîtres cruels rencontre enfin ce qu’elle appellera tendrement son “Paron” – son véritable Maître. Cette rencontre la transforme si profondément qu’elle devient à son tour porteuse d’espérance pour les autres». Et d’ajouter : «mais attention, nous dit le Pape François, l’espérance n’est pas une simple consolation. Elle nous pousse à l’action. Le Pape François nous appelle à devenir des “ambassadeurs de l’espoir”. Non pas d’un optimisme naïf, mais d’un engagement lucide. Car, aujourd’hui encore, des millions de personnes, particulièrement des femmes et des enfants, sont victimes de la traite».

De l’avis de l’abbé Roger Gomis, le Saint-Père invite l’humanité à regarder en face cette réalité qui prend des formes multiples dont l’exploitation sexuelle, le mariage précoce, le mariage forcé, le travail forcé, avec ces travailleurs qui semblent privés de liberté, ces domestiques qu’on ne voit jamais sortir, ces personnes qui paraissent vivre dans la peur, mais aussi le trafic d’organes, la mendicité qui contraint des enfants comme des adultes, la prostitution. «Toute ces formes de criminalités se déroulent souvent plus près de nous que nous ne le pensons, derrière des apparences parfois respectables. Notre foi nous engage à être des sentinelles de la dignité humaine», a déclaré le prêtre.

L’ECOUTE, L’ACTION COLLECTIVE ET LA VIGILANCE POUR VENIR A BOUT DE LA TRAITE DES PERSONNES

Le message du Pape est sans ambiguïté, nous dit abbé Roger, car l’Eglise ne peut pas habituer ses fidèles à l’injustice.  «Le Pape nous trace un chemin. D’abord, l’écoute, être présents auprès des victimes, avec compassion et respect. Ensuite, l’action collective, nous unir, comme le font déjà tant de jeunes à travers le monde, pour combattre ce fléau. Enfin, la vigilance, dans nos quartiers, nos communautés, nos familles, et oser agir ensemble, avec ténacité et amour. ” C’est ce qu’a fait Bakhita toute sa vie. Devenue religieuse, celle qu’on appelait affectueusement “la Petite Mère Noire” a transformé sa souffrance en source d’espérance pour les autres» a-t-il fait comprendre.

Et de renchérir : « le Saint-Père souligne que la lutte contre la traite nécessite des réponses globales et un effort commun. Cela signifie concrètement de soutenir les associations spécialisées, former nos communautés et nos familles à reconnaître les signes de la traite, accompagner les victimes dans la durée, et travailler avec les autorités pour démanteler les réseaux criminels. L’enjeu est “d’affaiblir et de contrer les mécanismes économiques et criminels qui tirent profit de la traite et de l’exploitation. »

Pour Abbé Roger, la communauté catholique et celle du monde sont encouragées à devenir ces «flammes de lumière» dont parle François, qui, mises ensemble, peuvent «éclairer la nuit jusqu’à ce que l’aube apparaisse. “Chacun de nous, là où il est, peut et doit agir, pour devenir ambassadeur d’espérance. Et dans ce sens, l’exemple de Bakhita nous montre que l’espérance est une force de transformation. Elle qui a pardonné à ses bourreaux nous apprend que la haine n’a pas le dernier mot. “Ensemble – confiants dans l’intercession de Sainte Bakhita – nous pouvons créer les conditions pour que la traite et l’exploitation soient bannies. Que son exemple nous inspire et nous donne le courage d’agir. Car l’espérance dont elle témoigne n’est pas un rêve lointain, mais une force qui transforme le monde, un pas après l’autre, un cœur après l’autre». 

Denise ZAROUR MEDANG
SUDQUOTIDIEN

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